11.3.16

ARILS OU APOGONS : MADE IN FRANCE

Irisenligne accorde, évidemment, une place prépondérante aux iris à barbes, surtout aux grands iris (TB). Mais c'est en préparant un chronique sur les enregistrements d'iris français que m'est venue l'idée de faire le point sur des variétés françaises mais d'une autre nature. Parce qu'elles sont étonnamment nombreuses, et très originales, en particulier lorsqu'ils s'agit d'iris Arils (AB) (1).

D'après mes sources, c'est en 1986 que sont apparus les premiers AB français. Ils provenaient des recherches de Pierre Anfosso, homme curieux de tout et s'intéressant à tout ce qui sortait de l'ordinaire, et de son fils Pierre-Christian. Le côté étrange et exotique des arils et arilbreds avaient tout pour les séduire.

 'Giboulée' (P. Anfosso, 1986) est un arilbred issu d'un croisement de TB et d'Aril : Song of Erin X Esther the Queen. Cet iris ressemble beaucoup à un TB, tandis que l'autre variété de l'année, 'Zazou' (PC Anfosso, 1986) a conservé le traits caractéristiques des Arils. La famille Anfosso a continué sur sa lancée et nous a offert 'Equateur' (1988), frère de semis de 'Zazou', puis 'Byzance ' (1990), avant de passer à autre chose.

Le grand spécialiste français des iris Arils est sans conteste Lawrence Ransom. Toujours à l'affût de découvertes innovantes, il a commencé dans ce domaine par une série de « regelia-bred », tous issus d'un croisement interspécifique dénommé 'Vera' (van Tubergen, NR) reconnu comme étant un croisement de I. stolonifera X I. korolkowii. Ces iris sont apparus en 1996. La plupart sont dans les tons de jaune marqué de mauve ou pourpre sur les sépales, à l'exception de 'Vera-Beatrice', bleu-indigo. D'une autre origine (I. suziana et I. sari) 'Tadzhiki Bandit' et 'Tadzhiki Eclipse' auront une descendance intéressante. L'année suivante Ransom a présenté 'Tauris' et 'Urmia', deux variétés issues de I. hoogiana, typiques, avec leur signal sombre au centre de fleurs bleues. 'Easter Blush' (2001), puis 'Benazir' (2007) et 'Aravane' (2010) continuent la série issue de 'Vera'. Tout comme 'Easter Dusk' (2010) à partir duquel L. Ransom a obtenu toute une suite de variétés particulièrement belles et originales. Nous avons là une spécialité française exceptionnelle qui est l’œuvre d'un irisarien passionné, toujours à la recherche de la perfection dans tous les domaines de l'hybridation.

 Un autre obtenteur qui sort du commun, c'est Jean Peyrard. Il abordé la plupart des domaines avec beaucoup de bonheur. Son AB 'Ear Falas' (2005), croisement AB X SDB, est une plante qui a obtenu un succès international. Tout comme cela avait été le cas avec 'Thabor' (1991), bien connu aux USA.

Quittons les Arilbreds pour nous diriger vers les Spurias. Il fut un temps où la famille Anfosso s'était distinguée dans cette catégorie. Entre 1988 et 1990 Pierre Anfosso s'est intéressé à ces grands iris très spectaculaires. Le premier s'appelle 'Mezcal' et est apparu en 1988. L'année 1989 fut celle d'une profusion de Spurias signés Anfosso. On ne peut pas tous les citer, mais on peut retenir 'Tenere', richement coloré de jaune et d'acajou. En 1990, 'Cafeine' et 'Louqsor', proche de l'espèce de base, marquent la fin de l'expérience. Cette proximité avec l'espèce I. ochroleuca est aussi le cas des variétés proposées par Lawrence Ransom en 2011. Jérôme Boulon est également un passionné des spurias, mais jusqu'à présent il n'a pas enregistré de variétés de son cru.

En matière d'Iris du Japon, la France n'est pas en reste, même si sa production en ce domaine est encore anecdotique. Cependant Jean Peyrard en 2000, avec 'Messire Mickael', en bleu, puis Richard Cayeux, en 2006, avec 'Extase', s'y sont exercés.

Le catalogue français n'est pas beaucoup plus riche en matière d'Iris de Californie (PCN) puisque seulement Jean Peyrard (encore lui !) s'y est lancé, avec 'Sonam' (1997), 'Tropézienne' (1995) et 'Viva Maria' (1998). Cependant mon petit doigt me dit que nous ne devrions pas en rester là car du côté de la baie de Morlaix il y a de jolies choses qui se préparent !

Autre domaine exceptionnel chez nous, les iris de Sibérie. C'est assez étonnant mais ces plantes faciles ne sont présentes en notre pays que grâce à 'Lightly Touched' (Peyrard, 1991), et encore cette variété n'a-t-elle été mise sur le marché qu'en Amérique.

Terminons par ce qui est le plus surprenant, l'obtention d'iris de Louisiane. On ne s'attend pas à cela sous notre climat, sachant que ces plantes demandent en principe des étés chauds et humides et des hivers doux et secs : le contraire de ce que nous connaissons. Néanmoins il y a des LA français. Ils proviennent de Provence, et datent des années 1988/1991, la grande période de la famille Anfosso. Le 'Cassiopée', rouge brique, de Laure Anfosso (1988) et le 'Tequila' (1988), bleu, de son père, marquent le début de l'exercice. Ont suivi 'Barbare' (P. Anfosso, 1989) puis 'Cosi Fan Tutte' (L. Anfosso, 1990). Comme pour le reste, la belle aventure a pris fin au début des années 1990...

Ce tour d'horizon apporte la preuve que « impossible n'est pas français » ! Et ce n'est pas faire preuve de chauvinisme que de constater que dans notre hexagone on ne cultive pas que des grands iris.

(1) Les iris Arilbreds sont des croisements entre iris Arils (Regelia, Pseudoregelia, Oncocyclus) et Pogoniris (par exemple Grands Iris de Jardin -TB-). Pour être qualifiés d'AB ils doivent porter au moins 50% de « sang » Aril.

 Illustrations : 


'Cosi Fan Tutte' (cl.Iris en Provence)


 'Ear Falas' (cl. Ransom)


 'Eastern Dusk' (cl. Ransom)


'Tenere' (cl. Iris en Provence)


'Viva Maria' (cl. Ransom)

4 commentaires:

Iris en Provence a dit…

Bonjour,
Pour les iris de Louisiane obtenus dans la pépinière Iris en Provence, il faut ajouter deux iris d'Éric Besse : 'Bérénice' (1988) et 'Bourgogne' (1989), ainsi qu'une autre variété de Laure Anfosso : 'Mistral Rouge' (catalogue 1992) qui n'a pas été enregistrée.
AF

Anonyme a dit…

J.C. Jacob :
Je pense que Nigel Service a également enregistré des iris de Californie.
Il faut rajouter les iris de Gabriel Lecomte: 'Aaron's Blue', un setosa à fleurs bleues magnifique. Je ne sais si quelqu'un le distribue déjà; je l'ai en multiplication; en 2015, enregistrement de 2 particularités: -'Always Algonquin', semis de setosa tripoïde(!), et un croisement interspécifique très particulier: setosa inconnu X ensata inconnu(!). Je ne sais pas si un croisement de ce type a déjà été enregistré.

J.C. JACOB

Sylvain Ruaud a dit…

Nigel Service est-il de nationalité française ? Pour le reste, mon étude s'arrête en 2014.

Anonyme a dit…

Je ne sais pas si Nigel Service a la nationalité française, mais il a bien une adresse en France, dans le 46, à laquelle est expédiée la revue. En outre, ils apparaissent dans la liste des iris français sur le site de la SFIB.
Je n'avais pas tenu compte d'une date de fin d'étude, et en plus les iris de Gabs ne sont pas encore distribués.

J.C. Jacob