31.5.20

TOM CRAIG : UN ARTISTE AUX BRUCELLES

Ce n'est pas la première fois que je dis ça : on voit de tout dans le monde des iris. Cette fois c'est à propos de Tom Craig, une personnalité originale mais qui est restée assez méconnue. Voici ce qu'on dit de lui dans la chronique nécrologique qui lui est consacrée dans le bulletin de l'AIS de juillet 1969 : « Tom Craig est décédé d'une crise cardiaque le 8 février 1969. Il avait déjà enregistré ses nouvelles variétés pour 1969. Les plantes avaient été établies sélectionnées et mises en culture au préalable. Son épouse Frances et leurs cinq enfants ont terminé le travail sur le catalogue et veilleront à ce que tout se passe bien pour l'année entière. L'hybridation et la culture des fleurs étaient la deuxième carrière de Tom Craig. C'est en tant qu'artiste que le magazine Life l'avait envoyé pour couvrir la campagne d'Italie des Alliés pendant la deuxième guerre mondiale. Sa mission: retrouver les grandes œuvres d'art non détruites par la guerre. Il avait traversé l'Arno et était entré dans Florence avant que l'armée alliée ne libère cette Fleur de la Renaissance, obstinément tenue par les Allemands. » Il avait commencé une carrière d'artiste peintre, d'ailleurs prometteuse, dans le début des années 1940, mais cela avait été interrompu par la guerre. A son retour, après la guerre, alors que sa réputation d'artiste et de professeur d'art prenait des proportions qui dépassaient le cadre régional, il a tourné le dos à ses succès et commencé à hybrider comme passe-temps sur un lopin de terre acheté près d'Escondido dans les faubourgs de Los Angeles. Il lui a peut-être fallu pour cela plus de courage que pour traverser au milieu de la nuit le fleuve Arno rougi de sang.

De simple hobby, le travail d'hybrideur est devenu une passion et une occupation à temps complet. Il y a mis tout son cœur et ses qualités d'artiste. Ses iris sont toujours des variétés où l'on sent que l'on a affaire à un homme de goût. Un homme éclectique également, car les documents de l'AIS contiennent de lui la trace de variétés obtenues dans toutes les catégories d'iris, principalement dans les Arilbred et les grands TB. Dans ses premières recherches on note un attrait particulier pour les plicatas et le choix de 'Mme Louis Aureau' (F. Cayeux, 1934) pour base, ce qui donne des variétés dans les tons de pourpre. C'est le cas de 'Burgundy Splash' (1948) et de 'Royal Band' (1950). Mais très vite il s'est particulièrement intéressé aux iris bruns (ou brun-rouge). Ses meilleurs résultats sont sans doute dans cette couleur. Cela commence dès 1948 avec 'Joseph's Mantle', puis est venu 'Ball Gown' (1950), qui fait penser au célèbre 'Burnt Toffee' (Schreiner, 19) en mieux formé, et cela continue tout au long de la carrière avec 'Crimson Glaze' (1950), 'Tabasco' (1951), très apprécié en Californie et ailleurs aux USA, puis est venu ''War Dance' (1952), Bang' (1955), 'Zombie' (1957) ou 'Red Polish' (1967). Autre particularité du travail de Tom Craig, il est un des rares à avoir utilisé dans ses croisements l'un des plicatas « jumeaux » de William Mohr, 'Los Angeles' (Mohr, 1927). Il en a obtenu toute uns série de plicatas , dont certains tout à fait originaux comme 'Novelty' (1951) ou 'Bright Veil' (1968) l'un de ses derniers enregistrements. Mais au gré de ses croisements il a aussi obtenu de belles réussites dans d'autres modèles. C'est le cas du bleu charmant 'Mrs. Douglas Pattison' (1950), du blanc pur 'Patricia Craig' (1962) et de l'immense – 1,25 m. - 'Mary McClellan' (1952), dont on ne sait pas si l'on doit le classer parmi les TB ou parmi les AB, puisque descendant d'un Oncobred.

Car l'autre spécialité de Tom Craig c'est les Arilbred. Dans cette catégorie ont été classés certains descendants de 'Los Angeles', associé au superbe et fameux 'Capitola' (Reinett, 1940). C'est le cas de 'Fancy Work' (1951) ou de 'Frances Craig' (1952) qui réunit 'Snow Flurry' et 'Capitola'.

 On est étonné de constater que tant de jolies choses aient à peu près disparu aujourd'hui. La faute en est à une distribution insuffisante. En effet Tom Craig éditait son propre catalogue (en très petite quantité et avec des moyens « rustiques ») et ne pouvait pas lutter avec les maisons considérables et ayant pignon sur rue à l'époque. Il en est résulté que seuls de grands amateurs se sont procuré ces variétés confidentielles et que maintenant la plus grande partie d'entre elles s'est perdue...

 Le nom de Tom Craig (et celui de la famille Craig dans son ensemble puisque le virus de l'hybridation a infecté épouse et enfants) reste bien connu dans le monde des iris,mais il est devenu difficile de trouver ses fleurs. C'est une grande perte pour l'histoire des iris.

Illustrations : 


 'Ball Gown' 

'Mrs. Douglas Pattison' 


'Novelty' 


'Patricia Craig' 


'Red Polish' 


'Tabasco'

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