23.3.18

LES DAMES DU TEMPS PRÉSENT

Il y a peu de temps, un jeune amateur d'iris s'interrogeait sur les motivations des hybrideurs qui dédicacent une de leurs obtentions à une personne physique vivante. C'est une pratique aussi vieille que l'hybridation. Au début de XXe siècle, déjà, pour rester en France et parmi les dames, on trouve 'Mady Carrière' (1905), 'Germaine Le Clerc' (1910) ou le fameux 'Souvenir de Mme Gaudicheau' (1914). Certains en font ou en ont fait un fréquent usage. D'autres refusent plus ou moins ce geste flatteur. Par exemple Barry Blyth, le formidable obtenteur australien, a plusieurs fois expliqué qu'il n'adhérait pas à cette habitude parce que, dit-il, si la personne est satisfaite de l'honneur qui lui est fait, elle ne manquera pas de prendre ombrage de ce que la variété qui porte son nom soit retirée du catalogue !

 L'usage est si courant que les rédacteurs des règles applicables à l'attribution des noms de variétés le réglemente strictement : il faut que la personne donne son autorisation, laquelle doit être jointe à la demande d'enregistrement ; l'usage de titres, comme « Madame » ou « Miss », fut un temps de pratique courante ('Madame Louis Aureau'...) mais n'est plus autorisé maintenant, sauf exception...

En général l'obtenteur qui donne à une de ses variétés un nom propre, a pour intention de rendre un hommage à la personne choisie, soit qu'il s'agisse d'une personnalité (qu'elle soit du monde des iris, des arts, de la politique ou, de nos jours, de ce que l'on appelle les « peoples »). Souvent il agit par affection ou tendresse vis à vis d'un membre de sa famille ou d'un autre être cher, parfois il cède à une sollicitation un peu vaniteuse de la part d'un client auquel il ne peut rien refuser...

 Peut-on reprocher quelque chose à cette façon de baptiser une plante ? S'il s'agit de faire preuve de complaisance, pour faire plaisir à quelque inconnu, on peut considérer que c'est un geste inapproprié, mais cela reste bien bénin. Personnellement je pense que c'est moins nul que de se livrer à un jeu de mots vaseux ou une allitération médiocre, comme c'est le cas chez certains obtenteurs américains dont je tairai le nom par pure mansuétude. Tous les autres cas recueilleront mon indulgence.

Les hybrideurs français, pour la plupart, ont sacrifié à cette pratique. J'ai fait une recherche de 1990 à nos jours en me limitant aux noms de personnages de sexe féminin (ce sont les plus nombreux) et repéré trente-deux variétés baptisées dans ces conditions, en provenance d'onze hybrideurs. Ce n'est pas rien ! Les six types de motivations ont été utilisés. Les plus nombreux sont les noms de membres de la famille ou des amies des obtenteurs (16, soit 50%). C'est le cas pour 'Astrid Cayeux' (Cayeux, 1995) ou 'Sixtine C.' (Cayeux, 1995), 'Arlette Dalvard' (Dalvard, 2000), 'Tiphaine François' (François, 2000), 'Rose-Linda Vasquez' (Vasquez, 2007), Colette Clavel' (Dejoux, 2008), 'Taina Ransom' (Ransom, 2010) ou 'Princesse Laura' (Cancade, 2014), et bien d'autres... Richard Cayeux, celui qui a le plus largement utilisé le processus, est le seul à avoir honoré des artistes, des personnes du showbizz, ou qui gravitent autour : 'Rebecca Perret' (1993), 'Marie-José Nat' (2000), 'Joy de Rohan-Chabot' (2011), Rachel de Thame' (2016)... Le monde de la politique, c'est pour 'Princesse Caroline de Monaco' (Cayeux, 1997), et, un peu aussi, pour 'Nelly Tardivier' (Cayeux, 2012)... Le monde des iris est assez peu représenté ; on note seulement les noms de 'Anne-Marie Chesnais' (François, 1998), 'Gladys Clarke' (Ransom, 2000), et deux ou trois autres, alors qu'à priori c'eut été les plus légitimes. Pas de Monique Anfosso, Odette Perrier,... Enfin les baptêmes de circonstance sont restés peu nombreux : 'Dominique Vallos' (Laporte, 2007)...

 Les dames du temps présent ont ainsi toute leur place dans le monde des iris, sous une forme bien particulière, certes, et que certains vont contester. On en pense ce qu'on veut, mais ce qui compte c'est que les iris qui portent leurs noms soit des fleurs méritantes. Et dans l'ensemble, c'est le cas !

Iconographie : 


 'Arlette Dalvard' 


'Colette Clavel' 


'Rachel de Thame' 


'Gladys Clarke'

2 commentaires:

Unknown a dit…

L'endroit est peut-être mal choisi puisque le sujet traite des noms de femmes pour les iris, mais toi Sylvain, si tu devais choisir un iris qui porterait ton nom, qu'elles seraient les principales caractéristiques qu'il devrait avoir, et surtout celles que tu ne souhaiterais surtout pas ?

Tauzin a dit…

Il existe aussi une autre variété qui a été nommée pour rendre hommage à l'ancien trésorier , très dynamique , de la SFIB , qu'était Claude Louis Gayrard .