7.7.12

LA FLEUR DU MOIS


‘VDOKNOVENIE’

Quand ils ont voulu pratiquer l’hybridation, juste après la fin de la guerre froide et la déconfiture des régimes totalitaires en Europe, les amateurs de l’Est n’avaient pas grand’ chose à se mettre sous les pinces. Pendant des années, en ce domaine comme dans bien d’autres, il avait fallu ruser, tricher pour se procurer des iris en provenance de l’Ouest. Le panel d’éventuels géniteurs était donc particulièrement maigre. Dans les jardins d’Asie Centrale, il y avait quelques variétés assez anciennes mais bien connues pour leurs qualités génétiques. Broadway Star (Schreiner, 1957), Chartreuse Ruffles (Rudolph, 1976), Christmas Time (Schreiner, 1965), Dancer’s Veil (Hutchison, 1959), Deep Fire (Schreiner, 1979), Fresno Calypso (Weiler, 1978), Mary Frances (Gaulter, 1973), Pink Sleigh (Rudolph, 1970), Pipes of Pan (O. Brown, 1963), Rippling Waters (Fay, 1961), Victoria Falls (Schreiner, 1977) et c’est à peu près tout. C’est avec cet équipement minimal qu’Adolf Volfovitch-Moler s’est lancé dans l’aventure.

Comme il avait du talent – et de la chance- il a obtenu un certain nombre de variétés d’une perfection surprenante. Son ‘Ikar’ (1992) a obtenu le Florin d’Or en 1995, et la même année son ‘Simfoniya’ (1992) a été consacré « Meilleure variété tardive » au même concours de Florence. ‘Askia’ (1992) et Tashkent (1992) ont été, eux, remarqués au tout nouveau concours de Moscou, de même qu’un certain ‘Vdoknovenie’ (1992).

J’ai été contacté par A. Volfovitch-Moler en 1995. Il cherchait à se procurer des iris modernes, sans trop dépenser d’argent et un échange avec un amateur français pouvait être pour lui une aubaine. Pour moi aussi puisque les variétés de l’Est étaient encore (et restent toujours) des curiosités rarissimes en Occident. Il m’a donc envoyé une poignée de ses obtentions et je lui ai fait parvenir deux gros paquets de variétés françaises et américaines toutes récentes. Il n’ a pas eu de problème, ni dans un sens ni dans l’autre avec la Douane et les services de contrôle phytosanitaires. Voilà pourquoi mon jardin s’enorgueillit aujourd’hui encore d’une vingtaine de variétés exotiques en provenance d’Ouzbékistan.

Parmi celles-ci, il en est trois ou quatre qui me plaisent particulièrement. J’ai déjà évoqué ‘Zolotaya Korona’ (1998), superbe iris mordoré, et, comme les juges de Florence, j’apprécie vivement ‘Ikar’ et Simfoniya’. Mais ‘Vdoknovenie’ n’est pas mal non plus !

C’est un iris dont la couleur dominante se situe entre le mauve parme et le rose magenta, plus clair et ocré sous les barbes mandarine, avec un liseré et une flamme sur les sépales plutôt dans les tons de gris. Un coloris qui n’est pas si fréquent, et que je qualifierais même de typiquement ouzbek. C’est le résultat d’un croisement de (Rippling Waters X Dancer’s Veil) qui, évidemment, n’a pas la silhouette d’un iris d’aujourd’hui, mais qui conserve bien du charme.

Adolf Volfovitch-Moler a croisé cette variété avec le plicata rose ‘Pink Sleigh’, dans les deux sens, et en a sélectionné plusieurs semis, comme l’unicolore pourpre ‘Ispoved’ (1999), le blanc ‘Morskoy Priboy’ (1997), le très original ‘Rah-Rah Boy’ (1997), et le gris ‘Vecherniaya Skazka’ (1997).

Iconographie :
‘Vdoknovenie’
‘Vecherniaya Skazka’
‘Rah-Rah Boy’
‘Simfoniya’.

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