20.4.03

COMME UN CHARME

Les intermédiaires sont aux iris ce que les mulets sont aux équidés. Le produit stérile (le plus souvent) d’un grand et d’un petit. Mais là s’arrête la comparaison, car si les mulets n’ont ni l ‘élégance des chevaux, ni l’air bonhomme des ânes, les iris intermédiaires sont de très jolies plantes, bien proportionnées et florifères.

Je prendrai aujourd’hui deux exemples de cette réussite.

Commençons par LIKE A CHARM (Byers 88). C’est en quelque sorte un amoena inversé. Il est décrit comme : « Pétales jaune citron, sépales blancs, jaune brillant aux épaules et autour de la barbe ; barbe bleue pointée jaune, éperons bleu-violet ; légèrement ondulé, parfum doux et prononcé. » Une fleur originale, donc, qui éclaire le jardin, du haut de ses 55 centimètres. Son parent femelle est le petit SDB THRICE BLESSED (Weiler 81) qui est jaune à barbe blanche, son parent mâle est un grand iris, non dénommé, mais qui est issu du croisement de deux variétés célèbres : ACTRESS (Keppel 76) et SKY HOOKS (Osborne 80). On ne les présente plus ni l’un ni l’autre, ACTRESS en bleu à barbe rouge, et SKY HOOKS, l’iris à éperons le plus fameux, à l’origine d’une masse de cultivars de cet aspect. LIKE A CHARM tient de lui ses éperons bleus. Il tient de sa « mère », et de l’une de ses « grand’mères », BABY SNOWFLAKE (Peterson 62) ses couleurs et sa taille. A noter que ce BABY SNOWFLAKE descend du grand bleu BLUE SAPPHIRE (Schreiner 53, DM 58), uni pour la circonstance à un iris pumila. Le bleu est bien représenté dans les gènes de LIKE A CHARM, grâce à ACTRESS, qui descend du bel iris indigo LOVELY LETTY (Hall 60), associé à l’incontournable RIPPLING WATERS (Fay 61, DM 66), et de BABBLING BROOK (Keppel 69, DM 72), lui-même provenant de CAHOKIA (Faught 46), l’ancêtre de la plupart des bleus. L’arbre généalogique de SKY HOOKS est assez compliqué, mais il faut savoir qu’on y découvre deux autres incontournables, MARY RANDALL (Fay 50, DM 54) et FLEETA (Fay 56).

L’autre iris intermédiaire dont je veux parler se nomme HELEN PROCTOR (Briscoe 77). Celui-ci présente l’originalité d’être un iris « noir », couleur fort rare parmi les intermédiaires. Autre originalité, il est issu du croisement d’un intermédiaire fertile, LOU BROCK (Briscoe 74) et de SABLE ROBE (Cook 66), l’une des toutes dernières hybridations de Paul Cook, sombre, comme son nom le laisse présager. Cet iris descend comme de bien entendu, via DEEP BLACK (Cook 53), de BLACK FOREST (Schreiner 45) ! Quant à la « mère » d’HELEN PROCTOR, c’est un petit iris violet foncé. Par les mâles il provient de BLACK BABY (Sass 55), un SDB dont les particularités sont d’une part d’être bien noir, d’autre part de trouver son origine non pas parmi les iris pumilas, mais parmi les chamaeiris, autre espèce naine. Côté femelle, LOU BROCK a pour parent DARK STRANGER (Branch 57), iris pourpre foncé, lequel est un des enfants de BLACK FOREST ! Décidément, on n’en sort pas. Quand on dit noir, on dit presque obligatoirement BLACK FOREST, que ce soit chez les grands iris, comme chez les iris intermédiaires.

Les deux variétés d’aujourd’hui, fort différentes, présentent deux aspects de la panoplie passionnante des iris intermédiaires qui, au jardin, non seulement ouvrent de bonne heure la saison, mais aussi rendent d’éminents services là où la place tend à manquer.

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