8.7.05

LES FIFTIES

Les années quarante ont été fatales à la suprématie française dans le monde des iris. Les Américains, qui avaient acquis une grande maîtrise au cours des années trente, ont profité de la guerre en Europe pour s’imposer. Les années cinquante, les « Fifties », ont vu leur domination s’étaler : s’en est fini du règne des Européens.

En revanche, c’est l’apogée de quelques grands hybrideurs qui, dans ces années là, ont donné le meilleur de leur travail. Paul Cook, tout d’abord : trois de ses variétés enregistrées au cours de cette décennie ont obtenu la Médaille de Dykes, SABLE NIGHT (50) en 1955, WHOLE CLOTH (57) en 62 (et aussi FO en 61) et ALLEGIANCE (57) en 64 ; mais il faut le créditer aussi du grand « noir » DARK BOATMAN (53), de l’amoena inversé WIDE WORLD (53), de MELODRAMA (56) et d’EMMA COOK (57), pour les nombreux et valeureux croisements qu’ils ont générés. Prenons David Hall ensuite : CHERIE (48) recevra la D.M. en 51, mais d’autres variétés démontrent son talent, comme BALLERINA (50), PALOMINO (51), LIMELIGHT (52) et surtout HAPPY BIRTHDAY (52) qui font partie des variétés de base de nos iris d’aujourd’hui. Orville Fay est lui-aussi au sommet de son art. On lui doit le rose orchidée MARY RANDALL (50 – DM 54), le blanc TRANQUILITY (50), le rose NATIVE DANCER (53), le bleu clair GALILEE (55), sans compter TRULY YOURS (49), jaune primevère, qui recevra la D.M. en 53. A son zénith également, Fred DeForest. On lui doit CAROLINE JANE (51), plicata indigo, FIRST VIOLET (51 – DM 56), BY LINE (52), variegata-plicata, REHOBETH (53 – FO 57), bleu, TALL CHIEF (53), brun, et LULA MARGUERITE (59), blanc verdâtre. Robert Schreiner est déjà bien placé dans la course aux honneurs et à la célébrité. Il propose en 53 LAVANESQUE, mauve vif, COLOR GLO, abricot, et surtout BLUE SAPPHIRE, bleu soutenu, qui aura la DM en 58 et restera pendant un quart de siècle le favori du public américain. En 54 ce sont le plicata magenta BAZAAR et le beau bleu HARBOR BLUE ; en 57 ce sera le tour de AMETHYST FLAME qui sera, en 63, le seconde DM décernée à un iris Schreiner.

D’autres obtenteurs, sans doute moins prolifiques, sont aussi au tableau d’honneur des années 50. Tell Muhlestein a donné JUNE MEREDITH (53), rose, SWAN BALLET (53 – FO et DM 59), blanc, BINGHAM (54), brun. Chez le docteur Kleinsorge, ce champion des iris bruns, ce sera THOTMES III (50) ou TOAST AND HONEY (53). Tim Craig est là, avec le variegata-plicata TABASCO (51) et le brun BANG (55). Apparaît enfin un nom qui restera cinquante ans sur les tablettes : celui de Chet Tompkins, à qui l’on doit GREAT DAY (53), dans le coloris encore rare d’orange, BRIGADOON (55) dans les tons de pourpre, ou ALLAGLOW (58 – FO 60), de couleur bronze.

Bien d’autres obtenteurs de ces années-là méritent d’être cités : Stedman Buttrick, pour le blanc WEDDING BOUQUET (51) ; William McKee pour le brun TRIM (53) ; Jesse Wills pour le plicata bleu BELLE MEADE (50) ; Ed. Watkins pour le bleu pâle ELEANOR’S PRIDE (52 – DM 61) ; W.B. Schortman pour le violet clair INDIGLOW (57 – FO 62) ; Charles Reckamp pour le jaune TECHNY CHIMES (55) ; Walter Buss pour le fameux variegata ACCENT (52) ; et, parmi les dames, Laura Burbridge pour le bitone violet MIDNIGHT WALTZ (59 – FO 64) ; Barbara Hinckle pour le bleu MELISSA (54 – FA 59) ; Gertrude Songer pour le noir BLACK TAFFETA (53) ; Luzon Crosby pour le sombre LA NEGRA FLOR (56 – FO 59).

Il faut parler enfin de deux autres dames dont la célébrité ne fait alors que commencer mais qui atteindront les places d’honneur dans les années suivantes : Melba Hamblen se signale avec GLITTERING AMBER (55), cet iris abricot, à la tête d’une puissante descendance, et Opal Brown apparaît avec PICTURE BOUQUET (55), un rose qui se fera remarquer à Florence en 58.

En Europe, au même moment, les obtenteurs se remettent à peine au travail après l’interruption due à la guerre. Il leur faudra beaucoup de temps pour que l’on parle de nouveau de l’Europe chez les amateurs d’iris. Ce sont d’abord les Anglais qui réagissent. Gwendolyn Anley, avec ARABI PASHA (51 – BDM 53), a obtenu un iris bleu vif très élégant. Leonard Brummitt s’est distingué avec GOLDEN ALPS (52 – BDM 57), amoena blanc et jaune pâle, puis HEADLINES (53 – BDM 59), amoena blanc sur indigo pourpré ; Harry Randall, quant à lui, a proposé TARN HOWS (48 – BDM 58), orchidée vif, très éclairci sur les sépales, et PATTERDALE (55 – BDM 61), blanc pur ; P. J. Hutchison, avec DANCER’S VEIL (59 – FO et BDM 63), a apporté quelque chose d’important dans le domaine des plicatas indigos. En France, seul Jean Cayeux a relevé le gant. Chaque année il a enregistré des variétés intéressantes dont je retiendrai MADAME FRANÇOIS DEBAT (57), célèbre rose saumoné tendre, PRINCESSE WOLKONSKY (57), variegata jaune et bleu chicorée, GAI LURON (58), autre variegata, or et grenat, très connu, et LUGANO (59), blanc nacré au cœur citron, apprécié aussi pour sa remontance.

Les années 50 ont été intéressantes en ce que c’est à cette époque que sont apparus de nombreux jalons de l’iridophilie, dont les gènes enrichissent encore le potentiel génétique de la plupart des variétés qui nous charment aujourd’hui.

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