VARIATIONS SUR LE THÈME DU HALO
Au début des années 80, David Niswonger conçut le projet de créer toute une série de variétés dont la caractéristique serait de comporter un liseré autour des sépales, dans le plus grand nombre possible de coloris. Certes les iris de ce type ne sont pas forcément rares, notamment ceux qui sont blancs cernés de jaune, mais l’originalité vient de la recherche d’un même type sous un grand nombre de couleurs.
L’hybrideur a commencé par ce qui était peut-être le plus facile : un iris blanc entouré de jaune. Le défi était de faire mieux que ce qui existait à l’époque, et il a pratiqué comme c’est toujours le cas, par endogamie. Il a choisi un descendant du célèbre BRIDE’S HALO (Mohr H. 73 – DM 78), dénommé EXUBERANT (Mohr H. 81), qui se présente avec des pétales oranges, et des sépales blancs largement cernés d’orange, qu’il a croisé avec un semis de CHARTREUSE RUFFLES (Rudolph 76). Le résultat, qui est aussi le premier de la série, se présente dans le style de DEBBY RAIRDON (Kuntz 65 – DM 71) ou de JOYCE TERRY (Muhlestein 74), mais avec une meilleure saturation du jaune, des sépales d’un blanc plus pur et une bordure jaune bien nette. Il a été baptisé HALO IN YELLOW (Niswonger 89). Dans les même temps Niswonger a croisé CRYSTAL DAWN (Rudolph 75), lui aussi du type Joyce Terry, mais en clair, et MULBERRY CRUSH (Niswonger 78), superbe iris magenta, très frisé. Le résultat a été un dénommé HALO IN PINK (Niswonger 89), la version rose de HALO IN YELLOW. Vint ensuite la version orange qui s’appelle, comme prévisible, HALO IN ORANGE (Niswonger 89), et qui est le fils de HALO IN PINK et de EXUBERANT, dont il a été question plus haut, et à qui il ressemble énormément, même s’il est d’un orange plus clair et d’un blanc plus franc.
Voilà pour le premier paquet. Un autre paquet de trois est apparu cinq ans plus tard. Le premier de ceux-ci est HALO IN ROSEWOOD (Niswonger 93) qui allie les qualités de MINTED HALO (Mueller 87) – lavande cerné de cuivre – et de KABAKA (Niswonger 85) – dans les mêmes tons, mais liseré de bronze. Il a des pétales vieux rose, et des sépales lavande clair cernés du vieux rose des pétales. HALO IN CREAM (Niswonger 92) est le premier de la seconde génération, celle qui provient des trois variétés de 1989. C’est une nouvelle coloration du type Joyce Terry. Cette fois la couleur fondamentale est un jaune crémeux qui recouvre les pétales et entoure les sépales d’un fin liseré. Au plan des couleurs comme à celui de la plante, c’est une réussite. HALO IN GOLD (Niswonger 92) complète la deuxième série. Ce n’est qu’une version plus sombre du précédent et la fleur me semble de moins bonne tenue. L’un et l’autre, frères de semis, descendent de HALO IN YELLOW auquel a été apporté la teinte plus soutenue de PEACH BAND (Rudolph 83).
L’arrivage suivant est composé lui aussi de trois iris. Ils ont été enregistrés en 1998, soit neuf ans après les premiers. Dire qu’ils apportent vraiment du nouveau serait exagéré. Ce ne sont que des déclinaisons des précédents, un peu comme le remake un peu plat d’un film qu’on a bien aimé. HALO IN BURGUNDY et HALO IN PEARL, qui sont frères de semis, reproduisent l’effet obtenu avec HALO IN ROSEWOOD, à peu de choses près. Ils ont hérité de la jolie forme des fleurs de leur « mère », HALO IN CREAM, ce qui fait leur charme. La couleur de base du premier est un vieux rose assez soutenu, avec des sépales mauves entourés de vieux rose. Pour le second on peut parler de rose bruyère et de blanc perle (d’où le nom). C’est tout. Celui qui diffère un peu est HALO IN PEACH. Comme on peut s’y attendre sa couleur de base est un rose pèche et le halo pèche se place autour de sépales bien blancs. Au point de vue de la forme, disons que la fleur est plutôt raide et un peu vieillotte. Il a pour origines à la fois HALO IN ROSEWOOD et HALO IN YELLOW, associés à PEACH BAND déjà cité et au bicolore NEFERTITI’S DAUGHTER (Niswonger 91) qui allie le rose, le gris et… un liseré vieux rose.
On aurait pu imaginer que Dave Niswonger allait continuer son travail car toutes les couleurs voisines du jaune n’ont pas été approchées : les tons mordorés – ambre, miel, cannelle… - les jaunes tendant vers le vert – vanille, anis, chartreuse… - ainsi que les bruns. Il a cependant arrêté son expérience car il n’avait plus rien à prouver. Sauf à continuer de se répéter, ce qui n’aurait eu aucun intérêt, ni pour l’obtenteur, ni pour la communauté des iris. Il faut néanmoins saluer la performance d’hybrideur que représente cette série de neuf variétés. Niswonger est un grand professionnel qui possède admirablement les lois de la génétique et les règles de l’hybridation. Comme un musicien classique démontre son habileté en développant des variations sur un thème donné, il a nous a offert une intéressante et jolie musique florale.
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