3.6.05

EN REVENANT DE JOUY

ACTE I
L’aventure Franciris a commencé en 1997. Cette année là, l’assemblée générale de la SFIB s’est tenue à Orléans, et à cette occasion j’ai fait la proposition, pour marquer le tournant du siècle, d’organiser en 2000 une rétrospective des iris français depuis 1900. J’ai suggéré de donner à cette manifestation le nom de Franciris 2000. L’équipe dirigeante a approuvé ce projet et s’est investie dans son organisation. Deux événements sont venus pour lui donner corps : d’abord la présence dans le bureau de l’association de Gérard Brière, directeur d’un CAT près de Rennes disposant d’un vaste domaine, où les iris pouvaient prendre place, ensuite le fait qu’il faille récupérer les iris de la collection historique Simonnet, qui devait quitter son emplacement dans la région parisienne. Mais cette collection ne comprenait pas que des variétés françaises, et, d’autre part, il s’est avéré qu’un programme axé uniquement sur celles-ci s’avérait un peu étroit. Franciris a donc pris un caractère plus général et s’est doublé d’une compétition à laquelle participeraient les variétés modernes obtenues en France.

Les iris Simonnet ont quitté Chêvreloup pour Bréal sous Montfort et la compétition Franciris 2000 a été lancée. Elle a abouti, cette année là, à un concours plutôt modeste dans lequel SAMSARA (Ransom 96) a triomphé devant MER DU SUD (Cayeux 97) et DAMOISELLE (Ransom 97). La rudesse des conditions de culture, dans un terrain difficile et fortement exposé au vent, a privilégié des variétés robustes. La fête fut belle et les visiteurs nombreux qui ont pu admirer non seulement des iris très récents, mais aussi des variétés plus anciennes et de nombreuses variétés historiques. En complément, les variétés primées à Florence et les vainqueurs de la Médaille de Dykes formaient une double bordure, encore un peu jeune, mais pleine de promesses.

ACTE II
Franciris allait-il s’arrêter là ? On a pu le craindre, tant les difficultés rencontrées au moment de décider de sa pérennisation ont été nombreuses. Ce qui devait être Franciris 2003 a cédé la place à une autre compétition, bâtie sur le même modèle, tandis qu’une autre équipe se lançait dans un projet beaucoup plus ambitieux. La compétition de 2003 s’est appelé Iriade. Elle s’est tenue comme la précédente aux Jardins de Brocéliande, à Bréal sous Montfort, près de Rennes. Elle avait pour but de désigner les meilleurs iris hybridés en France dans les années 90. Plus de cinquante variétés étaient en compétition, mais les circonstances, essentiellement météorologiques, n’ont pas permis au jury de les apprécier toutes. Certaines avaient terminé leur floraison, d’autres, trop nombreuses, n’étaient pas encore en fleurs, d’autres enfin avaient souffert excessivement des gelées tardives. Bref il n’en restait que dix-neuf en état de concourir. Malgré tout, ce sont des iris de qualité qui sont parvenus aux premières places :
Iriade d’Or = BELLE DE NUIT (R. Cayeux 99)
Iriade d’Argent = semis Laporte 95-54 A, devenu depuis IRIADE (Laporte 2004)
Iriade de Bronze = MER DU SUD (R. Cayeux 97) déjà parvenu à la deuxième place trois ans plus tôt.

La qualité des plantes n’était pas en cause mais le petit nombre des participants à prévoir pour l’avenir laissait à penser que cette compétition allait aboutir à une résurrection de la Médaille de Dykes française qui, dans les années 30, consacrait chaque année une variété obtenue par Ferdinand Cayeux. Sans réelle concurrence.

ACTE III
Pendant ce temps se mettait en place un événement d’une autre ampleur : Franciris 2005. Ce n’était pas facile de trouver un endroit apte à recevoir un concours d’iris de taille internationale. La SFIB a eu la chance de pouvoir faire affaire avec TECOMAH, école de l’environnement et du cadre de vie, installée à Jouy en Josas, dans un immense et superbe domaine qu’elle partage avec HEC, à cheval sur la vallée de la Bièvre et celle de son affluent le ru de St Marc. Le cadre était idéal, les conditions matérielles parfaites et la collaboration avec l’équipe dirigeante de l’école sans nuages. Il fallait espérer que les obtenteurs du monde entier allaient répondre présents et envoyer de nombreux cultivars pour prendre part au concours. Ce fut le cas puisque 121 variétés ont été plantées à l’automne 2002, en provenance des Etats-Unis, d’Australie et de cinq ou six pays d’Europe. Cela a même surpris tout le monde, de sorte que l’espace désigné pour recevoir les concurrents, à proximité des serres et le long du ruisseau, s’est révélé un peu étroit, et la plantation a été réalisée serrée, ce qui a sans doute limité le développement des iris en troisième année. Quoi qu’il en soit la réussite était assurée pour peu que les conditions météorologiques soient favorables, car la compétence des enseignants et l’enthousiasme des élèves pour le projet garantissaient des conditions de culture optimales.

Et la réussite a été complète. Les iris ont été très beaux (malgré un début de saison peu encourageant et la proximité de l’eau qui a sans doute un peu nui aux variétés placées au plus près du ruisseau), soixante six variétés ont pu être sélectionnées pour la premier tour, et le palmarès est en rapport avec le niveau d’une compétition qui s’est hissée, dès sa première édition, au niveau de celle de Florence.
Premier Prix : BYE BYE BLUES (G. Sutton 96)
2eme Prix CHARIOTS OF FIRE (T. Aitken 2000)
3eme Prix GOT MILK (T. Aitken 2002)
Meilleur iris bitone bleu : FINNIGAN’S FINAGLING FACTOR (R. Stetson 2004),
Meilleur parfum : PRETTY EDGY (B. Blyth 2002)
Meilleure variété française : GWENNADEN (G. Madoré 2001)
Les récompenses du public et des professionnels (presse et jardins) sont allées alternativement à CHARIOTS OF FIRE et FINNIGAN’S FINAGLING FACTOR.

Tout le monde peut se féliciter de ces résultats : les organisateurs de la SFIB, qui ont vu leurs efforts récompensés, TECOMAH, qui a profité de l’occasion pour démontrer son savoir-faire et attirer plus de 3000 visiteurs en une semaine, et les obtenteurs qui ont trouvé un haut niveau de compétition. Reste à savoir si il y aura encore un Franciris. Des négociations sont en cours pour en définir les conditions, et les amateurs forment des vœux pour qu’elles aboutissent.

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