27.4.18

SOUVENIRS DE FLORENCE

Ce titre, qui fait allusion à une composition de Tchaïkowsky, n'annonce pas un traditionnel compte rendu de voyage. A l'instar de ce qu'a fait le compositeur russe, ce sera plutôt la relation d'images, de sentiments éprouvés lors d'une semaine de printemps vécue dans une ville exceptionnelle et dans un jardin de rêve. C'était il y a dix ans, c'était hier.

L'un des meilleurs endroits pour avoir une vue d'ensemble de la ville de Florence, c'est le piazzale Michelangelo, cette esplanade où se situe l'entrée de l'oliveraie qui abrite le jardin d'iris et, par conséquent le concours annuel de renommée mondiale. Mais le piazzale en question est à lui seul une récompense. La montée est longue si elle s'effectue en voiture car elle contourne le coteau abrupt, elle est pénible si le visiteur choisit d'y aller à pied. La pente est rude : c'est un long escalier de pierre au milieu d'un espace paysager. Mais quand on débouche sur l'esplanade, l'impression de plénitude, le ravissement devant un paysage unique, récompensent de l'effort fourni. Au fond, la basilique de San Miniato est là, toute vêtue de marbre vert, tournée vers la vallée où s'étale la ville dominée par ses tours, ses clochers, son dôme. On n'éprouve pas à cet endroit la même sensation d'étouffement qui nous étreint dans les rues étroites, et au pied des énormes murailles des palais de la Renaissance. Dans la ville de Florence on palpe l'insécurité qui devait régner là au temps des Medicis et qui justifiait les nœuds de fer qui enserrent les sévères demeures et barrent toutes les fenêtres. Sur les hauteurs l'atmosphère est toute différente. C'est bien pour cela que s'y sont multipliées les villas patriciennes et les palais d'été, au milieu des jardins dont on n'aperçoit le plus souvent que le toupier des grands arbres, mais dont il faut franchir les hauts murs pour bénéficier de la fraîcheur paisible et soignée.

Le jardin où poussent les iris s'ouvre sur la droite quand on regarde vers la ville. En France on ne pourrait pas planter des iris dans un verger. A Florence on l'a fait dans une oliveraie, mais il est vrai que les oliviers ont un feuillage léger et que celui-ci protège les iris d'un soleil qui peut être excessif. A peine le passionné d'iris a-t-il pénétré dans ce parc qu'il a oublié la touffeur de la ville et la majesté austère de ses bâtiments. Ce sont les pépiements d'oiseaux et les parfums de fleurs qui accompagnent la progression le long des allées empierrées, parmi les milliers d'iris. Et quand on s'arrête sur l'un des bancs qui sont disposés ça et là, on est frappé par le faux silence qui baigne le jardin. Un silence ponctué par de lointains bruits de la ville, légère rumeur de la circulation qui s'élève vers San Miniato, sirène des ambulances et des pompiers... Bruits atténués mais qui maintiennent un lien avec la vie quotidienne d'une grande ville. Une grande ville dont, au jardin d'iris, on ne voyait que le beau côté.

Au cours des années 1980/90, la SIDI (Società Italiana dell'Iris) était l'affaire de la bonne société florentine. Un club pour dames de qualité ! Des dames qui pratiquaient une hospitalité un peu surannée, mais tellement agréable ! En France, au même moment, l'atmosphère était un peu la même, avec un peu plus de dilettantisme, peut-être, un peu moins de professionnalisme aussi. Car les florentines maitrisaient parfaitement l'organisation d'une grande compétition internationale, avec des hôtes étrangers pris en charge avec attention mais sans lourdeur, et des manifestations réglées au millimètre, selon un protocole minutieux et immuable. A l'exemple du dîner de gala, où les participants étaient accueillis au son de trompes princières, et les tables rigoureusement constituées, mêlant invités étrangers et personnalités de la haute bourgeoisie locale.

Cet aspect des choses ne troublait pas le déroulement du concours proprement dit. Tout le monde, dès le matin, s'adonnait consciencieusement à sa tâche, au milieu d'iris soignés avec un rien de négligé, très naturel, mais clairement numérotés pour faciliter le travail des juges. Et la discussion finale, sérieuse, rigoureuse même, fut par moment proche de l'emballement ! Les récompenses n'ont pas été distribuées à la légère.

Les notes attribuées mettaient en évidence la supériorité d'un petit nombre de variétés qui, dès le début, avaient toutes les chances de se disputer les premières places. Il y avait dans cette apparente suprématie non seulement les signes d'une qualité évidente, mais aussi la conséquence d'un développement en partie dû aux circonstances, mais également à une part non négligeable de chance et de hasard. Les discussions furent vives, non pas pour désigner les variétés constituant le top de la compétition, mais pour établir le classement final. Celui-ci a été arrêté ainsi pour les dix premiers :
1 - 'Morning Sunrise' (T. Johnson, 2005)
2 - 'Power Point' (T. Johnson, 2005)
3 - 'Designer's Art' (Kerr, 2004)
4 - 'Corona Star' (Grosvenor, 2000)
5 - 'City Of Gold' (P. Black, 2005)
6 - 'Celtic Glory' (Stahly, 2000)
7 - 'Florentine Silk' (Keppel, 2004)
8 - 'Must Unite' (Grosvenor, 1998)
9 - 'Lord Of The Night' (G. Sutton,2005 )
10 - 'Jealous Halo' (J. Painter, 2004)
Le commentaire qu'on peut en faire, c'est que l'on constate une hégémonie évidente des concurrents américains (6/10). Leur succès met en valeur le métier des hybrideurs US et en particulier celui de ceux qui, à l'heure actuelle, dominent l'irisdom. Leur domination n'est pas imaginaire !

Ce concours fut donc absolument traditionnel, dans son organisation, dans son déroulement, dans ses résultats. La relation qu'on peut en faire ne peut donc pas s'appuyer sur une quelconque originalité, mais pour celui qui a vécu cette semaine, les souvenirs de Florence seront toujours inoubliables.

Iconographie : 


'Morning Sunrise' 


'Power Point' 


'Designer's Art' 


'Corona Star'

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