11.9.21

EN POLOGNE

En 2012, ici même, j'écrivais ceci : « Depuis la fin de l’ère soviétique et le retour dans le concert des nations démocratiques des pays constituant le glacis de l’URSS, il y a eu dans ces pays un immense engouement pour la culture de l’iris. En Pologne, ce fut la même chose qu’en Russie ou en République Tchèque. Vingt ans après l’ouverture des frontières, la Pologne a rattrapé son handicap et ses obtenteurs peuvent maintenant se mesurer avec ceux des pays dits « de l’Ouest ». Neuf ans après, comment la situation a-t-elle évolué ? C'est ce que nous allons examiner aujourd'hui. 

 On ne peut pas dire que la Pologne soit emplie de producteurs d'iris. Il n'y en a pas plus aujourd'hui qu'hier, et peut-être même moins ! Parce que certains, âgés, ont abandonné les brucelles ou que d'autres, comme mon ami Lech Komarnicki, ont quitté ce monde... 

 Je ne sais pas ce qu'est devenu Zbigniew Kilimnik qui était en 2012 un charmant vieux monsieur (77-78 ans). Il a continué d'enregistrer de nouvelles variétés jusqu'en 2019, mais plus rien depuis... Il a ainsi pratiquement doublé le nombre de ses enregistrements, produisant des variétés d'apparence très modernes et même audacieuses. Je n'ai pas non plus de nouvelles de Franciszek Stania que je rangeais alors dans la catégorie des «  hybrideurs âgés ». Plus aucun nouvel enregistrement depuis 2003... 

 Henryk Polaszek doit avoir une soixantaine d'années, mais en matière d'iris il ne donne plus signe de vie depuis 2014. Dans les derniers temps il s'intéressait spécialement aux iris nains. Sa production n'a jamais été abondante. 

A propos de Jerzy Wożniak, voici ce que j'écrivais il a neuf ans : « c' est la personnalité la plus influente de la Société des iris de l’Europe Centrale. Il a enregistré un SDB, mais son affaire, ce sont les TB, qui sont au nombre de 16, à l’heure actuelle, dans les registres de l’AIS. Il est considéré comme le plus habile hybrideur de son pays et sa réputation s’étend bien au-delà dans toute l’Europe de l’Est et maintenant également en Europe de l’Ouest. Il dispose de sa propre pépinière où il fait le commerce des iris, les siens et ceux de ses voisins, dans la grosse ville minière de Rybnik, en Haute Silésie. » Depuis ? Pas grand' chose : seulement trois TB, d'ailleurs sans intérêt majeur, et plus question de la pépinière... 

Józef Koncewicz était en 2012 un nouveau venu dans la société des iris de Pologne. Il n'avait alors enregistré que quatre variétés (deux TB et deux BB). Depuis il a continué à enregistrer régulièrement de nouveaux iris dont on n'a malheureusement pas de photos. On ne peut donc pas émettre d'appréciation à leur sujet. 

Quelques autres jardiniers polonais ont scrupuleusement enregistré leur production. Ce n'est qu'une toute petite quantité de plantes, comme on peut en trouver un peu partout de la part de particuliers qui se font plaisir. 

En fait, de véritablement actif et même productif, il n'y a que Robert Piątek. Ce fonctionnaire des Eaux et Forêts d'une cinquantaine d'années fait désormais partie des hybrideurs européens les plus renommés. Il agit dans toutes les catégories d'iris barbus, mais avec une prédilections pour les grands iris des jardins (TB), et nous gratifie chaque année d'une demi-douzaine de nouveautés au moins. Ces fleurs commencent à être diffusées à travers le monde et il les fait participer aux différentes compétitions : Florence, Vincennes, Munich... Il choisi de leur donner des noms à connotation anglo-saxonne pour, dit-il, rendre leur accès plus facile que cela pourraient être avec des noms strictement polonais. Il aborde tous les modèles de fleurs, ainsi que font désormais la plupart des hybrideurs. S'en tenir à quelques lignées n'est plus nécessaire du fait des facilités données par le croisement des variétés modernes. Il a cependant une affection particulière pour les coloris pastel façon 'Haunted Heart' (Keppel, 2009) et les plicatas de toutes sortes. 

 Si l'on se fie au résumé ci-dessus l'iridophilie n'a pas véritablement progressé en Pologne au cours des dix dernières années. Il semble même que le nombre dess hybrideurs y soit en régression. La raison de cette évolution peut peut-être se trouver dans les conditions climatiques ingrates qui sont celles de ce pays d'Europe Centrale. Les mésaventures de Lech Komarnicki, qui est décédé en 2016, en sont une preuve, lui qui a perdu presque tous ses grands iris au moins deux fois, du fait des hivers terribles de son pays ! 

Cependant les conditions climatiques difficiles n'expliquent pas tout. Elles peuvent cependant avoir un effet sur le comportement des plantes sous d'autres climats que celui de leur lieu de naissance. Nombreux sont ceux qui, en Europe, ont constaté que les iris nés en Californie avaient souvent du mal à pousser correctement dans leurs jardins. Est-ce le même genre de phénomène qui frappe les iris polonais lorsqu'ils arrivent à l'ouest ? On peut se le demander car dans les concours européens auxquels il participent ils ne se distinguent pas particulièrement. Du moins jusqu'à présent ! 

Illustrations : 


'Jagodowe Wzgorze' (Józef Koncewicz, 2012) 


'Summer in Warsaw' (Robert Piatek, 2021) 


'Czarodziejka' (Robert Piatek, 2021) 


'Queen of my Heart' (Robert Piatek, 2014)

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