4.12.15

LA FLEUR DU MOIS

‘TOUR DE FRANCE’ (Keith Keppel, 2003) 

(Magharee x Overjoyed) X (Electrique x Romantic Evening) 

Pétales blancs infus au centre de jaune de chrome ; crête blanc et jaune de chrome ; sépales jaune doré sombre, ombrés de jaune de chrome profond aux épaules, texture veloutée ; barbes de jaune de chrome profond à jaune cadmium, orangés dans la gorge ; léger parfum sucré. 

Voilà un remarquable amoena jaune qui ne passe pas inaperçu dans un jardin. C'est normal, car il est rare qu'une variété signée de Keith Keppel soit quelque chose de banal ! Son nom fait allusion au maillot jaune du Tour de France cycliste, porté on sait pourquoi par le coureur américain Lance Armstrong. Ce parrainage peut paraître aujourd'hui un peu douteux, mais cela n'enlève rien à l'excellence de l'iris qui le défend. La description qu'en donne son obtenteur est précise et claire. Elle ne précise pas cependant que la fleur, très contemporaine, présente des pétales un peu ouverts, dans le style de Barry Blyth. Les ondulations des sépales restent discrètes, ce qui en fait une fleur qui ne se démodera pas. La plante, de la hauteur réglementaire de 90cm, offre un nombre de bouton raisonnable. Rien à dire, en ce qui me concerne, sur ses qualités horticoles : elle pousse normalement sous le ciel de Touraine, comme, semble-t-il, sous celui de son Oregon natal.

Le pedigree de 'Tour de France' se limite à ses quatre grands parents :
'Overjoyed' (Gatty, 1994), amoena jaune orangé, très apprécié ;
'Magharee' (Blyth, 1986), amoena abricot rosé, très connu ;
'Electrique' (Blyth, 1993), une étape dans la recherche de l'amoena rose parfait qui constitue le Graal de Barry Blyth ;
'Romantic Evening' (Ghio, 1996), l'une de plus emblématiques obtentions de Joë Ghio, de ces vingt dernières années.

Ce sont là quatre grands iris. Dont aucun ne présente exactement les couleurs de 'Tour de France', mais où on devine l'évolution, à partir de la base amoena jaune de 'Overjoyed', assombrie par le vieux-rose de 'Electrique' et soutenu par la richesse de 'Romantic Evening'.

 'Tour de France' n'a pas encore une vaste descendance, mais il est probable que les croisements où il sera présent vont se multiplier.

Le nom de 'Tour de France' me suggère la réflexion suivante : La course cycliste à laquelle il se réfère est une épreuve plus que centenaire, née à peu près au même moment que l'hybridation contrôlée des iris, et elle a suivi une évolution tout à fait parallèle à celle des iris hybrides. Au début la course ne rassemblait que des athlètes européens, essentiellement des Français, des Italiens et des Belges. Après la seconde guerre mondiale, elle s'est peu à peu ouverte aux autres nations : les Hollandais, les Espagnols, les Allemands y ont fait leur apparition. Puis on a vu des coureurs irlandais, norvégiens, danois, russes, baltes, portugais... Les Colombiens y ont pris part, puis les Américains (avec quel succès!) et les Australiens... Le Tour de France est aujourd'hui totalement mondialisé.

Il en est de même du monde des iris. Il y a un siècle c'était une affaire européenne, surtout française et britannique. Les Américains y sont venus et s'y sont creusé une place considérable. Les Australiens s'y sont aussi installé à leur tour, avec le soutien de quelques Néo-Zélandais. Depuis l'effondrement du rideau de fer, les nations d'Europe orientale, après l'Italie et l'Allemagne, y sont entrées et y débordent d'énergie et d'enthousiasme. Monde des iris et Tour de France ont suivi la même évolution, et cela correspond pleinement à celle de notre monde tout court.

Quant à l'iris 'Tour de France', le côté sulfureux de celui qui justifie son nom n'a évidemment aucune influence sur ses excellentes qualités et ses bonnes performances au jardin.

Illustrations : 


'Tour de France' 


'Magharee' 


'Overjoyed' 


'Electrique' 

'Romantic Evening'

1 commentaire:

Laure a dit…

Cher Sylvain, cette variété est formidable et son parfum, chez nous, unique car il évoque le fruit de la passion.