18.2.17

A PROPOS DES BICOLORES INVERSÉS

Les lignes qui suivent sont de la main de Keith Keppel qui, sur Internet, publie depuis quelques temps une sorte de cours d'iridologie à l'usage des amateurs curieux d'en connaître plus sur leur fleur préférée. Quand c'est un maître de cette pointure qui s'exprime, il n'est pas besoin d'en rajouter ! 

 «  Il y a de nombreuses années, c'était quelque chose de couramment admis. Les amoenas avaient des pétales blancs et des sépales bleus ou violets, les néglectas avaient des pétales bleus et des sépales d'un bleu ou d'un violet plus sombre. Un bicolore inversé devrait donc, théoriquement, avoir les mêmes combinaisons de couleur mais la plus sombre devrait être celle des pétales. Il n'y avait pas de mot pour qualifier les bleus pâles avec des sépales plus clairs...

 Après tout, les espèces qui se trouvaient derrière ces vieux hybrides étaient essentiellement des unicolores ou des bitones ou des bicolores traditionnels. J'aime bien la théorie selon laquelle les fleurs devraient avoir les sépales plus foncés que les pétales... Dans le livre de Wilma Valette «Iris Culture and Hybridizing for Everyone (Adams Press, 1961) » il est dit : « S'agissant de pigments hydro-solubles, portés par le liquide inter-cellulaire,  les anthocyanines sont susceptibles sous l'influence de la gravité, d'avoir une plus grande concentration dans les sépales, tournés vers le bas, que dans les pétales, dressés. Il n'y aurait pas besoin d'un gène spécial pour ça, et cela expliquerait pourquoi autant de bleus ou de « blends » ont les sépales un peu plus sombres que les pétales, mais pas tout à fait assez pour en faire des bitones. » (Dites donc, serait-ce pour cela que, quand les fleurs sont en bouton, avec les sépales dressés et entourant les pétales, ils sont plus foncés???)

C'est là qu'intervient I. imbricata.

Dans les années 1930, l'hybrideur Paul Cook croisa I. imbricata, une espèce diploïde jaune verdâtre, avec un semis diploïde « pallida pink ». Un des semis qui résulta de ce croisement fut alors croisé avec un bleu tétraploïde et cela donna un semis avec les pétales un peu plus foncé que les sépales. Deux choses s'étaient produites :

- l'introduction des gènes imbricatas dans les TB tétraploïdes ;

- l'obtention d'un bleu avec les pétales nettement plus foncés, c'est à dire le début des amoenas bleus inversés.

Il est intéressant de noter que Cook avait entrepris le projet imbricata dans l'espoir que cela apporterait une aide dans l’éclaircissement des pigments bleus des TB, alors que cela a été le point de départ d'une lignée d'amoenas inversés. Un bon hybrideur fait un croisement dans un certain but : un grand hybrideur reconnaît que quelque chose d’inattendu s'est produit, prend la tangente, et développe quelque chose d'entièrement différent. Quatre générations après le croisement imbricata initial, Cook a introduit 'Wide World' (1954) et l'affaire des amoenas inversés était commencée.

 Avec le temps, la profondeur de la couleur et le degré de contraste ont augmenté. Des obtenteurs ont commencé à croiser ces amoenas inversés avec des variétés porteuses de pigments caroténoïdes (oléo-solubles, de couleurs chaudes) et les amoenas inversés ont évolué vers toutes sortes de combinaisons de « bicolores inversés ». Bien que de nombreux obtenteurs soient impliqués, c'est Georges Shoop qui réalisa les introductions les plus nombreuses (et les plus innovantes) dans ce nouveau genre : ses « dark tops » adorés. »

Keith Keppel s'exprime avec naturel et facilité. Cette introduction à l'histoire des bicolores inversés est tout à fait passionnante. Cela rappelle sa façon agréable de raconter l'histoire des iris que l'on trouve dans sa savante contribution à « The World of Irises ». On lira avec autant de plaisir les suites qu'il donnera, je l'espère, à cette intrigante aventure. 

 Iconographie : 


 'Wide World' (Cook, 1954), le premier... 


'Surf Rider' (Tucker, 1970) 


'Hawaiian Queen' (Shoop, 1986) 


'Tropical Magic' (Shoop, 1994)

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