30.12.05
CONTRASTE MAXIMUM
Il existe une vive compétition entre les principaux obtenteurs, car il importe de trouver de nouveaux domaines de recherche où chacun tend à exceller. Obtenir une fleur aux pétales franchement blancs avec des sépales le plus foncé possible est l’un de ces défis récents dont on constate aujourd’hui les résultats.
Il y a au moins deux possibilités d’obtenir ce contraste blanc sur noir : le modèle amoena et le modèle plicata. L’un et l’autre ont été utilisés.
La recherche du contraste maximum n’est pas tout à fait nouvelle. De tout temps, les hybrideurs d’iris bicolores se sont efforcés d’obtenir des fleurs aux coloris qui tranchent sans s’opposer. Mais réunir les deux extrêmes n’a pu aboutir qu’après un long travail d’approche et de sélection. Dans le domaine des plicatas, Jim Gibson, en 1980, a retenu BRILLIANT EXCUSE, dont les dessins violets sont très saturés, mais qui reste cependant dans le digne descendance de STEPPING OUT. Il se rapprochera un peu plus du but avec LICORICE FANTASY (86), par le procédé bien connu de l’endogamie, puisque cette variété est la fille de BRILLIANT EXCUSE, ce qui prouve bien que l’obtenteur avait pour objectif de parvenir un jour au blanc sur noir. A sa disparition ce sont les deux amis et rivaux BLYTH et KEPPEL qui ont repris le flambeau. Du premier on retiendra ROCKET MASTER (90), aux pétales grenat foncé et aux sépales où le blanc du fond disparaît presque sous le dessin de la couleur des pétales. Ce résultat a été obtenu avec le concours des variegatas-plicatas que sont BROADWAY (Keppel 79) et CARAMBA (Keppel 75) pour le fond jaune, et d’ODYSSEY (Babson 71) pour l’indigo, car pour obtenir un ton proche de l’aubergine, il faut superposer une base jaune ou orange et une couverture violacée. Joë Ghio s’est invité au concert. Il a proposé SELECT CIRCLE (97) chez qui on constate nettement l’amélioration du contraste, en partant de POWER SURGE (Ghio 91), via l’étape intermédiaire de SOMERSAULT (95). Keppel a mis plus longtemps à émerger dans ce domaine, mais les résultats sont là avec DARK DRAMA (05), un plicata très chargé violet aubergine sur fond plus crème que blanc. Cette variété procède du même raisonnement que ROCKET MASTER ou SELECT CIRCLE : un socle jaune orangé recouvert de violet ; il ne peut guère y avoir d’autre solution ! A moins que ce ne soit la voie employée pour OREO (Keppel 03). Dans ce cas le fameux maître des plicatas a travaillé d’emblée avec des iris sombres, dans les tons de violet presque noir (SWAZI PRINCESS, TITAN’S GLORY, BLACKOUT), associés à des plicatas aussi sombres que possible (VILAIN, STORM TRACK). Le résultat n’est pas un ton aubergine, mais un bleu nuit très profond, et très prometteur. En Europe, il y a Augusto Bianco qui a enregistré AALIYAH (2002), le produit d’un croisement de SOMERSAULT et du plicata de bordure anglais ORINOCCO FLOW (Bartlett 89), assez semblable à son cousin SELECT CIRCLE.
Dans le domaine des bicolores, on a longtemps qualifié NAVAJO BLANKET (Schreiner 78) d’étape vers le blanc/noir. Mais c’est une étape bien éloignée du but ! Les pétales sont roses orchidée, et les sépales grenat foncé. Il faudra attendre encore quinze ans avant de constater un réel progrès. C’est Joë Ghio qui s’est mis à l’ouvrage. Un ouvrage qui va durer au moins six ans et qui a commencé avec OSAKA (Ghio 93), crème sur acajou foncé. La recette appliquée est à base de variétés amoenas violets (FANCY TALES, ALPINE CASTLE) et pourpres (BRISTO MAGIC) enrichie par un bicolore solide et coloré : SUCCESS STORY. La deuxième marche à monter a été, à mon avis, COSTA-RICA (Ghio 95), qui conserve les mêmes bases que le précédent, mais auxquelles s’ajoutent les barbes rouges de TOMORROW’S CHILD (Blyth B. 84). Deux ans plus tard viendra la marche suivante qui s’appelle OCELOT (Ghio 98). Elle s’appuie sur une autre base car elle contient les pétales claires du bicolore CHINESE NEW YEAR (Ghio 97) et les sépales très sombres de ROMANTIC EVENING (Ghio 96). Bilan : des pétales crème, lumineux, et des sépales d’un grenat très foncé. En 99, apparaît un quatuor de choc. Ces quatre variétés sont des frères de semis qui approchent de l’excellence. Elles sont issues de ROMANTIC EVENING et d’un medley où l’on retrouve la base SUCCESS STORY, FANCY TALES, ALPINE CASTLE. Elles se nomment (dans l’ordre alphabétique) CONNECTION, NEXT MILLENIUM, SNOWED IN et STARRING. CONNECTION et NEXT MILLENIUM peuvent pratiquement être décrits avec les mêmes mots : pétales blanc crémeux (ou bleuté pour le second), sépales pourpre vif, barbes rouges. SNOWED IN est plus bleu : les pétales sont blanc bleuté, les sépales franchement violet-noir, aérés de veines blanches sous les barbes qui sont bien rouges. A vrai dire, dans ce cas, on est plus près du modèle tricolore cher à Richard Cayeux, mais avec des sépales dont le bleu est saturé. STARRING est considéré comme le plus accompli de la famille. C’est un amoena aux pétales bien blancs, au-dessus de sépales aubergine pratiquement noir. Les barbes rouge brique complètent un tableau parfait.
D’autres obtenteurs se sont essayé à l’exercice, en particulier Barry Blyth, spécialiste des bicolores. DREAM LORD (96), PAINT THE SCENE (98), ENJOY THE PARTY (99) puis PARIS OPTION (05) en attestent. Les deux premiers ont cependant des pétales plus roses que blancs. Le plus proche de l’idéal doit être ENJOY THE PARTY, descendant de DREAM LORD, mais il n’atteint pas la pureté du blanc de STARRING. Avec EVENING DRAMA (03) Paul Black s’est essayé dans cette recherche difficile. Il s’agit d’un croisement entre le néglecta pourpre ZEPHERINA (Maryott 96) et ROMANTIC EVENING (voir ci-dessus). Il est parvenu à quelque chose de très près du but : un iris aux pétales blanc bleuté, aux sépales aubergine, plus clairs aux bords. A cause des barbes brunes l’ensemble est peut-être un peu austère, mais la fleur est jolie, ce qui est normal de la part d’un excellent obtenteur. Peu de temps auparavant Lowell Baumunk, un hybrideur du Colorado, avait obtenu MIDNIGHT MOONLIGHT (99) (voir photo), qui se situe dans les mêmes teintes, mais avec des pétales blancs à peine ombrés de lavande, et des sépales violets, un peu plus bleutés que ceux de EVENING DRAMA, mais très sombres. Là aussi la barbe, moutarde, maintient l’ensemble dans le sombre. Cet iris allie la saturation des néglectas TEMPTING FATE (D. Meek 93) et TWIST OF FATE (D. Palmer 80), à la clarté des pétales de l’amoena RIDE THE WIND (Schreiner 91). Le résultat est remarquable. Parmi les Européens, il n’y a pas encore eu de tentative dans cette direction.
Ira-t-on plus loin ? Verra-t-on un véritable blanc/noir ? C’est tout à fait possible mais il faut reconnaître qu’après STARRING, EVENING DRAMA et MIDNIGHT MOONLIGHT, les degrés à monter ne sont plus très nombreux.
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