6.5.22

VISITE EN RÉGION CENTRE

Dans notre pays on assimile souvent la culture des iris avec la partie sud. En fait l'origine de cette culture s'est située en Région Parisienne avant de gagner le Centre ou le Sud. Et de nos jours elle s'est étendue à l'ensemble des régions. La Région Centre-Val de Loire est depuis longtemps un endroit où la culture des iris est bien implantée. Les pépinières d'iris n'y sont pas les plus nombreuses mais celles que l'on y trouve font partie des plus importantes de notre pays. 

 A commencer par la fameuse Maison Cayeux. C'est en banlieue parisienne qu'elle a commencé à exister, à Vitry sur Seine exactement. Mais la croissance urbaine, aussi près de Paris, a fini par la chasser et elle a trouvé refuge en Orléanais. Une terre ingrate, rocailleuse, morainique. A peu près à l'endroit où, capturée par une humble rivière, le grand fleuve de Loire, qui se dirigeait à l'origine vers la Seine, a brusquement pris la direction de l'Ouest pour devenir ce qu'il est maintenant. Au sommet d'un coteau pierreux, le patriarche Ferdinand Cayeux a, dans les années 1930, transféré son entreprise de création et de commerce d'iris. Ces plantes ne sont pas exigeantes il leur suffit d'un sol quelconque, bien drainé et abondamment ensoleillé. A Poilly lès Gien elles ont tout ce qui leur faut. Ferdinand Cayeux, jusqu'à la guerre 1939/1945, puis son petit-fils Jean, relayé par Richard au début des années 1970 ont fait prospérer une remarquable entreprise devenue peu à peu l'une des plus importantes au monde dans ce genre d'activité. Elle a créé une foule d'iris parmi les plus beaux du monde, et ce, depuis le début du XXe siècle ! Déjà dans les années 1920/1930 on venait de partout admirer les créations de Ferdinand Cayeux. Des variétés comme 'Thaïs' (1926), 'Mme Louis Aureau' (1934) ou 'Jean Cayeux' (1931) ont été utilisées en hybridation par les plus grands obtenteurs et sont à l'origine de véritables dynasties. 

La réputation de l'entreprise ne s'est pas arrêtée avec la disparition de son fondateur. Jean Cayeux a remarquablement pris sa succession. Son 'Condottiere' (1978) fait partie des variétés ayant la plus abondante descendance directe et ses gènes se trouvent maintenant dans à peu près tous les iris actuels. En 1993 il a enregistré le début d'une formidable lignée, celle des iris tricolores qui a commencé avec 'Vive la France' (1993) et s'est poursuivie avec 'Bal Masqué' (1993), 'Marbre Bleu' (1993), 'Rébecca Perret' (1993), puis 'Parisien', 1995) 'Ruban Bleu' (1997) et quelques dérivés comme 'Hortense C.' (1995) ou 'Volute' 1995), toutes à base du « cluster » (Condottiere X Delphi). Richard Cayeux a poursuivi l'exploitation de ce cluster, que l'on retrouve chez 'Sixtine C.' (1995), 'Chevalier de Malte' (1997), 'Cumulus' (2000) et même chez 'Vertige' (2020). Cet infatigable créateur a mis sur le marché plus de 200 variétés dont plusieurs ont acquis une renommée mondiale, comme 'Aurélie' (2005) – Florin d'Or en 2007 ou 'Barbe Noire' (2015) – Prix Philippe de Vilmorin, Franciris© 2017. 

 La Région Centre-Val de Loire abrite aussi une autre entreprise familiale importante : la Maison Bourdillon. L'activité des deux familles est bien différente, puisque chez les Bourdillon les iris ne constituent qu'une facette d'une entreprise qui a d'autres cordes à son arc, comme les pivoines, les pavots, les hémérocalles et, dans un tout autre domaine, les myrtilles. C'est Michel Bourdillon dans les années 1960 qui s'est lancé dans la culture et la commercialisation des iris. Ses fils Luc puis Pascal ont poursuivi sur la lancée, Luc étant également tenté par l'hybridation, dans les années 1990, avant de laisser la place à son frère Luc quia fait prospérer la pépinière jusqu'à ce que Nicolas rejoigne l'affaire familiale et se mette à son tour à l'hybridation, avec un succès immédiat. La majorité des obtentions de Luc Bourdillon n'a pas été enregistrée mais une variété comme 'Libellule de Sologne' (2015) est une agréable réussite. L'habileté et le bon goût de Nicolas se sont manifestés dès ses premiers choix – voir le variegata 'Beauté de Sologne' (2020) ou la série de SDB enregistrée également en 2020 et en particulier le sympathique 'Le Bleu du Ciel'. Autre variétés attirant l'attention les rejetons de 'Spring Madness' (T. Johnson, 2009) que sont 'Bernassier' (2021), 'Palette de Peintre' (2021) et l'original 'Vieilles Vignes' '2021) aux tons éteints mais rares.


A côté de ces deux importantes affaires, le monde des iris en Région Centre, c'est aussi le Parc Floral de la Source, à Orléans et d'assez nombreux amateurs qui disposent de belles collections, soit dans des jardins privés amoureusement soignés soit dans des châteaux où ces fleurs constituent un complément d'attrait touristique. Parmi ces amateurs certains s'amusent à hybrider, pour leur plaisir, sans intention commerciale. Ainsi Gérard Raffaelli, qui a enregistré deux iris dont le variegata sombre baptisé 'Charlie Forever' (2017). 


 La même année 2017 Joelle Franjeulle, qui tient sa pépinière d'iris à Romorantin, a également enregistré deux variétés. D'origine exclusivement slovaque, 'Délices d'Epices' (Bratislavan Prince X Going Green) joue dans le même registre que le précédent et exploite les teintes fumées. Elle commercialise une riche collection où figurent des variétés d'Europe Centrale et Orientale qu'on ne trouve pas ailleurs. 


 Avant d'en terminer, il faut évoquer un cas particulier : celui de Michèle Bersillon. Dans un tout petit jardin situé au bord de la Loire, elle hybride pour son plus grand plaisir et obtient, depuis un peu plus de vingt ans des variétés remarquables qui démontre une bonne connaissance des règles de l'hybridation et un goût très sûr. Dommage que cette personne se tienne volontairement en dehors du monde français des iris et ne fasse pas partager à ses collègues ses obtentions qui s'intéressent aux grands TB mais aussi les MDB, SDB, IB et BB. Habituée de la compétition allemande qui se juge chaque année à Munich, elle y a reçu plusieurs récompenses qui confirment son talent. C'est le cas de 'Comme un Volcan' (2008), Médaille d'Or en 2010. 


 Ainsi se termine ce tour, forcément incomplet, de l'iridophilie en Région Centre. On y trouve tous les aspect de ce petit monde qui y confirme son caractère bien spécial et bien sympathique.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il fallait au moins mettre une photo convenable de Comme un Volcan.