8.5.09











CE QUI COMPTE

Ce qui compte pour le juge amené à se prononcer à propos d’un iris dans un concours international, ce n’est pas la couleur de la fleur, celle-ci n’attribue que 5 points sur 100. En revanche les qualités de la plante sont primordiales : la santé de la touffe, l’opulence du feuillage, la force des tiges, leur rigidité, la solidité des fleurs, leur taille, leur forme, l’abondance des tiges et des fleurs, la disposition et le nombre des boutons, l’harmonie générale de la plante sont les éléments qui ont la plus grande importance. Mais il faut aussi que les fleurs présentent un intérêt : une couleur banale ou terne, ou un assemblage inélégant seront jugés négativement. Dans un jardin de concours il y a toujours des plantes qui attirent l’œil et c’est nécessairement parmi celles-ci que les vainqueurs seront désignés. Prenez l’exemple du dernier concours FRANCIRIS : dès l’abord les riches touffes de ‘Solovinyia Noch’ ou de ‘Mamy Framboise’ se faisaient remarquer ; à Florence, en mai dernier la masse lumineuse de ‘Morning Sunrise’ attirait tous les regards. Ensuite, ce sont des examens méticuleux qui permettent d’établir la hiérarchie. Mais jamais un iris malingre, avec un feuillage pauvre et des fleurs médiocres n’emportera les suffrages, quand bien même le coloris de la fleur serait des plus remarquables.

Ce qui compte pour le public qui visite un jardin d’iris, c’est la couleur des fleurs (et aussi l’abondance de celles-ci et la masse imposante des touffes). Il n’est pour s’en convaincre que de relever le résultat des critériums organisés en même temps que les concours : ils ne désignent pas les mêmes plantes que les juges du concours. Par exemple à Jouy en Josas, ce sont deux variétés éclatantes qui ont eu la préférence du public : ‘Brasero’ et ‘Noctambule’. Même les jurys plus avisés, comme celui des jardiniers des villes fleuries lors du concours FRANCIRIS 2005 ont choisi le rutilant ‘Chariots of Fire’ plutôt que le grand bleu tendre ‘Bye Bye Blues’, retenu par le jury professionnel.

Ce qui compte pour le producteur, le marchand d’iris, ce sont les variétés qui lui assureront les meilleures ventes tout en donnant satisfaction, dans la durée, à leur clientèle. Il leur faut en permanence renouveler leur catalogue et les variétés qu’ils en retirent chaque année sont soit celles qui ne leur donnent pas satisfaction au plan de leur multiplication, soit celles que les clients délaissent. Leur choix rejoint donc, ou plutôt devance, celui de leurs clients : ils doivent deviner ce qui va bien pousser et qui va plaire, tout en proposant un choix aussi large que possible en matière de coloris pour ratisser suffisamment large et en maintenant la ou les spécificités de leur catalogue.

Ce qui compte pour celui qui s’apprête à passer une commande d’iris chez un producteur, c’est la photo ! Pour que le client se fasse envie, il ne suffit pas de lui décrire la fleur, de la façon la plus aguichante possible, il faut que l’iris soit représenté, en couleur, et que la photo soit bonne. Les producteurs ont constaté cela depuis toujours : les variétés nouvelles dont ils n’ont qu’un stock limité ne sont pas illustrées dans leurs catalogues. Parce qu’à l’attrait de la couleur s’ajoute celui de la nouveauté et que les commandes risqueraient de dépasser les disponibilités en rhizomes.

Ce qui compte pour le collectionneur, celui qui a dans son jardin toutes les variétés intéressantes des dernières années, c’est avant tout la nouveauté, l’originalité de l’iris, et donc encore la couleur. Il déchantera peut-être lorsqu’il constatera que la plante dont il s’est fait envie ne donne pas les bons résultats végétatifs qu’il en attendait, mais il se laisse tenter par les dernières obtentions, les coloris surprenants, les associations originales. En ce sens il contribue à l’amélioration de l’horticulture des iris.

Ce qui compte pour celui qui veut effectuer des croisements, ce sont les qualités génétiques des variétés. Il choisit celles-ci en fonction de ses projets, du sens de ses recherches, de ce qu’il pense pouvoir obtenir de telle ou telle variété.

Mais à la fin, que reste-t-il de tous ces goûts, de tous ces besoins, de toutes ces options ? Un fond de variétés vigoureuses, plaisantes, intéressantes à plusieurs points de vue. En fait celles que les juges auront distinguées et qui se révèleront saines, fidèles et belles à tous points de vue. En cela, et pour peu que les variétés primées soient correctement commercialisées, les prix internationaux sont des garanties de qualité qui auront un avenir assuré, parfois même une longévité exceptionnelle. Un iris comme ‘Stepping Out’ (Schreiner 64 – DM 69) reste un des favoris du public malgré ses 45 ans. Les iris qui ont été distingués d’une façon ou d’une autre sont ceux qui donnent les plus réelles satisfactions : à ceux qui en font leur gagne-pain comme à ceux qui s’en délectent dans leurs jardins ou ceux qui passent leur printemps les brucelles à la main à réaliser les croisements de leurs rêves.




Aucun commentaire: