22.12.18

LE FONDATEUR

Cela fait un certain temps que l'on n'a pas vu ici le portrait d'un personnage important du monde des iris. Ce n'est pourtant pas que manquent ceux qui pourraient être portraiturés ! Le monde des iris est particulièrement riche en personnes remarquables. Allons donc aujourd'hui faire la connaissance de quelqu'un qui y tient une place prédominante, sans cependant s'être fait connaître pour ses qualités d'hybrideur. Il s'agit de John C. Wister, le premier président de l'AIS.

Aux Etats-Unis les individus exceptionnels sont innombrables et notre petit univers en est aussi riche que les autres. Souvent au cours des recherches que nécessitent les chroniques publiées ici, on rencontre des gens de haute volée, soit que ce soit des génies de l'hybridation, soit que ce soit des hommes de cœur, soit que ce soit des entrepreneurs infatigables. John C. Wister (1887/1982) fait partie essentiellement de cette dernière catégorie.

Dès son adolescence il s'est intéressé à l'horticulture et, après être sorti diplômé de l'Université d'Harward, il s'est spécialisé dans cette science et a étudié à l'Harvard School of Landscape Architecture ainsi qu'au New Jersey Agricultural College. Son métier fut donc celui d'architecte-paysagiste. C'était un homme d'une activité débordante et d'une curiosité exceptionnelle en ce qui concerne les plantes en général et leur utilisation dans le paysage en particulier. Il disait de lui « je crois que je suis seulement un compagnon ordinaire qui s'est trouvé à la bonne place au bon moment », mais c'était faire preuve d'une modestie excessive. Et si les iris ont été sa plante favorite – il s'y est intéressé dès 1918 et jusqu'à sa mort, et le nombre des variétés qu'il a cultivées doit dépasser le millier - , il a également été considéré comme une sommité en ce qui concerne les pivoines, les azalées, les chrysanthèmes, les roses, les lilas, les tulipes, les narcisses et les plantes bulbeuses en général. Cela s'est concrétisé par plusieurs ouvrages de référence en ces domaines et l'attribution des quatre plus hautes distinctions horticulturales américaines.

Son action dans l'iridophilie a abouti à faire de lui le premier Président de l'AIS dont il fut l'un des fondateurs en 1920 et qu'il dirigea pendant quatorze ans, avec patience et habileté, ne mesurant jamais sa peine et suscitant chez les autres un enthousiasme semblable au sien. Cette place ne lui fut jamais disputée et un de ses contemporains, R. S. Sturtevant a écrit à son sujet : « Il est probable que peu de ses membres réalisent que l'existence de l'AIS procède des efforts et de l'initiative d'un seul homme, John C. Wister ». Il fut également à l'initiative de la BIS (British Iris Society) qui pour cette raison fit de lui un membre d'honneur et lui attribua sa plus haute distinction, la Foster Memorial Plaque.

A côté de son infatigable dévouement à l'AIS, John Wister fit profiter de nombreux jardins d'iris de son art de paysagiste. Ce fut notamment le cas du Presby Memorial Garden. Voici ce qu'a écrit en 1968 à ce sujet la directrice du jardin, Barbara Walther : « Il a passé un temps infini à aménager le terrain, nous a montré comment planter et soigner les iris, et minutieusement organisé l'entière section historique dont il a été le donateur de presque toutes les plantes, ce qui en fait une des merveille du monde actuel des iris. »

Il avait un certain attachement envers notre pays, qui datait de sa participation au corps expéditionnaire américain engagé dans la guerre en 1916. A Bee Warburton, qui lui faisait un rapport sur le congrès d'Orléans de 1978, il a répondu : « Votre description du jardin de La Source à Orléans m'a fait revenir quelque chose en mémoire : Gertrude et moi avons été accueillis là-bas en 1965 par Marcel Turbat, le fils d'Eugène Turbat dont j'avais fait la connaissance en 1918, quand j'étais encore à l'Armée. J'ai possédé beaucoup d'arbres rares, d'arbustes et de plantes herbacées qui venaient de l'ancienne pépinière Gouchaut et Turbat, avant la guerre et avant l'époque de la quarantaine des plantes, de sorte que mes premières feuilles provinrent de là ; et nous avons entendu les cloches de la cathédrale sonner pour annoncer l'Armistice. Ce fut vraiment le plus grand frisson de toute ma vie. »

C'est pour toutes ces raisons que lorsqu'il fut question de trouver un dédicataire de la plus haute distinction attribuée à un grand iris de jardin (TB) l'honneur lui revint spontanément. Et cette Wister Medal, créée en 1998 seulement, a tout de suite été triplée, de sorte que chaque année ce n'est pas une mais trois Wister Medals qui sont attribuées. Parce que le nombre croissant de grands iris en compétition justifiait cette multiplication des récompenses. Grâce à cette triple médaille, le souvenir de John C. Wister se perpétuera au fil des années. Et ce n'est que justice.

Iconographie : 

'Hello Darkness' – premier récipiendaire de la Wister Medal ; 


'Notta Lemon' 


'Bottle Rocket' 


'Strawberry Shake' derniers a avoir reçu la médaille.

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