29.7.05

Emily Jean STEVENS

On connaît les obtenteurs australiens comme Barry Blyth ou Graeme Grosvenor, qui, aujourd’hui, se situent parmi les plus grands. On sait moins qu’ils ont été précédés dans l’hémisphère sud par une dame néo-zélandaise dont la renommée a été vive dans les années 40/60. Il s’agit de Emily Jean Stevens.

Comme c’est assez souvent le cas, c’est avec l’une de ses premières obtentions qu’elle a acquis cette renommée qui l’accompagnera jusqu’à sa mort prématurée en 1967. PINNACLE (45), puisque c’est de celui-ci qu’il s’agit, est resté très longtemps la référence en matière d’amoena jaune.

Wanganui, là où elle habitait, est située sur la côte sud-ouest de l’île du Nord, à peu près à mi-chemin entre la capitale, Auckland, tout au nord, et Wellington, tout au nord aussi, mais cette fois de la grande île de Sud. Elle y cultivait une collection de plantes de l’hémisphère sud si connue que la reine-mère d’Angleterre, en visite en Nouvelle Zélande en 66, a tenu à la visiter. Cependant pour les amis des iris, elle était aussi une passionnée de l’hybridation qui nous a donné plusieurs variétés dont on ne soupçonne pas toujours qu’elles proviennent des antipodes. Le jaune cuivre ROYAL SOVEREIGN (49), qui fait toujours partie de la collection du Parc de Bagatelle, en est un exemple. Ce sont pourtant les variétés des années 60 qui ont eu le plus grand retentissement. A commencer par YOUTHFUL CHARM (61), amoena abricot, qui fut une des toutes premières tentatives dan ce coloris difficile à obtenir.

A l’époque, Jean Stevens avait acquis une grande maîtrise dans l’art de l’hybridation. Ne s’intéressait-elle pas aux iris depuis le début des années 20 ? Elle a tout au cours de sa vie essayé d’obtenir de nouveaux coloris et elle s’était fixé le but d’obtenir un amoena rose parfait. Il semble qu’elle n’y soit véritablement parvenue qu’à la toute fin de sa vie trop brève, avec ce SUNSET SNOWS (65) qui fut son chant du cygne. Dès son apparition cet iris a fait sensation. A Florence, en 67, il a obtenu la troisième place et celle de variété au coloris le plus original. Les hybrideurs ne se sont pas fait prier pour l’utiliser dans leurs croisements, tout particulièrement Barry Blyth, en Australie, qui en a tiré OUTER LIMITS (72), ancêtre des plus originales variétés de cet obtenteur, comme ses bicolores bleu et magenta (ELECTRIQUE -93- et ses suivants), ou les deux frères de semis que sont IN TEMPO et PIPER’S FLUTE. IN TEMPO se trouve derrière LUNAR RAINBOW (76), SOSTENIQUE(75) ou VERBENA MOON (78) ; PIPER’S FLUTE est à l’origine des variétés Anfosso MARCHE TURQUE (91) et SAMARCANDE (92).

Entre PINNACLE et SUNSET SNOWS se sont placés un certain nombre d’iris de valeur comme OPAL SHEEN (62), BRILLIANT SURPRISE (63) et TWILIGHT HARMONY (64). Le premier est un lilas à reflets laiteux ou, si l’on veut, opalescent ; le second est un brillant variegata ; le troisième, de loin le plus original, allie des pétales jaune miel et des sépales rose bruyère, autour d’une barbe or.

A côté de ses activités horticoles, Jean Stevens a été membre fondateur de la société des iris de Nouvelle Zélande, créatrice et rédactrice pendant plusieurs années du bulletin de cette société, et auteur d’un grand nombre de textes traitant des iris et de leur culture. Lorsqu’elle a disparu, elle a laissé dans son pays un vide qui n’a jamais été complètement comblé, jusqu’à nos jours. Mais dans la mémoire des iridophiles elle reste l’une des figures majeures de l’immédiat après-guerre, période qui fut l’un des âges d’or des iris.

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