17.7.22

LA FLEUR ET LA FEUILLE

Dans les concours d'iris ce n'est pas la fleur qui est l'élément primordial mais la feuille ou plus exactement la plante. En effet ces concours n'ont pas pour seul but de couronner la plus belle fleur, mais de faire progresser l'horticulture des iris. Et le progrès ne viendra pas d'une fleur admirable, mais d'une plante saine, solide, florifère, élégante, bref bien sous tous rapports. Pour être une bonne plante de jardin, il faut que l'iris ait un beau feuillage, ni trop maigre ni trop volumineux, avec des feuilles saines, de couleur agréable, résistantes aux maladies, ni trop hautes ni trop basses, qui mettent en valeur la hampe florale. Trop abondant, le feuillage fera que les fleurs vont paraître insignifiantes, elle pourront même être en partie dissimulées par leurs encombrantes voisines ; trop grêle il semblera maladif, rachitique et triste ; le visiteur se détournera, son regard étant attiré par un voisinage plus avenant. Cet aspect médiocre pourrait aussi faire penser à quelque faiblesse qui ferait de la plante, quelles que soient les qualités de sa fleur, le vecteur de quelque maladie... Il faut que l'iris soit attrayant à tous points de vue, en pensant à l'effet qu'il va faire au jardin et à à l'intérêt qu'il pourra avoir sur la qualité de ses éventuels descendants : l'eugénisme a toute sa place en horticulture ! Les qualités du feuillage traduisent les dispositions de la plante à faire progresser le monde des iris en général. 
 Un iris de concours se doit donc d'avoir un feuillage engageant, garant de ses autres qualités. Mais les juges qui vont l'examiner vont surveiller d'autres éléments : la hampe florale et ses ramifications.Pour supporter des fleurs nombreuses, plutôt volumineuses et disposées dans sa partie haute, il faut des tiges particulièrement solides et résistantes au vent et à la pluie. D'autant que ces tiges vont s'élever au-dessus du feuillage, lequel joue, entre autres, un rôle protecteur. Un des dangers que courre un iris en fleur est de ne pas pouvoir tenir ses hampes florales bien verticales quelles que soient les circonstances atmosphériques. Ces hampes – qui mesurent tout de même près d'un mètre de haut – doivent donc être robustes, abondamment racinées et bien équilibrées. Elles doivent aussi afficher d'autres caractéristiques : 
- Une forme en candélabre ; beaucoup de débutants pensent qu'une tige bien droite est un atout. C'est une erreur. Car il faut que les fleurs qui se situent en-dessous de celles placées tout au sommet de la tige puissent s'épanouir aisément. Si la tige est absolument droite elles sont coincées contre la hampe et ne pourront prendre tout leur développement qu'en s'inclinant vers l'extérieur, ce qui n'est pas esthétique. C'est la tige qui doit s'incliner pour laisser à la fleur tout l'espace dont elle a besoin. Par ailleurs les fleurs doivent s'étaler le long de la tige principale et ne pas se trouver rassemblées tout en haut car une telle disposition a plusieurs défauts : elle réunit tout le poids de la floraison au même endroit, ce qui aggrave le risque de verse de la hampe, ainsi surchargée ; les fleurs ainsi rassemblées ne disposeront pas d'assez d'espace pour s'épanouir librement, ce qui nuira à l'élégance de la floraison. 
- Pour la longévité de la floraison, des hampes latérales doivent se développer et porter des fleurs ; quand c'est le cas on dit que la plante est bien branchue, ce qui lui assure une bonne note. On considère aujourd'hui qu'un bon iris doit disposer d'au moins trois hampes annexes, partant dès le niveau du sol pour la première. 

 Reste la question de la fleur. Dans un concours celle-ci a une place ambiguë. C'est indéniablement un élément majeur quel que soit le point de vue auquel on se place, mais elle n'est pas appréciée de la même façon par tous ceux qui vont la regarder. Le public va être sensible au côté spectaculaire (ce qui fait le succès des couleurs vives et des associations flamboyantes) mais aussi aux coloris tendres, comme le rose ou le bleu ciel. Il va apprécier les fleurs bouillonnées et celles qui sont nombreuses à être écloses en même temps. Cela ce remarque dans les résultats du votes des visiteurs de l'exposition. Le jury va s'intéresser à l'originalité du coloris ou de l'association des couleurs ; il va prendre en considération la taille des fleurs, les proportions qu'elles respectent par rapport à la hauteur de la plante. Il va vérifier plusieurs aspects qui n'intéressent pas, ou peu, les simples spectateurs, comme la consistance du tissu floral, la tenue des pétales (ils ne doivent ni s'écarter exagérément, ni s'effondrer trop rapidement), la résistance aux intempéries, la durée de vie avant la fanaison, la résistance des couleurs à la pluie ou au grand soleil... Il va s'assurer que les fleurs s'épanouissent aisément (les fleurs bouillonnées ont parfois du mal à déployer leurs pétales...) et régulièrement, que, lorsqu'elles se fanent, elles ne s'écroulent pas sur leurs voisines... Il ne manquera pas de humer le parfum et d'en mesurer l'agrément et l'intensité. Tout cela dans l'optique de ne couronner qu'un iris qui donnera satisfaction en tous points à celui qui en fera l'acquisition. 

 Au moment du palmarès il y a parfois une certaine incompréhension du public qui est avant tout sensible à ce qu'il voit à l'instant où il est présent au jardin de présentation. Mais dans la durée, l'avis des juges sera primordial. Il est très recherché des obtenteurs, même s'ils peuvent parfois être un peu dépités si leurs candidats ne sont pas classés comme ils l'auraient désiré. E n revanche si leur variété remporte le concours ou, à tout le moins, décroche une place d'honneur, ils en tireront très certainement un profit : profit en terme de notoriété tout d'abord, profit commercial, par ailleurs, parce qu'en fin de compte les amateurs feront confiance aux choix des juges.

Bouton floral d'iris tétraploïde                                                                    cl. Kat. Zalewska                                                                  

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