CHINESE NEW YEAR
Nous entrons dans l’année du singe. Comme, de plus en plus, nous célébrons le nouvel an chinois, les amateurs d’iris peuvent s’inscrire dans le mouvement en évoquant la variété CHINESE NEW YEAR enregistrée par Joë Ghio en 96 et mise sur le marché en 97. La description qui en est donnée est simple et sobre : « Pétales chamois ; sépales mêlés de rose, fuchsia, vin et ocre brun ; barbes rouges. » Est-elle exacte ? Pour ma part je vois les pétales beige rosé, veinés de plus sombre, les sépales d’un pourpre profond à peine éclairci sous les barbes qui sont plus minium que rouge et qui s’abritent sous des styles rose doré. La fleur, légèrement dentelée, est amplement animée de gracieuses ondulations. Les sépales sont exceptionnellement larges à la base, ce qui donne à l’ensemble une tenue parfaite. CHINESE NEW YEAR est un bicolore superbe et majestueux.
Remonter aux origines de cette fleur n’est pas une mince affaire, enfin du côté paternel essentiellement car du côté maternel les choses sont beaucoup plus simples.
La maman s’appelle JUNGLE PRINCESS (Aitken 89) et CHINESE NEW YEAR ressemble beaucoup à sa maman. Mais s’en est une manifeste amélioration : les pétales de JUNGLE PRINCESS sont plus clairs, les sépales plus ternes ; la barbe est bronze. L’ensemble de la fleur manque un peu de souplesse. A mon avis ce n’est pas une grande réussite, d’autant moins qu’elle descend directement d’un chef d’œuvre, l’inoubliable MYSTIQUE (Ghio 75 – DM 80). JUNGLE PRINCESS a pour parent femelle le beau rouge bourgogne SPARTAN (Schreiner 73) qui descend d’une lignée d’iris brun-rouge. Quant à MYSTIQUE, son « père », c’est un cocktail de blancs, bleus et noirs, typique de la fameuse cuisine dans laquelle se complait Joë Ghio.
Le papa, c’est BATTLE ROYAL (Ghio 94), un iris grenat-cerise sur fond d’abricot, plus clair sous les barbes dorées. Cette variété a le pedigree le plus compliqué qu’on puisse concevoir : pas moins de six parenthèses figurent dans l’énumération qui en est donnée par Joë Ghio, ce qui veut dire qu’aux moins six générations ont été nécessaires pour arriver à ce résultat et que l’on y trouve à peu près tous les ingrédients dont l’obtenteur se sert pour son travail au moins aussi complexe que celui d’un grand parfumeur. Vingt et un noms différents y apparaissent jusqu’à trois fois dans un enchevêtrement de croisements où l’on rencontre du brun (MALAYSIA), du « rouge » (LADY FRIEND), du rose (ENTOURAGE), du jaune (PEACE OFFERING, PRALINE) ou de l’orangé (HOMECOMING QUEEN, BALLET IN ORANGE)…
En fait CHINESE NEW YEAR ajoute les teintes maternelles à l’éclat rutilant du coloris paternel. C’est la recette pour obtenir une amélioration d’ un modèle qui recèle des potentialités pas encore toutes mises en œuvre. A ce jeu, Joë Ghio est imbattable. Ses succès, depuis quarante ans qu’il progresse, sont au moins aussi nombreux que les années écoulées à marier et remarier des variétés dont il tire à chaque fois le maximum.
A partir de CHINESE NEW YEAR, il a continué son travail de perfectionnement. C’est ainsi que le croisement CHINESE NEW YEAR x ROMANTIC EVENING a donné deux « siblings » qui développent, chacun dans son genre les qualités de leur « mère ». IDOL (Ghio 98) allie des pétales abricot, des sépales grenat et des barbes rouge minium proéminentes. OCELOT (Ghio 98) insiste sur le côté bicolore et accentue les teintes maternelles : les pétales sont pêche clair et les sépales acajou sombre ; les barbes, mandarine, tranchent vigoureusement sur la teinte foncée des sépales. C’est un pas de plus vers le blanc et noir qui est un des buts actuels recherchés par Joë Ghio, un but qui a été pratiquement atteint avec STARRING (Ghio 99), qui se trouve être aussi un enfant de ROMANTIC EVENING, ce superbe bleu-noir à barbes rouges.
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