21.5.21

WALTER MOORES

WALTER MOORES

Le bibliothécaire du Mississippi 

La renommée internationale d'un hybrideur ne tient pas à la quantité de variétés obtenues, mais plutôt à la qualité de celles-ci, et peut-être un peu à la chance. Ce sont certainement ces deux dernières raisons qui ont fait que Walter Moores ait connu en France une certaine célébrité. Il a commencé à se faire connaître quand Iris en Provence, toujours à l'affût de nouveautés intéressantes, a mis à son catalogue plusieurs de ses variétés remontantes. En effet, au début de sa carrière d'hybrideur, il a enregistré de nombreux grands iris sélectionnés pour leur aptitude à refleurir après la floraison traditionnelle du mois de mai. À l'époque, c’est-à-dire au tournant des années 1970/1980, ils n'étaient pas nombreux les obtenteurs qui avaient fait de la remontrance leur cheval de bataille. Walter Moores était de ceux-ci, en compagnie de Lloyd Zurbrigg, Monty Byers et Ben Hager. C'est ainsi que cet hybrideur semi-professionnel a acquis sa réputation en France. 

Originaire du Texas, il est venu s'installer dans le nord du Mississippi, un peu au sud de Memphis (Tennessee), à la limite sud de la zone climatique où l'on peut cultiver les grands iris avec succès. Il disait qu'il appréciait le défi supplémentaire engendré par cette situation, et il est vrai que ses semis ont quelquefois souffert d'une température excessive et surtout de l'absence de gel hivernal. Comme beaucoup de gens il avait fait connaissance avec les iris sous la forme de ceux que son père et sa grand-mère avaient dans leur jardin, mais il fut véritablement accroché lors d'une visite à une exposition dans sa ville natale de Fort Worth en 1966. Il a raconté lui-même : « J'ai rejoint sur le champ la Fort Worth Iris Society et je n'ai jamais bougé de mon amour pour le genre iris. » Il a commencé aussitôt l'hybridation et ses premiers enregistrements datent de 1976 et ont été tout de suite des succès commerciaux. C'est le cas de 'Pepper Blend' (1976) et de 'Dante's Inferno' (1978). Ce dernier fait partie des variétés présentées au catalogue Iris en Provence, avec quelques autres comme 'White Reprise' (1984) ou 'Pink Reprise' (1991). Mais on peut en citer quelques autres tout aussi intéressants : le brun et lumineux 'Burnt Offering' (1976), le variegata-plicata 'Off Broadway' (1991), les violets 'Violet Reprise' (1993),' Scorpio Star' (1994), ou 'Libra Star' (1998), ces derniers enrichis d'un spot blanc sous les barbes. Comme on peut le constater sa recherche sur les remontants ne s'est jamais arrêtée. Mais il s'est aussi attaché à toutes sortes d'autres variétés, ce qui nous vaut 'Purgatory' (1987), descendant de 'Dante's Inferno', 'Ascii Art' (1995), dont il a été question ici il y a quelques mois, 'Violet Shimmer' (1995), plicata issu de 'Purple Pepper' (Nearpass, 1986), 'Lemonade Springs' (2003), joli jaune façon 'Joyce Terry', 'Night Train to Memphis' (2008), sombre descendant de 'Hello Darkness' (Schreiner, 1999) ou son tout dernier, 'Yalobusha Desert' (2010), rose saumoné infus de mauve. Et, comme l'écrit Renée Frazer en 2012 pour le blog « World of Irises », les derniers temps, il s'est focalisé sur les iris dit « zonals », avec différentes couleurs d'arrière-plan. Rappelons que le terme de « zonals » désigne un type de fleur, intermédiaire entre le type « glaciata », chez qui les pigments anthocyaniques sont totalement inhibés et le type « luminata », où cette inhibition est limitée à la zone située dans la partie supérieure des sépales. Cette nouvelle dénomination convient à des variétés comme le célèbre 'Clarence' ( Zurbrigg, 1991), c’est-à-dire des iris présentant sous les barbes une vaste plage blanche qui confère à la fleur une clarté très agréable. C'est le cas pour 'Opal Essence' (2011). 

Cependant, les grands iris n'ont pas été les seuls à retenir sa curiosité. Dans ses opus on trouve également des arilbreds et des intermédiaires, ainsi que quelques « species », c’est-à-dire des iris issus d'autres espèces botaniques que celles que se trouvent en mélange dans les catégories horticoles habituelles. 

Walter Moores est décédé le 2 novembre dernier. Il fait partie de ces hybrideurs qui ont la main heureuse et qui ne sont pas près d'être oubliés des amateurs. 


 Illustrations : 



'Dante's Inferno' 



'White Reprise' 



'Burnt Offering' 



'Night Train to Memphis'


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