6.8.22

LA FLEUR DU MOIS

'Gwennaden' (Gérard Madoré, 2001) 
'Honky Tonk Blues' X 'Scandia Delight' 

 Le descriptif officiel de cette variété est : « Blanc crémeux léger et ondulé ; bras de styles blancs ; barbes blanches, jaunes dans la gorge ». C'est donc un iris blanc ! Un iris qui a plus d’un mérite, c'est pourquoi on en parle aujourd'hui. Au jardin, ses fleurs d’un blanc de lait se détachent admirablement sur un fond sombre qui cisèle ses ondulations impeccablement tuyautées comme une coiffe bretonne. Pourtant son nom ne fait pas allusion aux coiffes bigoudènes et autres, mais plutôt à cette blancheur sur la mer qui signale au pêcheur la présence d’un banc de sardines. Une blancheur qui, en quelque sorte émane du bleu de l’océan. On ne pouvait trouver un nom plus approprié pour cette fleur blanche, issue de deux iris bleus. En effet les parents de 'Gwennaden' sont 'Honky Tonk Blues' (Schreiner 1988) du côté féminin, et 'Scandia Delight' (Schreiner 1989) du côté mâle. On ne décrit plus 'Honky Tonk Blues' dont le bleu marbré de blanc a fait le tour du monde, en revanche 'Scandia Delight', bleu pervenche clair à barbes blanches, est nettement moins connu. L’un et l’autre sont des fleurs parfaites au plan esthétique, avec cette ampleur et ses ondulations gracieuses qui caractérisent les produits de la maison Schreiner. Ceux qui ont quelques notions de génétique des iris savent qu’un iris blanc provient essentiellement de deux blancs ou d’un bleu et d’un blanc. Si cette dualité n’est pas apparente à première vue chez 'Gwennaden', elle se découvre très vite à la lecture de son pedigree. Rien de blanc, certes, du côté de 'Honky Tonk Blues', si ce n’est une lointaine origine plicata (responsable des marbrures pâles qui donnent son caractère à cet iris original) où se cachent 'Rococo' et ses antécédents 'Snow Crystal' (Wills 1949) et 'Caroline Jane' (DeForest 51). Mais chez 'Scandia Delight', le blanc n’est pas loin, et il a les meilleures origines. On peut ainsi partir du grand ancêtre que fut 'Kashmire White' (Foster 1912), passer par 'Purissima' (Mohr-Mitchell 1927) à la génération suivante, puis suivre deux branches des descendants de cet iris un peu faiblard mais puissant au plan de la génétique. D’une part il y a eu une première branche qui a donné la lignée de blancs de Nouvelle Angleterre où l'on trouve 'Cup Race' (Buttrick 1963). D’autre part il y a eu l’inévitable 'Snow Flurry' (Rees 1939) d’où découlent 'Rehobeth' (DeForest 1953) Puis 'Winter Olympics' (O. Brown 6193) puis 'Tufted Cloud' (Schreiner 1971). 'Cup Race' et 'Tufted Cloud' ont été croisés pour donner le grand-père de 'Scandia Delight', et le tour est joué. 

 Du côté des bleus, l’ascendance n’est pas mal non plus puisqu’on y découvre 'Great Lakes' (Cousins 1938), 'Eleanor’s Pride' (Watkins 1952), 'Allegiance' (Cook 1957), 'Pacific Panorama' (N. Sexton 1960), tous quatre titulaires d'une Médaille de Dykes, et plusieurs autres d’aussi bonne lignée. 

 Il est dommage que ce 'Gwennaden' n'ait pas été distribué assez largement, en France comme dans le reste du monde, pour que les hybrideurs n'aient été en mesure de l’utiliser. Ils auraient pu profiter notamment de ce que cette plante apporte au monde des iris en terme de robustesse et d’ondulation. Il est maintenant trop tard pour le faire, mais les simples jardiniers peuvent encore se la procurer, d'une part pour en garantir la survie, d'autre part pour apporter à leurs collections une fleur splendide et qui ne se démode pas. 

 Iconographie : 


'Gwennaden'


'Honky Tonk Blues' 


'Scandia Delight' 


'Snow Crystal' 


'Cup Race' 


'Tufted Cloud'

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