15.6.18

'MADAME LOUIS AUREAU' un plicata qui nous veut du bien

«Ferdinand Cayeux est entré en scène quelques années après ses compatriotes (1) mais il les a rapidement distancés à la fois sur la quantité et sur la qualité des iris qu'il a obtenus. Ceux qui ont emporté la Médaille de Dykes Française (10 en 10 ans!) comprennent des variétés bien connues des amateurs et des hybrideurs partout dans le monde des iris ; et 'Pluie d'Or', 'Député Nomblot', 'Jean Cayeux' et 'Madame Louis Aureau' ont une place prépondérante dans l'évolution des iris modernes ». C'est en ces termes que les rédacteurs de « The World of Irises » parlent de 'Madame Louis Aureau' et des autres grandes variétés enregistrées par Ferdinand Cayeux dans les années 1930, au moment de la transition entre iris diploïdes et tétraploïdes.

'Madame Louis Aureau'(1934) fait partie de la grande famille des plicatas, des plicatas tétraploïdes, pour être précis, dont il est un des premiers représentants. Dans le procès-verbal de la Commission des Iris de 1934, il est décrit comme :  « Plicata aux fleurs larges et de belle forme portées par des hampes solides et branchues, divisions supérieures rose héliotrope sur fond blanc, les inférieures à fond blanc sablé et bordé de rouge vin ». Cette description laisse entendre que le fond, bien que blanc d'apparence, porte une certaine dose de pigments caroténoïdes qui donnent par effet d'optique cette teinte vineuse au parties chargées en pigments anthocyaniques (bleu ou violet). Pour une fois on dispose du pedigree de cette plante : 'Fakir X 'Ferdinand Denis'. 'Fakir date de 1933 et c'est un iris déclaré comme bleu profond, mais en fait plutôt un bitone bleu violacé avec des pétales éclairés de blanc et des sépales plus sombres, à reflets vineux et stries blanches aux épaules (c'est le côté plicata). 'Ferdinand Denis' a été enregistré en 1930 ; il est schématiquement désigné « S5M », ce qui veut dire en langage codé de l'époque « mêlé de jaune moyen », ce qui n'est pas très explicite mais qui justifie la présence de caroténoïdes chez son descendant.

Dans le chapitre de « The World of Irises » consacré aux plicatas, à propos des plicatas bruns de jim Gibson, il est écrit : « En plus de 'Sacramento', le matériel de base des premiers plicatas de Gibson comprend 'Tiffany', 'Siegfried' et 'Orloff' de Sass, 'Madame Louis Aureau' de Cayeux et, de Mitchell, 'Misty Rose', bitone descendant de 'Séduction' » un autre plicata signé Cayeux. C'est ainsi que le fameux 'Gibson Girl' (1946) vient de 'Madame Louis Aureau' et de 'Tiffany', ressemble bigrement à sa « mère » et précède toute une lignée d'excellents plicatas. Par son intermédiaire les gènes de 'Madame Louis Aureau' se trouvent dans 'Taholah' (1953), puis 'Wild Ginger' (1960) et ensuite, dans 'Kilt Lilt' (1969) et ses descendants. 'Madame 'Louis Aureau', par d'autres voies se retrouve dans d'autres plicatas bien connus comme 'Crinoline' (Schreiner, 1965), 'Decolletage' (Hager, 1968), 'English Cottage' (Zurbrigg, 1976) ou 'Needlecraft' (Zurbrigg, 1976). 'Decolletage' précède entre autres 'Jesse's Song' (Williamson, 1979), qui figure lui-même au pedigree de 'Splashacata ' (Tasco, 1997). cette dernière variété a été utilisée en abondance par son obtenteur Tasco, donnant notamment l'excellent 'Celestial Explosion' (2003). Pour l'anecdote, notons que notre 'Madame Louis Aureau', par l'intermédiaire de 'Splashacata' a légué un peu de ses gènes à 'Boucles d'Or' (Michèle Bersillon, 2009), faisant ainsi un retour au pays après plus de 80 ans de séjour aux Etats-Unis.

Pour notre héros du jour le voyage aux Etats-Unis n'a pas été un exil. Il y a engendré une longue et prolifique famille, à laquelle ont contribué à peu près tous les noms célèbres de l'hybridation. Le modèle plicata lui doit une descendance incroyablement nombreuse, et, par dessus le marché, ses aptitudes à la remontance ont aussi été exploitée, ce qui en fait un des éléments majeurs de l'iridophilie moderne.

 (1) NDLR = Philippe de Vilmorin, Ferdinand Denis et Armand Millet. 

Iconographie : 


 'Madame Louis Aureau' 


'Gibson Girl' 


'Crinoline' 


'Celestial Explosion'

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