4.9.15

'PEN HIR' (FDM)

Tous ceux qui, ce printemps, sont venus voir mes iris ont été admiratifs. « Oh ! Celui-là, qu'est-ce qu'il est noir ! Pourras-tu m'en donner un morceau ? » Ils parlaient de 'Pen Hir' (Madoré, circa 2001) une variété non enregistrée bien qu'elle ait amplement mérité cette distinction. Gérard Madoré, son obtenteur, fait partie de ces amateurs éclairés qui ont apporté une énergie nouvelle à l'hybridation française dans les quinze dernières années. Maintenant reconverti dans l'élevage des oiseaux exotiques, il devrait réussir dans le métier d'oiseleur aussi bien que dans celui d'obtenteur d'iris où il a acquis, à juste titre, une certaine renommée. Il a commencé à hybrider il y a longtemps, et il a acquis une solide expérience et un sens aigu des bons croisements. C'était un artiste sans esprit d'aventure et s'il n'a pas pris de risques génétiques inconsidérés, car ses iris, au pedigree sans excès de raffinement, font essentiellement appel à des géniteurs confirmés, il est tout de même parvenu à d'excellents résultats. Maintenant c'est un autre artiste qui commercialise ses obtentions : Alain Chapelle, breton comme lui.

Le travail de Gérard Madoré a porté essentiellement sur quatre lignes de recherche : Les iris « bleu-blanc-rouge », les iris orange, les iris roses et les iris noirs. Dans chacun de ces domaines il est parvenu à d'excellents résultats.

Pour les tricolores il s'est fait remarquer au concours FRANCIRIS ® 2007, quand ‘Morgat’ (2005) a obtenu la mention « Meilleure variété bleu, blanc, rouge ». Pour les fleurs orange il a songé, entre autres, à un croisement qui a été particulièrement prolifique (9 frères de semis). Il s’agit de (Good Show X Feu du Ciel). L’association de ces deux iris oranges a donné naissance à des variétés très voisines mais toutes du meilleur cru. Tous les tons d’orange sont représentés. Depuis l’orange abricot de ‘Callac’ jusqu’à l’orange mandarine de ‘Arzano’ ou l'orange vif de 'Plouescat’. Tous ont une belle barbe minium, ce qui est normal puisque c’est aussi l’ornement des deux parents. Parmi les roses, ses plus belles réussites me semblent être ‘Ploumanach’ (2005), enfant de (Social Event X Bubble Up) et ‘Rosmalo’ (2007) qui a pour parents ((Pagan Pink x Cherub's Smile) X Pretty in Pink).

 On arrive enfin à la couleur noire. Ce n'est pas celle à laquelle il s'est le plus intéressé, mais c'est peut-être celle où il a eu la main la plus heureuse. Comme d'habitude, il s'est contenté dans le cas présent d'un croisement de tout repos : (Hello Darkness X Before the Storm). 'Hello Darkness' (Schreiner, 1992) a été longtemps considéré comme l'iris le plus noir jamais mis sur le marché. Il a eu un grand succès commercial et s'est adjugé la Médaille de Dykes en 1999. Autant dire que c'est un champion (« a winner » comme on dit aux USA). 'Before the Storm' (Innerst, 1988) est le premier iris noir des temps modernes à remporter la DM. Ce fut en 1996, trois ans seulement avant que 'Hello Darkness' ne renouvelle l'exploit. Il est noir, oui, mais n'a pas l'intensité de son suivant ; ce qui n'enlève rien, par ailleurs, à ses excellentes qualités botaniques. Gérard Madoré, en réalisant son croisement de deux DM noirs, jouait sur du velours, car Noir + Noir = Noir ++, comme toujours dans les croisements endogamiques. Néanmoins celui-ci n'a pas inspiré beaucoup d'hybrideurs. A ma connaissance, seul les Jedlicka l'ont également tenté, avec un résultat, 'Total Darkness' (2011), aussi sombre que l'est 'Pen Hir'. Gérard Madoré en a, comme on dit communément, rajouté une couche, en recroisant un sibling de 'Pen Hir' avec 'Night Ruler', un autre iris très sombre, mais le résultat n'apporte pas une réelle amélioration (Guilvinec, 2007).

 Pour ce qui est de la saturation des pigments anthocyaniques, on ne peut guère faire plus. Les pétales sont, certes, un peu plus bleus, mais les sépales atteignent le noir parfait. La barbe, bleue sombre, n'enlève rien à l'effet noir. La fleur est absolument classique – les iris noirs ne sont pas réputés pour abuser des ondulations – pas trop grosse, mais bien proportionnée ; le nombre de boutons est juste suffisant, mais le branchement est impeccable. Voilà donc un iris pour lequel on n'exagère pas quand on dit qu'il est noir, et le succès qu'il rencontre auprès des simples spectateurs en dit long sur l'intérêt que l'on a à cultiver dans son jardin cette fleur de premier plan.

Illustrations : 


 'Pen Hir'


'Guilvinec'


'Total Darkness'


'Before the Storm'

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Iris remarquable. Il lui arrive en outre de refleurir régulièrement chez moi. L'un des iris noirs les plus remarqués au jardin avec Black Suited.
Un croisement entre Pen Hir et Black Is Black n'a rien donné d'intéressant.