16.4.02

CLAIR DE LUNE A MAUBEUGE

Je ne sais pas si un obtenteur français aurait l’idée de baptiser ainsi une de ses variétés, mais un Américain n’y verrait aucun inconvénient. D’ailleurs MAUI MOONLIGHT (Aitken 87), un petit IB jaune, n’est guère nommé autrement, à ceci près que Maui (l’une des îles Hawaï) est plus évocateur de douce chaleur que notre Maubeuge !

D’une façon générale les obtenteurs américains ne choisissent pas forcément des noms poétiques ou portant à rêver. Un grand nombre de variétés ont été baptisées d’un nom qui, traduit en français, dénote une inspiration bien prosaïque. En voici quelques exemples : ALMOST RICH (Niswonger 94), HILLTOP VIEW (Gaulter 90), SPANISH TILE (Gaulter 88) PUMPKIN CHEESECAKE (Niswonger 95), FADED DENIMS (Ernst 84), TOMORROW MAY RAIN (Ernst 95)… On pourrait en trouver bien d’autres, mais c’est aussi une question d’appréciation personnelle.

Ajoutez à ces expressions terre à terre les jeux de mots vaseux (NO BIKINI ATOLL) et les allitérations approximatives (CAFE OLE), et vous aurez une idée de la haute portée de certaines dénominations !

Pourtant les Anglo-saxons disposent d’une langue qui permet d’exprimer en peu de mot des idées complexes, des messages savoureux. CROWD PLEASER (Hamner 83), STATUS SEEKER (Gartman 90), MILLENIUM SUNRISE (Schreiner 2000) illustrent la première catégorie, MISTY TWILIGHT (Byers 88), OVERJOYED (Gatty 94) sont représentatifs de la seconde. En français on est bien désavantagé de ce côté là. Notre langue ne peut pas être aussi concise, et l’usage de prépositions constitue un handicap pour faire court. En effet l’AIS maintient toujours une règle draconienne : maximum trois mots, dix syllabes, trente lettres. Pourtant, depuis 1995, l’ « International Code of Nomenclature for Cultivated Plants (ICNCP) » ne fait plus état de la limitation à trois mots. Cependant il semble que maintenant le gardien du temple, Keith Keppel, accepte des entorses à la règle. Cayeux a choisi de baptiser une variété récente PRINCESSE CAROLINE DE MONACO (97) et ce nom a été accepté comme tel, de même, en 98, j’ai repéré un iris de Californie dénommé RAINER VON DER SCHULENBURG.

Mais maintenant que l’explosion de l’iridophilie dans les anciens Etats de bloc soviétique a fait apparaître des noms en russe, tchèque, slovaque, polonais, on ne peut sans doute plus se montrer trop rigoureux. D’ailleurs le nombre de langues utilisées pour nommer des variétés s’élargit d’années en années ; après l’espéranto (JUNA SOMERO – Golob 97), le breton a fait son entrée avec les variétés enregistrées par Gérard Madoré en 2001. Et l’on a recours de temps en temps à l’argot (BARBOUZE – Ransom 2000) et même le verlan (ZARBI – Ransom 2001) !

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