6.3.20

DANS LES COLLINES D'OCCITANIE

Dans les collines d'Occitanie se trouve l'une des plus belles collections d'iris de France et peut-être d'Europe. Elle porte le nom de « Les Iris de Laymont », et c'est celle de l'actuel Président de la SFIB. Avec une humilité qui l'honore, Roland Dejoux n'avait jusqu'à présent enregistré aucune variété de son crû. Il s'était contenté d'inscrire dans les registres de l'AIS cinq variétés obtenues par son ami René Dauphin, après la disparition de celui-ci. Mais en 2019 il s'est rattrapé ! Pas moins de 14 nouveautés. Dans la vie de cet iridophile au grand cœur, il y a eu un événement qui a tout changé : son amitié avec Barry Blyth, le fameux obtenteur australien. Auprès de ce personnage essentiel du microcosme irisarien, auquel il a rendu visite par deux fois, il a appris des tas de choses concernant les iris, leur hybridation et leur sélection. Il ne pouvait pas être à meilleure école. Au cours de ces deux voyages en Australie, il a réalisé un grand nombre de croisements parmi les variétés enregistrées et les semis de Barry Blyth. Il a reçu les graines issues de ces croisements, les a semées dans sa terre gersoise et aujourd'hui il dispose d'un énorme potentiel de plantes aptes à engendrer des variétés superbes, ce qui commence à apparaître et lui permettra dès l'an prochain de proposer des iris remarquables.

 Car ses iris ne sont pas seulement jolis, ce sont des plantes généreuses, avec beaucoup de fleurs, parce qu'un des points sur lesquels Roland Dejoux est intraitable, c'est la qualité du branchement et le nombre des boutons floraux. Les plantes un peu trop pauvres en fleurs sont donc éliminées. C'est avec une rigueur comme celle-là que la qualité générale des iris s'améliore d'année en année, comme on peut le constater partout dans le monde des iris. Dans le passé le déchet dans un semis était considérable, tant pour ce qui est de la tenue de la fleur que pour le nombre et l'implantation des branches ou la quantité de boutons floraux. Il fut un temps où l'on considérait comme convenable une plante avec six ou sept boutons, aujourd'hui on en exige au moins neuf et les plantes portant une douzaine de boutons ne sont plus rares. Celle de Roland Dejoux sont de ce calibre. L'amélioration générale se manifeste également par le nombre de frères de semis dignes d'être sélectionnés et mis au commerce. Keith Keppel disait il y a quelques semaines qu'il lui est de plus en plus difficile de faire un choix parmi les variétés en observation tant il y a de plantes de grande valeur. Cela pose d'ailleurs un autre problème. Le nombre de nouveautés mises en vente chaque année ne cesse de croître et, comme je l'ai déjà écrit dans d'autres chroniques, cela disperse l'attention et complique sérieusement la tâche des juges, dans la course aux honneurs américaine comme dans les concours internationaux européens. Ce fut le cas cette année pour Roland Dejoux puisqu'il a enregistré quatorze variétés, ce qui fait beaucoup !

 Une des originalités des Iris de Laymont, c'est l'idée des « Iris-Box ». L'obtenteur a sélectionné un certain nombre de variétés qu'il juge dignes d'avoir un avenir et il propose au public, moyennant une somme qui revient à la SFIB, d'en devenir l'attributaire, d'en choisir le nom, et d'en obtenir un certain nombre de rhizomes. C'est ainsi que parmi les 14 nouveautés de cette année il y en a plusieurs qui proviennent de ce système. C'est astucieux, généreux puisque l'argent va à l'association, et cela devrait prendre de l'extension dans l'avenir.

Mais voyons un peu ce que sont ces iris aux origines plus américaines qu'australiennes.

Il y a une majorité d'amoenas. A commencer par le sage 'Boivin', en blanc glacier et bleu glycine, puis vient 'Princesse Emma', pour ceux qui aiment les tons pastel, avec des pétales blanc pur et des sépales très ondulés mauve pâle ; 'Paul Henri' donne également dans les teintes tendres, des pétales blanc crémeux, des sépales devenant rose indien vers les bords avec des marbrures violacées : presque un « broken color » ; 'Romain Eliot' offre un contraste plus prononcé car les pétales blanc bleuté surmontent des sépales pourpre aubergine ; 'Daniel Collin' a des pétales blancs et des sépales jaune vif devenant orange brûlé plus on va vers les bords ; quant à 'Minou et Minette' c'est un amoena inversé dont les pétales, violet grisé, s'éclaircissent vers la pointe, tandis que les sépales blanc grisé, s'ornent d'une vive barbe jaune orangé entourée de jaune moutarde. On trouve ensuite un variegata fortement contrasté, 'Garrigues Basses', qui tient beaucoup de ses ascendants 'Reckless Abandon' (Keppel, 2009) et 'Treasure Trader' (Blyth, 2008).'Miltiade' qui partage avec le précédent une partie de ses gènes, se présente en rose et violet ; fait-il allusion au vainqueur de Marathon ? 'Noces de Diamant' ainsi nommé en référence aux 60 ans de la SFIB, est un luminata grenat marqué par ses origines ouest-américaines. Les autres sont des unicolores bien classiques : deux blancs, 'Alban Eliot' et 'Henri Eliot' ; deux roses, 'Isabelle Petit', aux sépales presque blancs, et 'Notre Sicilienne', tirant sur le beige avec des barbes rouge minium ; enfin un flamboyant jaune 'Soleil de Laymont', proche de sa « mère » 'Sunblaze' (Keppel, 2003), en plus ondulé, une merveille.

Dans ce panel le travail avec Barry Blyth n'est pas encore franchement apparent : ce sera pour les années à venir ! Mais dès maintenant on peut dire que Roland Dejoux a frappé fort et qu'il prend d'emblée sa place parmi les obtenteurs français.

 Illustrations :


 'Alban Eliot' ('Love Match' x 'Friendly Advice') X (((('Ostentatious' x ('Burst' x 'Epicenter')) x (('Burst' x 'Epicenter') x 'Zestful Miss')) x frère de semis de 'Heart Of Dreams' ) x 'Magical'). 


 'Boivin' ('Parisian Dawn' x 'Undercurrent') X 'Edge Of Heaven'. 


'Daniel Collin' ('Ghost Writer' x (('Puff The Magic' x (('Enjoy The Party' x 'Kathleen Kay Nelson') x 'Calling')) x frère de semis de 'Poster Girl')) X (('Buccaneer's Prize' x frère de semis de 'Megarich') x inconnu). 

'Soleil de Laymont' 'Sunblaze' X 'Pretty Bubbles'.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, l'idée de permettre à des gens de baptiser un iris pour (se) l'offrir moyennant une participation financière versée à l'association est née et a été décidée dans le cadre de la SFIB ; cela ne concerne pas les seules obtentions de Roland Dejoux. Le but étant de mettre en œuvre un moyen de ressource supplémentaire pour l'association. L’appellation "Iris-Box" a été proposé par un membre de la SFIB (qui a réalisé les différentes déclinaisons "graphiques" mises en ligne pour Noël, la St Valentin).
Bon week-end à toutes et tous.

Dejoux Roland a dit…

Comme indiqué dans le commentaire précédent le principe de l'Iris Box' a été décidée en Assemblée générale de la SFIB en 2018 et la conception réalisée par un de nos adhérents. Pour lancer l'opération nous avons utilisé mes semis mais dans les prochaines Iris Box d'autres hybrides français seront impliqués. À ce jour 9 iris sont déjà enregistrés et 6 sont réservés.