4.3.10







LA FLEUR DU MOIS
‘Helen Proctor’

Les iris intermédiaires noirs ne sont pas légion. Celui-ci est intéressant non seulement pour sa couleur, mais parce qu’il permet de faire le tour de tout ce qui s’est fait en matière d’iris sombres depuis les années 20.

Il faut dire que Harley E. Briscoe, l’obtenteur de ‘Helen Proctor’ avait mis toutes les chances de son côté lorsqu’il a pratiqué le croisement de son IB ‘Lou Brock’ (74) avec le TB ‘Sable Robe’ (Cook 66). L’un et l’autre étaient déjà de couleur sombre, et même de se qui se faisait de plus sombre à l’époque. ‘Helen Proctor’ est un pur produit de l’endogamie, qui consiste à croiser entre elles des variétés possédant une ou plusieurs caractéristiques communes de manière à accroître l’importance de ces traits remarquables. En matière de couleur, c’est un peu comme si on passait une seconde couche de peinture pour parfaire l’effet de la première.

‘Helen Proctor’ marie un iris intermédiaire et un grand iris ; le produit est donc un autre iris intermédiaire… Le côté nain provient de ‘Lou Brock’, lui aussi intermédiaire, issu du croisement d’un iris minuscule, MDB, ‘Black Baby’ (Sass 55), de couleur très foncée, mais dont on ne sait rien puisqu’il a été déclaré né de parents inconnus, et d’un grand iris, ‘Dark Stranger’ (Branch 57), d’un pourpre profond, provenant d’iris noirs ou tout au moins tirant sur le noir. Quant au côté « grand », il a été apporté également par ‘Sable Robe’, lui-même descendant des plus beaux iris violet-noir des années 50/60 par l’entremise de ‘Deep Black’ (Cook 53).

Dans le pedigree de ‘Deep Black’ on découvre ‘Black Forest’ (Schreiner 44), ‘Indiana Night’ (Cook 42) et ‘Black Wings’ (Kirkland 30) dont les noms suffiraient à décrire la couleur. Dans celui de ‘Dark Stranger’ il y a aussi ‘Black Forest’, associé pour la circonstance à ‘Sable’ (Cook 38) et ‘Sable Night’ (Cook 50) ; ces deux-là ayant été considérés en leur temps comme les iris les plus noirs de leur génération. Dans ‘Sable Night’ tout comme dans ‘Deep Black’ son contemporain, il y a ‘Indiana Night’’, l’un des plus noirs de la génération précédente avec ‘Black Forest’, lequel est l’ancêtre de la plupart des iris noirs qui l’ont suivi jusqu’à nos jours.

Avant ces deux-là, on ne peut pas réellement parlé de couleur noire, mais il y avait déjà des iris violet ou pourpre très foncé. ‘Sable’ a pour ascendants ‘Seminole’ (Farr 1920) et ‘Cinnabar’ (Lent Williamson 1928), et ‘Valor’ (Nicholls 1932), qui se trouve derrière ‘Indiana Night’, remonte à ‘Ambassadeur’ (Vilmorin 1920). On arrive à ce moment aux origines des hybrides modernes, et parmi tous ces cultivars, il n’y a que du sombre. ‘Helen Proctor’ ne pouvait qu’être dans ces tons, avec toute la profondeur qu’ont pu donner les croisements homochromes.

Mais ce beau noir n’a pas eu de descendants car, comme l’a constaté Loïc Tasquier qui a essayé à maintes reprises de l’utiliser dans ses programmes de croisements, il est désespérément stérile. C’est hélas la situation des la plupart des iris intermédiaires antérieurs aux années 2000, moment où s’est produit l’un des derniers bouleversements majeurs dans le domaine de l’hybridation des iris, analogue à celui qui s’était produit dans les années 20/30 pour les grands iris lors de la révolution tétraploïde.

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