14.1.17

CARL SALBACH

L'obtenteur de 'Lady Mohr'

Carl Salbach n'a jamais reçu la Médaille de Dykes, même si beaucoup pensent que 'Lady Mohr' l'aurait méritée, pourtant ce ne sont pas les distinctions de tous genres qui lui ont manqué, tant dans le domaine des iris, où il a excellé, que dans celui des glaïeuls, qui furent ses premières amours. Son iris 'Radiant' a même fait la couverture du magazine « Time », mais sa plus belle récompense est sans doute la Foster Memorial Plaque qui lui a été décernée en 1948.

C'était un fils de paysans, né près de la ville de Stockton, dans la grande vallée centrale de Californie. C'était quelqu'un de strict et de sévère dans ses opinions, mais qui cachait sous ces dehors rigoureux un cœur généreux et charitable. Il aimait les gens, et les gens l'aimait.

Très tôt il s'est intéressé à l'horticulture, mais son premier métier a été celui de marchand de machines à écrire ! Cependant il n'a jamais perdu les plantes de vue et a commencé par se faire un nom dans la culture des glaïeuls et des dahlias. Cependant à partir de 1922 il s'est plus profondément impliqué dans celle des iris. Il était méticuleux et croyait en les vertus d'une hybridation programmée.C'est ainsi que désireux d'exploiter les possibilités offertes par l'arilbred 'Capitola' (Reinelt, 1940), il a effectué un grand nombre de croisements, à la recherche d'une couleur nouvelle et originale. Et ses efforts ont été récompensés, notamment par le célèbre 'Lady Mohr' (AB, 1943), une variété qui se trouve à l'origine de la plupart des iris à barbes sombres.

Parallèlement il s'était attiré la réputation d'une personne sérieuse et d'un pépiniériste sur qui on pouvait compter. Plusieurs de ses collègues hybrideurs lui ont donc confié la distribution de leur production. C'est le cas de George Brehm, Edouard Essig, Stafford Jory, Clara Rees ou Franck Reinelt. Sydney Mitchell lui-même, lorsqu'il prit la décision de cesser de commercialiser personnellement ses iris et ceux de son ami William Mohr, céda son exploitation à Carl Salbach. Pour celui-ci c'était une affaire juteuse car les variétés de Mitchell et Mohr avaient une formidable réputation et se vendaient à prix d'or (50 dollars pour une nouveauté !). Par ricochet elles servaient de locomotive pour toutes les autres variétés au catalogue.

Ce n'est qu'en 1933 qu'il mit en vente ses propres obtentions. Les trois premières se nomment 'Gold Cup', un variegata qui ne fut jamais enregistré, 'Tioga' (1931), un iris bleu indigo, 'Yellow Pearl' (1931) qu'on peut qualifier de plicata jaune. Puis vinrent de nombreux autres iris dont 'Eleanor Blue', 1933, 'Radiant' (1936), 'Lighthouse' (1936), 'Monadnock' (1937) …

C'est lui qui mit en vente l'immense 'Snow Flurry' (Rees, 1939). En compagnie de son 'Deep Velvet' (1939), il tenta de créer le système de la marque déposée (avec les droits d'utilisation qui vont avec) comme cela se pratique avec de nombreuses plantes hybrides (rosiers, glaïeuls …) Pour plusieurs raisons, notamment parce que les contrôles étaient difficiles, il renonça à son projet. C'est sans doute pourquoi la multiplication des variétés d'iris est restée libre jusqu'à nos jours.

Les affaires de Carl Salbach ne cessant pas de prospérer, mais lui-même prenant de l'âge, il fut peu à peu contraint de limiter son activité, surtout après la mort accidentelle en 1939 de son fils unique Edward qui devait lui succéder. En 1945, donc, il cessa le commerce des dahlias, et en 1950 celui des glaïeuls. Mais il continua d'hybrider les iris jusqu'en 1952. Son dernier enregistrement s'appelle 'Gold Dust'. C'est un plicata parfait, avec des pétales crémeux, plus dorés au cœur, marqués de rose violacé et des sépales également blanc crème cernés d'un plumetis violet fumé. Il faisait partie de ses trois favoris, les deux autres étant 'Lady Mohr', bien sûr, et 'Oriental Glory', (1952), bitone rouge acajou avec un spot bleu au centre des sépales.

Aujourd'hui la pépinière de Carl Salbach, au cœur de la ville de Berkeley, a été absorbée par l'extension de l'urbanisation. C'est un peu le même sort que celui de la propriété Cayeux au Petit Vitry, aux portes de Paris. Il faut maintenant s'éloigner des villes pour disposer de suffisamment de place pour maintenir une pépinière...

Iconographie : 

'Deep Velvet' 

'Lighthouse' 

'Oriental Glory' 

'Miss California' 

'Radiant'

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