4.9.20

LA FLEUR DU MOIS

'Gladys Clarke' (Lawrence Ransom, 2000) 
'Desiris' X 'Halo In Pink' 

Un jour que je conversais avec Lawrence Ransom, nous avons abordé le sujet des iris baptisés au nom d'une personne. Et je lui ai indiqué quelques dédicataires potentiels parmi lesquels figurait Gladys Clarke, la fondatrice de la SFIB. L'année suivante il a fait la proposition à la vénérable dame qui lui a donné son accord. Ainsi est née la variété 'Gladys Clarke'. Ce n'est pas une variété que l'on peut ne pas voir au jardin : de sa haute stature elle domine toutes les autres. Ce n'est pas forcément sa caractéristique la plus intéressante car elle a évidemment tendance à verser. Mais pour le reste c'est un bon iris. Lawrence, qui était très méticuleux, en a fait une description minutieuse : « Pétales rose pêche doux ; pétale rose abricot tendre, centre blanc, revers et lisière rose plus vif, de même que les épaules ; barbe blanche légèrement pointée d'orange. » La fleur est délicatement ondulée, avec un fini parfait, comme c'est toujours le cas chez un perfectionniste comme Lawrence Ransom.

Personnellement j'aurais préféré une teinte un peu plus soutenue, mais c'est celle de 'Désiris' (Ransom, 1993) son parent féminin, une fleur que j'apprécie hautement, elle-même issue du prestigieux 'Beverly Sills' (Hager, 1978). Pour le parent mâle de 'Désiris', Ransom a choisi une variété dont il a fait plusieurs fois usage, 'Soap Opera' (Ghio, 1981), qu'il a utilisée non pas pour son indéfinissable coloris verdâtre, mais ses qualités végétatives, et où l'on retrouve l'un des éléments favoris de Joë Ghio : ((('Commentary' x 'Claudia Rene') x 'Claudia Rene') x 'Ponderosa') x ('Ponderosa' x 'New Moon'). L'autre parent de 'Gladys Clarke' est 'Halo in Pink' (Niswonger, 1989). Ce dernier n'est pas foncièrement différent de 'Désiris' en terme de coloris. A peine un rose un peu plus vif. Il a pour ancêtres un des roses les plus célèbres, 'Pink Taffeta' (Rudolph, 1968), et le non moins fameux 'Rippling Waters' 'Fay, 1961). Ajoutons que par d'autres branches ont atteint deux autres nobles origines, l'immanquable 'Snow Flurry' (Rees, 1939) et le bleu français 'Sensation' (Cayeux F. 1925) dont les gènes sont présents dans un grand nombre de variétés américaines. Et si l'on cherche bien on découvrira aussi la présence de deux autres variétés de Ferdinand Cayeux, 'Alice Harding' (1933) – cinq générations avant 'Gladys Clarke' - et 'Thaïs' (1926) – parent masculin de 'Snow Flurry-.

On voit bien qu'après 'Gladys Clarke' il n'y a plus grand chose à espérer en matière d'amélioration. Aussi ne faut-il pas s'étonner de ce que cet iris n'ait pas eu de descendant. Il en va ainsi de beaucoup de variétés qui sont en elles-mêmes un aboutissement - à moins que cela ne soit une impasse - : une espèce de cul-de-sac génétique...

 Il paraît que Madame Clarke, lorsqu'elle a vu la fleur qui porte son nom, n'en a pas été particulièrement satisfaite. Lawrence Ransom en a été un peu vexé... C'est le risque quand on veut faire plaisir à quelqu'un : il arrive que le cadeau ne plaise pas ! En ce qui me concerne, je considère 'Gladys Clarke' comme un iris techniquement réussi, mais dont le coloris, un peu terne, n'a pas réussi à l'imposer.


Illustrations :

 'Gladys Clarke'

' Désiris'

'Halo in Pink'

'Soap Opera'

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