20.7.18

HOMMAGE A BARRY BLYTH

Ce printemps 2018 fut à marquer d'une pierre noire. En effet Tempo Two, la mythique pépinière de Barry Blyth, a fermé définitivement. Le moment où il faut prendre une pareille décision arrive forcément, mais si c'est une grave question pour ceux qui y sont directement confrontés, c'est aussi un choc pour tous ceux qui connaissent la maison et l'apprécient depuis de longues années. Le nom de Tempo Two est indissociable de celui de Barry Blyth, son créateur. La pépinière a été créée en 1975, à Pearcedale dans l'Etat de Victoria, dans le sud-ouest de l'Australie, et, avec la complicité de son épouse puis, plus tard, celle de son fils Tim, il entreprit un colossal travail de recherche et d'hybridation. C'était une destinée quasi incontournable pour ce descendant de quatre générations de cultivateurs et de pionniers. Elle a duré plus de cinquante ans et elle s'achève maintenant après une contribution magistrale et essentielle à l'évolution de toutes les catégories.

Son domaine de prédilection, ce sont les iris bicolores ; son but ultime : obtenir l'amoena rose parfait. C'est un objectif que, au moment de la retraite, il estime n'avoir jamais atteint. En cours de route il a obtenu toutes sortes d'autres associations de couleurs, dont certaines ont été d'étonnantes réussites. Et les choses ont d'emblée pris une bonne tournure puisque le bicolore 'Sosténique' (1975) obtenait la Dykes Medal australienne en 1986 et triomphait partout dans le monde.

C'est le début d'une grande épopée marquée par des étapes de renommée mondiale. Elles s'appellent dans les premiers temps 'Cabaret Royale' (1976), 'Lisa Ann' (1977), 'Embassadora' (1978), 'Love Chant' (1979), 'Aztec Dance' (1980)... Et les succès se sont accumulés. Barry Blyth, dès le début des années 1980, est devenu un des hybrideurs majeurs. Ses obtentions font l'admiration de ses confrères et ses iris voyagent à travers le monde en dépit de l'inconvénient de l'interversion des saisons entre les deux hémisphères. Ses propres progrès sont évidents à celui qui suit sa production. Prenons l'exemple des amoenas jaunes, à commencer par 'Alpine Sunshine' (1975) puis 'Alpine Journey' (1983), suivis de 'Neutron Dance' (1987), 'Breezes' (1991), Aura Light' (1996), 'Irish Squire' (2001), 'Shiver of Gold' (2006), etc. Les amoenas jaunes font partie de ses meilleurs iris, mais son catalogue est riche d'une incroyable diversité de coloris. Non seulement parmi les bicolores, mais aussi, au gré des découvertes au milieu de ses milliers de semis, parmi les selfs, les plicatas, les variegatas...

 Depuis des années une amitié profonde le relie à Keith Keppel et ils ont inauguré une collaboration originale : quand l'hiver contraint l'un et l'autre à l'inactivité dans son pays, ils traversent l'océan Pacifique et se retrouvent l'un chez l'autre à l'heure de la floraison, pour une fructueuse collaboration. Depuis que ces échanges existent, la production de Barry Blyth s'est ouverte à une variété de coloris encore plus grande, notamment dans les modèles chers à Keith Keppel. Leur collaboration a donné naissance, incidemment, à une nouvelle sorte de plicatas C'est ce que Keppel décrit, avec son incroyable enthousiasme : « Le rêve de tout hybrideur est de découvrir quelque chose d’entièrement nouveau et différent. Un tel événement s’est produit dans les rangs de la pépinière de Barry Blyth, en Australie, en 2007, quand le semis R41-4 a fleuri pour la première fois. Coup de chance pourrait-on dire, mais pas totalement immérité, car de nombreuses années et beaucoup d’efforts ont contribué à ce que cette chance se produise. » 

 L'amicale collaboration entre les deux hommes a attiré sur Barry Blyth une notoriété que son relatif isolement géographique ne lui aurait pas permis d'obtenir. Les variéiés signées Blyth les plus porteuses de succès ont été présentées par Keith Keppel dans la course aux honneurs des USA et plusieurs y ont atteint un degré élevé. C'est le cas de 'Decadence' qui a reçu la Wister Medal en 2010. Mais les deux compères ont senti venir le jour où leur fraternelle collaboration devrait cesser. C'est Thomas Johnson qui a repris le flambeau et qui, ces dernières années, a accompagné Keith Keppel en Australie. S'en est suivi un travail à six mains aussi agréable pour les trois protagonistes que fructueux au plan horticole. D'ailleurs, puisqu'il en avait la place, Johnson a transféré chez lui en Oregon les semis de Barry Blyth en cours d'évaluation et il se chargera d'en faire la sélection et de les enregistrer s'ils en valent la peine. C'est une forme de transition en douceur...

Barry Blyth n'a pas été un inconditionnel des compétitions. Il a participé néanmoins au Concorso Firenze à plusieurs reprises mais, peut-être handicapées par le décalage des saisons, ses variétés n'y ont jamais triomphé. Sa meilleure place a été pour 'Cameo Wine' (1982) en 1985, mais il a aussi récolté des places d'honneur avec 'Island Gypsy' (1975) en 1978, et 'Hostess Royale' (1994) en 1997. Ses participations à FRANCIRIS n'ont pas été plus glorieuses et, à Moscou, il n'a figuré qu'en 2009 au palmarès avec 'Glamazon' (2007).

 Pour tous ceux qui, depuis 50 ans parlent de Barry Blyth avec respect et admiration, la retraite du maître et de sa famille va laisser une vaste place. Ceux qui ont fait le voyage aux antipodes et qui ont été reçus à Tempo Two ne sont pas près d'oublier la chaleureuse hospitalité rencontrée là-bas. Quant à ceux qui ont fait sa connaissance lors de sa visite en France, ils conserveront toujours le souvenir d'un personnage courtois, agréable et passionné qui, en toutes circonstances a mis en avant le plus beau côté du monde des iris.

 Iconographie : 


'Sostenique' 


'Cabaret Royale' 


'Love Chant' 


'Aura Light' 


'Island Gypsy' 

 Pour continuer cet hommage, le feuilleton des prochaines semaines sera consacré à des illustrations de nombreuses variétés signées Barry Blyth.

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