5.2.10











LA FLEUR DU MOIS :

BABBLING BROOK

C’est très personnel, ce que je vais écrire aujourd’hui. Cela remonte à mai 1984. C’est le moment où, pour la première fois, j’ai vu fleurir ‘Babbling Brook’ (Keppel 69 – DM 72). J’avais acheté cet iris l’été précédent, lors de ma deuxième commande, et j’attendais impatiemment cette floraison. Quand j’ai vu cette petite fleur bleue, gracieuse, élégante, avec cette barbe jaune citron si fraîche, j’ai été sous le charme et je crois bien que mon addiction définitive aux iris vient de ce moment-là. Depuis ce jour ‘Babbling Brook’ a sans interruption marqué mes printemps d’iridophile acharné. Dans le sol d’éboulis argilo-calcaire, propice à la vigne mais pas idéal pour les fleurs, où il est actuellement planté, il pousse doucement, mais fidèlement. D’ailleurs, où que je l’aie mis, il a eu ce comportement. A l’origine il a trouvé place dans les gravats de remblai à peine recouverte de terre arable, qui constituaient le sol du jardinet de ma maison de Limoges. Par bonheur la pente du terrain, à cet endroit, permettait à l’eau de s’écouler, parce qu’ailleurs, dans un environnement parfaitement imperméable, je crains qu’il n’ait pourri. Mais il n’est resté là que deux ans, il a pris la route de Touraine à l’été 1985. Dans son nouvel espace, au milieu de plein d’autres plantes, il s’est agréablement plu, jusqu’au jour où j’ai du encore le changer de lieu. Cette fois, dans le jardin actuel, il n’a pas repris… Lawrence Ransom m’a fourni un remplaçant et c’est celui-là qui existe actuellement, toujours vaillant, toujours aussi frais et plaisant. Je suis bien décidé à le garder tant que je continuerai à cultiver des iris car à lui s’attachent non seulement des sensations esthétiques mais aussi une foule de souvenirs que je ne veux pas perdre.

A lui accordant la Médaille de Dykes, en 1972, les juges américains ont reconnu à juste titre les qualités remarquables de cette variété. C’est une plante harmonieuse, bien développée, avec des fleurs de taille plutôt petite, élégamment disposées le long d’une tige solide. Comme je viens de le dire, ce n’est pas une plante exubérante, mais elle s’accommode apparemment de toutes les situations et de tous les substrats.

Elle a de bons parents : (Galilee X Symphony). Galilee (Fay 55) est un iris bleu qui fait la liaison entre trois grandes lignées de bleus : par ‘Bluebird Blue’ (Fay 52) celle de ‘Helen Mc Gregor’ et par ‘Butterfly Blue’ (Fay 52) celle de ‘Great Lakes’ et celle de ‘Cahokia’. Ce même ‘Cahokia’ (Faught 46) apparaît d’ailleurs derrière ‘Symphony’ (Hinckle 56), en compagnie d’un autre bleu, ‘Azure Skies’ (Pattison 43). A comparer les couleurs, on peut dire sans se tromper que ‘Babbling Brook’ est une forme plus moderne de ‘Cahokia’.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ‘Babbling Brook’ n’a pas eu une descendance directe très importante. Beaucoup d’hybrideurs ont considéré qu’il constituait en lui-même un aboutissement. Cependant certains autres y ont vu une possibilité d’obtenir des iris bleus de qualité. Keppel, bien sûr, y a cru. Il l’a croisé avec ‘Skywatch’ (Benson 64) , un autre destinataire de la Médaille de Dykes, et en a obtenu ‘Waterscape’ (71), une variété qui n’a pas eu un gros succès commercial, mais aussi, par d’autres croisements, ‘Actress’ (76), ‘Fire Water’ (77) ou ‘Skyblaze’ (87), tous avec des barbes orange ou rouges. Parmi les autres descendants, venant d’autres hybrideurs, il faut citer ‘Avalon Bay’ (Hamner 74), ‘Enduring Love’ (Boushay 74), ‘Full Tide’ (O. Brown 72), ‘Regents’ Row’ (Denney 79), ‘Sea of Galilee’ (N. Sexton 74), ‘Touch of Sky’ (Schreiner 80)… Plus récemment, ‘Massalia’ (Anfosso 95) et ‘Starfleet’ (Keppel 93) font aussi partie de ses enfants ou petits enfants.

Tout ceci est bien suffisant pour faire de ‘Babbling Brook’, la « Fleur du Mois » de ce février 2010.

1 commentaire:

gerard a dit…

J'ai des souvenirs du même ordre concernant cet iris qui fit partie de ma première commande d'iris. C'était en 1977 ou 78 chez Cayeux. J'avais été séduit par la photo (en réalité très saturée). Même si le bleu était moins intense que sur la photo, l'iris était délicat et bien formé. Il resta quelques années dans mon massif de Touraine, puis intégra mon jardin en région parisienne, où sa faible prolificité et le manque de soin eurent raison de lui. Ses compagnons de commande sont pour certains toujours chez moi maintenant en Touraine (Accent, Helen Collingwood) malgré mes efforts pour limiter leur exubérante vigueur. Peut-être un jour replanterais-je Babbling Brook, comme on feuillette un album de photos souvenirs.