4.3.10











‘PETER HEWITT’

C’est la deuxième fois, je crois, que je vais parler d’un iris de Sibérie. Ce n’est pas que je manque d’intérêt pour ces plantes, mais, simplement, je ne puis pas être au même point de compétence dans tous les domaines, et j’ai adopté de me consacrer aux grands iris barbus ( et accessoirement aux autres iris à barbes). Cette fois cependant je vais rendre visite à un de ces iris sans barbes qui mériteraient sûrement d’être mieux défendus. Pourquoi avoir choisi ‘Peter Hewitt’ ? Parce que c‘est le vainqueur de la Médaille de Dykes anglaise de 2008, et que je le trouve joli.

‘Peter Hewitt’ (Jennifer Hewitt 2003), est ainsi décrit dans la check-list de 2003 :
« Pétales bleu-violet s’éclaircissant avec l’âge jusqu’au bleu glycine, veiné de violet plus foncé ; bras des styles turquoise, bords et crêtes brun lilacé devenant violet avec l’âge ; sépales bleu-violet soutenu s’éclaircissant avec l’âge, d’un bleu plus profond autour du signal jaune d’or, fin liseré d’or autour des sépales… » C’est ce bleu violacé soutenu qui fait la beauté de cette fleur. En plus, comme elle est tétraploïde, elle est de haute taille (95cm) avec des pièces florales amples et ondulées. Il n’en faut pas plus pour en faire ce que les Américains appellent un « winner », c’est à dire une bête à concours.

Son pedigree s’écrit : (Coronation Anthem X Golden Edge). Ses deux parents sont américains et l’un et l’autre sont dans les tons de bleu-violet. De son côté maternel il tient sa robustesse et sa forte stature, du côté paternel il a hérité la couleur soutenue et le fil d’or qui l’entoure. ‘Golden Edge’ (1991) résulte du croisement, par le fameux Currier McEwen, de deux semis dont on ne connaît évidemment pas la couleur mais qui regroupent quatre variétés dont trois violettes ou pourpre et une blanche. Ces quatre variétés sont :
· ‘Happy Event’ (McEwen 82), blanc ;
· ‘Ruffled Velvet’ (McEwen 73), pourpre ;
· ‘Dear Dianne’ (McEwen 79), violet ;
· ‘Tealwood’ (Varner 59), violet.
Le dernier est une très ancienne variété qui ramène directement aux SIB des origines, en l’occurrence ‘Caesar’s Brother’ (Morgan 32). Les trois autres ont ceci de commun de comporter dans leurs ascendants le blanc ‘White Swirl’ (Cassebeer 57), une des variétés de base dans l’hybridation des iris de Sibérie. Un autre des ancêtres s’appelle ‘Polly Dodge’ (McEwen 68). Cet iris a la particularité de faire partie de ceux dont les graines ont été traitées à la colchicine pour déclencher le passage de la diploïdie à la tétraploïdie. Quant à sa couleur, il faut disposer de la table de la RHS pour l’identifier car elle n’est notée dans la check-list que sous un numéro de code !

‘Coronation Anthem’ (Hollingworth 90), l’autre parent de ‘Peter Hewitt’, est un iris bleu à signal blanc. Ce qui est intéressant, c’est de constater que dans cette branche du pedigree aussi on rencontre des variétés dont on a fait la connaissance dans la description de ‘Golden Edge’. En effet derrière ‘Coronation Anthem’ il y a :
· L’iris « rouge » ‘Jeweled Crown’ (Hollingworth 85) qui a pour « mère » ‘Ruffled Velvet ;
· Le blanc ‘Anniversary’ (Brummitt 65) ;
· Le bitone bleu ‘Super Ego’ (McGarvey 65) ; ces deux-là ayant pour parent l’inévitable ‘White Swirl’.

La création de ‘Peter Hewitt’ montre donc une économie de moyens exceptionnelle, qui s’assimile à de l’in-breeding, mais elle a abouti à une variété splendide qui apporte la preuve que la qualité ne vient pas forcément des Etats-Unis, même si les ingrédients sont bel et bien américains.

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