13.3.15

S'IL N'EN FALLAIT QU'UNE …

S'il n'en fallait qu'une, laquelle prendrai-je ? Je me suis posé cette question en consultant ma photothèque pour rechercher les illustrations destinées à un récent article. Le feuilleton des prochaines semaines présentera certaines des photos que je trouve bien réussies. Ce ne sont que des photos d'identité, certes, mais elles peuvent tout de même être bien jolies, et leurs réalisateurs ont bien du talent. 

Première semaine : de A à D


'Abiding Love' (T. Johnson, 2014) 


'Big Dipper' (O. Brown, 1981) 


'Coffee Trader' (B. Blyth, 2004) 


'Désiris' (L. Ransom, 1994)

UN ÉCHEC BIENFAISANT ?

Comme la tulipe noire ou la rose bleue, l'iris rouge est un fantasme d'horticulteur avide de parvenir à ce qui paraît inaccessible. Mais si les deux premiers ont finalement été atteints, le troisième reste encore bien loin de se réaliser.

Pour obtenir des iris rouges, les hybrideurs sont partis de fleurs brunes qu'ils ont croisées avec des fleurs orange ou roses. Mais le résultat n'a jamais été parfait. Certes certaines variétés se présentent en un brun-rouge, plus rouge acajou ou rouge bordeaux que vraiment rouge, mais le procédé n'est plus vraiment efficace et il y a longtemps qu'une véritable avancée dans cette voie ait eu lieu. Partant de ce constat le regretté Richard Ernst a entrepris de régler le problème par la biologie et la recherche génique. Son projet était ambitieux et il s'est donné les moyens de le faire aboutir. Il s'est dit que le pigment rouge ne se trouvant concentré, chez l’iris, que dans les poils de certaines barbes, pour avoir des pétales et des sépales rouges, il fallait parvenir à y concentrer autant de rouge, sinon on n’obtiendrait qu’une fleur rose, et encore à la condition d’avoir éliminé les pigments anthocyaniques... Ernst a pris contact avec un physicien qui affirmait qu’il était possible, avec les moyens technologiques actuels, d’obtenir un iris rouge. Il a relevé le défi et s’est mis en rapport avec l’Université de l’Etat d’Oregon pour engager le travail. Ce qui a nécessité l’embauche d’un physicien à temps complet et l’acquisition du matériel de laboratoire. L’Université de l’Etat d’Oregon a entrepris l’analyse complète de l’ADN d’un iris. La pigmentation de douzaines de variétés a été analysée et des cultures de tissu « in vitro » ont été réalisées. Il a fallu douze années de recherche pour découvrir et sélectionner les bons gènes rouges avant que ne commence le processus de transformation, processus qui a été couvert par un brevet. L’iris transformé a alors été mis en culture et la première fleur de ce qui devait être un iris rouge aurait du s’épanouir au printemps 2005. Mais on n'a plus jamais entendu parler de ce fameux iris qui aurait du être rouge. Il est par conséquent évident que la tentative a échoué et que l'argent investi l'a été en pure perte.

Dans le même temps Donald Spoon s'est lancé dans l'aventure mais en empruntant un autre chemin. Il a axé sa recherche sur une voie traditionnelle. Il est parti de la constatation que certains iris, dont 'My Ginny' (Spoon, 2002), présentaient des barbes absolument rouges. Un rouge coquelicot provenant d’une forte concentration de lycopène, le pigment qui fait que les tomates sont rouges. Il en a déduit que ce pigment, lorsqu’il est présent dans une fleur d’iris, peut se trouver concentré à l’extrême dans les barbes, mais ne peut pas se développer de la même façon dans les pétales et sépales parce qu’il est bloqué par un gène particulier. Il imagine qu’il existe deux sortes de gènes inhibiteurs, un pour les barbes et un pour les autres parties, et que ces gènes peuvent exister avec quatre niveaux d’influence : faible, médian, vif et très vif. Le niveau très vif correspond à une quasi-absence de lycopène, donnant une coloration très pâle, proche du blanc. Le niveau vif est synonyme de coloration rose tendre ; le niveau médian abouti au rose soutenu, et le niveau faible laisse le lycopène se développer au maximum, ce qui donne une coloration d’un rose orangé foncé proche du rouge coquelicot. Mais le rouge coquelicot n’est pas le rouge absolu. Il contient une pointe d’orange qu’il faut corriger pour tendre vers la perfection. Cette correction peut être obtenue au moyen d’un trait de pigments anthocyaniques qui adoucit ou rafraîchit la couleur de base. Don Spoon était convaincu qu’en utilisant des parents dont les fleurs ont une forte concentration de lycopène il allait parvenir à ce rêve plus que centenaire de l’iris parfaitement rouge. C'était en 2004. Depuis, silence sur le sujet. Sans doute parce que les résultats n'ont pas été à la hauteur...

Un autre irisarien américain s'est, à peu près au même moment intéressé à cette question. Neil Mogensen s'est efforcé de démontrer qu’il peut exister une troisième voie pour obtenir du rouge. Ce n'est pas facile à rapporter, mais j'ai compris que la couleur rouge pure, qui est produite par la pélargonidine (pigment présent dans les géraniums) fait partie de la même série que la delphinidine (pigment qui colore en bleu les delphiniums …et les iris). Ces deux pigments, ainsi que beaucoup d’autres, sont des éléments de la grande famille des pigments anthocyaniques, hydrosolubles, et présents dans le liquide intercellulaire des fleurs. Ils ne se différencient que par le nombre et la position de radicaux OH attachés à l’un des anneaux de base des anthocyanines. D'après les schémas illustrant l’article, la delphinidine a trois radicaux OH, et la pélargonidine seulement un. D’où l’idée, pour obtenir de la pélargonidine au lieu de la delphinidine, de réussir à retirer deux des radicaux OH de cette dernière. On sait cela depuis les travaux de L. F. Randolph, dans les années 50 et 60. Mais le problème n’est pas de savoir ce qu’il faut faire, mais de trouver comment le faire ! Mais si l’on sait, aujourd'hui, où se situe sur les chromosomes de l’iris, l’enzyme qui détermine le nombre des radicaux OH et l’emplacement où ils s’attachent, la manipulation qui pourrait aboutir à transformer la delphinidine et pélargonidine n'est pas simple ! Parce qu’aux pigments de base, s’ajoutent des co-pigments et des variations du taux d’acidité du liquide intercellulaire qui rendent l’opération infiniment complexe et très aléatoire dans ses résultats. D’autant plus que, paraît-il, le processus de transformation pourrait être bloqué par une réaction de la plante qui, constatant une anomalie dans les cellules, rétablirait automatiquement la normalité ! Neil Mogensen n'est donc sûr de rien...

Ceci se passait en 2006. Depuis les événements qui se sont produits ont pratiquement stoppé les recherches : Richard Ernst et Neil Mogensen sont décédés et Don Spoon ne communique plus sur le sujet. La recherche de l'iris rouge est-elle donc enterrée ?

Richard Ernst avait eu l'idée de la transplantation de gènes de lis dans les chromosomes de l’iris pour tenter de lui donner la couleur éclatante d’un poivron ; Neil Mogensen avait eu celle de la production d’une grande quantité de pélargonidine pour atteindre le rouge du géranium zonale ; Donald Spoon a tenté de saturer le lycopène des iris roses ou oranges et d’y ajouter une pointe de violet pour donner l’illusion du rouge pompier. A l'heure qu'il est je pense que le projet va rester encore quelques temps dans les tiroirs des chercheurs et dans les rêves des hybrideurs, mais je crois que les avancées de la génétique aboutiront un jour ou l'autre à la révolution recherchée. Car si le projet est aujourd'hui en panne, on peut être certain qu'un jour prochain quelqu'un le reprendra.

Aboutira-t-il ? Nul ne peut le savoir, mais s'il se réalise, Il y a tout lieu de penser que ce sera une révolution plus fondamentale que celles qui l'ont précédée. L'iris reste une plante naturelle. Les hybrideurs y ont apporté des modifications importantes, mais ils sont restés jusqu'à présent dans le domaine de la nature. Avec l'apparition d'un rouge transgénique, nous serons dans un autre monde, et comme les iris génétiquement modifiés seront immanquablement croisés avec des iris naturels, nous finirons par n'obtenir que des variétés artificielles. Les iris « pur jus » seront des antiquités sanctuarisées qu'on conservera religieusement. Cela me fait un peu peur. Ne serait-il pas préférable que cela échoue, pour que l'iris reste la plante qu'il a été depuis son apparition sur notre terre ?

Illustrations : 


Un « rouge » actuel : semis Bianco #696 


'My Ginny' 


Une vue d'artiste

6.3.15

CARNABY (FLEUR DU MOIS)

Pourquoi, quand j'ai fait mon choix pour ma première commande d'iris, n'ai-je pas retenu 'Carnaby' (Schreiner, 1973) ? Je n'en sais plus rien, mais j'ai toujours un peu regretté de n'avoir jamais eu cette variété dans ma collection. Chaque fois que je l'ai vue dans un jardin je l'ai admirée.

La description officiel de 'Carnaby' est la suivante : « S. warm pink; F. rose-pink, lightly ruffled; tangerine-orange beard. » Ce qui donne en français : « Pétales d'un rose chaud ; sépales rose magenta, légèrement ondulés ; barbes mandarine. » C'est oublier de dire que le rose violacé des sépales va en s'éclaircissant jusqu'à rejoindre le rose doré des pétales, et qu'une flamme blanc rosé éclaire le centre des sépales. Ces traits pourtant donnent tout leur caractère à la fleur. Son pedigree est : (Wine and Roses X Y 1307-A: (R 118-B x Rippling Waters)). Y intervient un semis numéroté R 118-B dont on ne sait rien, mais les deux autres participants sont bien identifiés. 'Wine and Roses' (Hall, 1963) est a l'origine d'un grand nombre d'iris (78 officiellement) dont certains très connus comme 'Country Charm' (Schreiner, 1998), 'Delicato' (Schreiner, 1972), 'Fancy Tales' (Shoop, 1980), 'Latin Lover' (Shoop, 1969), 'Lorenzaccio de Medicis' (P.C. Anfosso, 1979) ou 'Starship Enterprise' (Schreiner, 1999) pour n'en citer que quelques-uns. 'Rippling Waters' (Fay, 1961) est, lui, un pilier de l'horticulture des iris, il a obtenu le Médaille de Dykes en 1966 et figure directement au pedigree de plus de 350 variétés !

Ce 'Carnaby' n'a donc rien de révolutionnaire, mais avec ses douces couleurs parfaitement harmonisées, il est très réussi et un certain nombre d'obtenteurs, conscients de ses charmes et de son intérêt horticole s'en sont servi dans leurs croisements, dont la maison Schreiner elle-même. Elle a enregistré 'Live Music' (1983) chez qui l'on retrouve nettement les traits du « père ».

D'autres variétés s'approchent par leur aspect de ce 'Carnaby'. Certaines l'ont même précédé, comme 'Barcelona' (O. Brown, 1967). C'est d'ailleurs à partir de 'Barcelona' que Barry Blyth a créé sa lignée de bicolores rose/pourpre. Voyez ses 'Piper's Flute' (1974), 'Lilac Wine' (1977), ou 'Eurythmic' (1978). 'Piper's Flute' provient de (Barcelona X Outer Limits) ; 'Lilac Wine' est un cousin du précédent : ((Barcelona x Outer Limits) X (Snowlight x Visionary sib) ; et 'Eurythmic', parti de la même base, complique un peu les choses sans ajouter vraiment du nouveau : (Mossenova X (((Touché x Rhythm and Blues) x (Barcelona x Outer Limits))) x (((Barcelona x Outer Limits) x Snowlight) x (Ghio 68-116 x Center Stage))).

Mais à regarder tous ces iris proches par le coloris, je ne peux m'empêcher de considérer que 'Carnaby' est d'une essence supérieure et qu'aucune autre variété n'est arrivée à son niveau, même parmi ses descendants. Prenez ce 'Crimson Cloud' (Schreiner, 2010 ) : il est joli, mais ses couleurs plus contrastées n'ont pas le chic de l'ancêtre. Parmi les variétés modernes, je ne vois que 'Cherry Blossom Song' (Hedgecock, 1999) pour s'en approcher. Le pedigree de celui-ci est (Hazel Jean X What's Up Doc), une alliance qui ne laissait présager rien de sensationnel car unissant un rose-beige plutôt ordinaire, 'Hazel Jean' (Hedgecock, 1992), et un enfant de 'Sky Hooks', 'What's up Doc' (Hedgecock, 1988), beige manquant nettement de fraîcheur. Comme quoi la magie des hybridations peut faire naître des beautés là où on ne les attend pas forcément.

Ces considérations ne m'empêchent pas de déplorer de n'avoir jamais eu parmi mes chers iris ce 'Carnaby' que j'apprécie toujours autant malgré les années qui passent et le repoussent maintenant des les archives de l'histoire des iris.

 Illustrations : 


'Carnaby' 


'Barcelona'


'Cherry Blossom Song' 


'Crimson Cloud'

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Un nouveau livre 

Lech Komarnicki, artiste et iridophile polonais, prépare un important ouvrage ayant trait à toutes les sortes d'iris rhizomateux. Une place importante y sera faite aux iris français. Ce gros livre sera édité en quatre langues : polonais, allemand, anglais et français. Nos compatriotes pourront donc le lire commodément. Je tiendrai les lecteurs de Irisenligne au courant de l'évolution de ce projet.

DE LA BEAUTÉ

Contentons-nous de parler de la beauté des iris, puisque ces fleurs constituent ce qui nous intéresse ici.

La beauté des iris, ou l'idée que nous nous en faisons, a bien changé au cours du temps. Il s'agit d'une évolution équivalente à celle de tout ce qui est considéré comme beau. La beauté d'Agnès Sorel, la maîtresse du roi Charles VII, ferait-elle aujourd'hui se pâmer ses contemporains ? De même dirait-on maintenant qu'est belle la reine Marie-Antoinette, avec ses vêtements extravagants et ses fards outranciers ? Les canons de la beauté sont intimement liés au phénomène de mode et c'est vrai pour les iris comme pour les êtres humains. Mais dans le cas de notre fleur préférée un paramètre supplémentaire est à prendre en compte : les progrès de l'horticulture.

Prenons une variété comme 'Anne-Marie Cayeux' (Cayeux, 1928). Voici ce qu'on trouve à son sujet dans le compte-rendu des travaux de la Commission des Iris de 1933 : « Il n'existe rien de semblable à cette variété dans les iris ; grande fleur, très jolie forme et de bonne consistance, ensemble du coloris héliotrope rosé ; divisions supérieures à peine nuancées de fauve, les inférieures éclairées au centre, rappelant le coloris gorge de pigeon. Un grande amélioration des plus distinctes dans les iris depuis longtemps. » Une fleur du même genre était en compétition pour le premier trophée Franciris, en 2000. En effectuant son premier tour parmi les plantes à juger, le jury, à l'unanimité, a suivi son président, le Pr. Gambassini, et éliminé ce candidat, sans autre forme de procès. La fleur était « démodée » ! Qu'en était-il de sa beauté intrinsèque ? Personne n'a songé à en tenir compte. Cela ne remet pas en cause les qualités de 'Samsara' (Ransom, 1996), qui l'a emporté cette année-là, mais on peut être certain que ce même 'Samsara' ne serait pas consacré aujourd'hui ! Cette fleur n'a rien perdu de sa beauté et des qualités qui lui ont valu sa récompense, mais la mode a évolué et les juges y sont forcément sensibles : ils ont dans leur esprit une autre idée de la beauté, où la modernité tient plus de place que la beauté proprement dite.

La beauté est donc liée au temps et, en matière d'iris, aux progrès de l'hybridation. Ce sont, à ce stade, les hybrideurs eux-même qui influent sur ce qui est la beauté. Ils établissent leurs croisements en tenant compte des caractères qu'ils veulent obtenir ou reproduire, et, au moment de la sélection, ils choisissent les variétés dont les fleurs ont des formes ou des couleurs qui sont dans l'air du temps. Prenons l'exemple des fleurs à éperons. Pendant des années ces appendices ont été considérés comme des monstruosités et les plantes qui les portaient ont été impitoyablement éliminées. Puis un jour un hybrideur a estimé que cela pouvait être esthétique et il en a mis certaines sur le marché. Ce fut la même chose avec les iris qu'on désigne sous- le vocable de « broken colors » faute de leur avoir trouvé une désignation en latin horticole acceptée par tous.

Mais à ce niveau intervient une autre composante : l'opinion des amateurs. Celle-là est plus difficile à cerner. Il arrive que l'adhésion des collectionneurs à ce que certains considèrent comme beau est lente à intervenir. Il faut tenir compte de la résistance au changement et bien des éléments nouveaux sont considérés comme laids pendant des années avant que, l'habitude aidant, ils soient enfin adoptés. D'autres au contraire ont immédiatement du succès. Iris à éperons (ou rostratas) et iris à couleurs brouillées (ou broken colors) ont eu du mal à être reconnus ; alors que les fleurs à pétales bouillonnés se sont imposées dès leur apparition. Ce fut le cas pour 'Sea Power' (Keppel, 1999) ou 'Decadence' (Blyth, 2004).

Voilà donc la beauté future sélectionnée par les hybrideurs inspirés, puis installée par les amateurs. C'est suffisant pour faire le succès des bêtes à concours, mais cela ne garantit pas l'enracinement des variétés qualifiées de belles par les « professionnels de la profession » dans les choix du public. Bien souvent on a remarqué que des variétés appréciées des personnes qualifiées n'ont pas eu le même accueil de la part des acheteurs. Et n'oublions pas que ce sont ces derniers qui permettent au petit monde des iris d'exister et à la recherche d'avancer. Pourquoi 'Silk Road' (Keppel, 2007), fleur récompensée à Florence, qui réunit tous les traits de l'élégance, du bon goût et, en un mot, de la beauté est-il resté si discret, alors que 'Gypsy Lord' (Keppel, 2005), de la même écurie et de la même génération a tout de suite atteint des sommets dans les votes de popularité ? Le public ne juge pas la beauté avec les mêmes règles que les autres intervenants dans ces appréciations, c'est pourquoi, par exemple, les iris primés au concours de Munich – où les juges patentés n'interviennent pas, n'auraient sans doute pas obtenu les mêmes résultats devant un jury de professionnels.

La beauté des iris s'apprécie donc à trois niveaux : celui des obtenteurs, celui des juges (et des collectionneurs) et celui du grand public. Il peut y avoir de sérieuses différences, mais, en fin de compte, une sorte d'équilibre s'établit et une tendance générale apparaît. Ce qu'on considère comme la beauté suit donc l'évolution de la mode car ce qui est déclaré comme beau à un moment n'obtiendra plus la même appréciation quelques temps plus tard. C'est une autre application de l'adage « ainsi passe la gloire du monde »...

Illustrations :

'Anne Marie Cayeux''  


'Samsara' 


'Decadence' 


'Silk Road'

27.2.15

AU BON VIEUX TEMPS

La « Historic Iris Préservation Society », dédiées aux variétés qualifiées de « historiques », c'est à dire, selon la terminologie américaine, enregistrées depuis plus de trente ans, publie deux fois l'an un bulletin tout en couleur rempli de remarquables photos de variétés anciennes. C'est de là, essentiellement, que viennent les illustration de ce feuilleton. Pendant quelques semaines nous passerons en revue des variétés peu ou pas du tout connues, classées par famille de coloris 

Variegata : Encore un modèle qui remonte aux débuts de l'hybridation des iris. Il a toujours eu du succès. Témoins :


'Colonel Candelot' (Millet, 1907) 


'Sudan' (Bliss, 1921) 


'Mexico' (Kleinsorge, 1943) 


'Shannopin' (Pillow, 1940)

TROIS COULEURS POUR UNE FLEUR

Troisième partie : Tricolores 2000

Certains hybrideurs se sont donné pour but d'obtenir des fleurs tricolores originales. Il semble que ce soit le cas, tout au moins en partie, pour la firme Schreiner, là-bas, en Oregon. Si l'on en croit le pedigree de 'Starship Enterprise' (1999), l'affaire n'a pas été facile ! Qu'on en juge : AA 1324-G: (Gypsy Woman x N 502-FF: (I 335-5: ((C 973-A: (Lilac Champagne x (Toll Gate x After Dark)) x ((Alpenrose x Whole Cloth) x Cashmere)) x (C 973-A x (((Broadway Star x Giant Rose) x ((Maytime x Opal Beauty) x Whole Cloth)) x Wine and Roses))) x H 238-A: ((Champagne Music x (R 1052-2 x Christmas Time)) x (Orchid Brocade x (Annabel Lee sib x Emma Cook))))) X AA 1374-A: ((Sailmaster x ((Mysterious x (Matinata x ((Agatine x Tompkins 50-82) x Edenite))) x (Shoreline sib x Brook Flower))) x Ragtime). Il y a là de quoi donner du fil à retordre aux meilleurs généalogistes ! Le résultat final est un iris très original décrit comme ceci : S. crystalline white (RHS 155D), midrib golden yellow; F. light creamy yellow (10A) to white, yellow shoulders, 2" rosy magenta (71B) marginal band; beards golden yellow. Ce qui peut se traduire par : « pétales blanc cristallin, côtes jaune doré ; sépales allant du jaune crémeux clair au blanc, épaules jaunes, entourés d'une bande de 5cm de rose-magenta ; barbes jaune doré. » Les trois couleurs sont donc le blanc, le jaune et le magenta. Techniquement, c'est une fleur jaune, dont les pigments caroténoïdes sont partiellement inhibés dans les pétales et le cœur des sépales, et où les pigments anthocyaniques, bleus, se concentrent au bord des sépales et, par effet d'optique, apparaissent rose-violacé, ou magenta.

 Dans ce pedigree il y a 'Gypsy Woman' (Schreiner, 1985) qui est aussi une variété tricolore, avec des pétales jaune crémeux, et des sépales blancs finement ourlés de mauve rosé.

L'association typique de 'Starship Enterprise' se retrouve chez certains de ses descendants, comme 'Fall Enterprise' (M. Sutton, 2006), où le rose magenta est remplacé par un bleu violacé, ou, encore mieux, 'Three Rings Circus' (Jedlicka, 2007), où l'on retrouve les couleurs du modèle, et même 'Voyager' (Filardi, 2011), chez qui le jaune est remplacé par un ocre clair, qui vient cerner l'ensemble des sépales.

Les traits de 'Gypsy Woman', font leur réapparition chez d'autres descendants de 'Starship Enterprise', notamment le coloris jaune des pétales, donc plus modérément inhibé, qui caractérisent 'Jacques Coeur' (Cayeux, 2009), où le blanc n'est guère visible qu'au centre des sépales, ou 'Rainbow High' (Keppel, 2009), magnifique tricolore jaune, blanc et magenta, agrémenté d'un liseré marron. A ce stade il faut évoquer 'Terryton' (Ames, 1996) qui comporte lui-aussi trois couleurs (pétales jaunes, sépales blancs cerclés de traces amarante) et qui, associé à 'Staship Enterprise', a donné naissance à 'Wanda Rezac' (Jedlicka, 2007), lui-aussi ourlé de brun, tout comme son descendant 'Bohemian Girl' ( Jedlicka, 2011).

Apparemment c'est une tout autre voie qui a abouti à une variété voisine, vigoureusement colorée : 'Care to Dance' (Schreiner, 2013). Voici son pedigree dans son intégralité : (Spirit World x EE 631-1: (BB 1973-1: (T 815-1, (EE 291-A: (T 869-2, Rosette Wine sib, x Mulberry Punch) x Wayside’s Apricot Delite) x Sweeter Than Wine) x AA 1381-1: (1985 #15, unknown, x Chinese Treasure))) X JJ 1141-B: (AA 1664-C: (S 886-1, sib to Midnight Hour pod parent, x Electrabrite) x AA 1586-1: (V 837-B: (Live Music x S 359-3: (Bristo Magic x Latin Lady)) x Goodbye Heart)). C'est encore un joli casse-tête pour les généalogistes ! Le résultat est tout à fait superbe : une fleur aux pétales blancs, un peu ocrés au centre, des sépales rose framboise, qui s'assombrissent en rose amarante, puis se terminent par un large liseré bleu lavande. On peut affirmer qu'on est parvenu dans ce cas à une fleur en quadrichromie qui marque sans doute une étape dans le genre multicolore. On devrait en reparler bientôt.

On est très loin des couleurs fondues propres aux iris des années 1920/1930. Très loin aussi des tricolores à la Cayeux. Mais que ce soit l'un ou l'autre modèle, on a sous les yeux des fleurs qui comblent les amateurs que nous sommes.

Illustrations : 


 'Starship Enterprise' (voir pedigree ci-dessus) 


'Gypsy Woman' (((Champagne Music x B 701-1) x (Orchid Brocade x A 868-1)) X 3 generations of inv. crosses of flamingo-rose and pink sdlgs. and Emma Cook) 


'Terryton' (Joyce Terry X Nebeker 994-1: (Classic Treasure x Planned Treasure)) 


 'Care to Dance' (voir pedigree ci-dessus)

21.2.15

AU BON VIEUX TEMPS

La « Historic Iris Préservation Society », dédiées aux variétés qualifiées de « historiques », c'est à dire, selon la terminologie américaine, enregistrées depuis plus de trente ans, publie deux fois l'an un bulletin tout en couleur rempli de remarquables photos de variétés anciennes. C'est de là, essentiellement, que viennent les illustration de ce feuilleton. Pendant quelques semaines nous passerons en revue des variétés peu ou pas du tout connues, classées par famille de coloris 

 En mélange : 

Les couleurs mélangées (qu'on appelle « blend ») étaient très fréquentes chez les anciennes variétés, souvent le rose et le jaune se mêlait agréablement, comme le prouve les photos de :


'Evolution' (Cayeux, 1929) 


'Rameses' (H. Sass, 1929) 


'Eldorado' (Vilmorin, 1910) 


'Opaline' (Williamson, 1928)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Quand on sème, on ne compte pas ! 

Notre ami Loïc Tasquier, qui s'est spécialisé dans les iris médians, est un véritable fondu de l'hybridation. Voyez plutôt :

En 2007 il a semé environ 3500 graines ;
En 2008 il est passé à près de 4500 ;
En 2009, plus de 6000 ;
En 2010, « seulement » 5000 ;
En 2011, année record, plus de 6300 graines !!

Le taux de germination des iris intermédiaires ou nains est plus faible que celui des grands iris, heureusement ! Il n'empêche que les Pays-Bas vont bientôt être le pays-roi des iris !

TROIS COULEURS POUR UNE FLEUR

Deuxième partie : Le temps des cocardiers 

On n'apprécie plus guère aujourd'hui les fleurs délicate dont il a été question précédemment : pour plaire, il faut des coloris plus tranchés, voire des teintes qui flashent ! Les fleurs où se juxtaposent le blanc, le bleu et le rouge font partie de celles qui ont le plus de succès. Mais sont-ce des iris tricolores ? Pas vraiment puisque ce n'est plus la coloration des divisions florales qui est prise en considération : on fait intervenir la couleur des barbes. Qu'importe ! Les trois couleurs sont bien là, et le contraste est réussi.

 La paternité de ce modèle revient sans conteste à Jean Cayeux qui a eu l'idée géniale de croiser son 'Condottiere' (J. Cayeux, 1978) avec le petit 'Delphi' (Shoop, 1979), modeste plante, mais dotée de barbes rouges intéressantes. Richard Cayeux a raconté comment ce croisement a donné naissance à un semis bleu-blanc-rouge, mais insuffisamment contrasté, qui n’est connu que sous son numéro (8109 A), et comment, recroisé avec d’autres descendants de 'Condottiere', il est à l’origine d’une série exceptionnelle de variétés tricolores. Quatre frères de semis ont tout d'abord été sélectionnés : 'Bal Masqué' (1991), 'Marbre Bleu' (1993), 'Rebecca Perret' (1992) et 'Vive La France' (1991), puis survinrent d'autres avatars comme 'Parisien' (1994), 'Effervescence' (1995) et 'Ruban Bleu' (1997). Chacun dans leur genre ils constituent des variations sur le thème du bleu-blanc-rouge.

'Vive la France' a été le premier mis sur le marché. Son apparition a été orchestrée de manière à faire pièce au succès de 'Révolution' (1989) de la famille Anfosso qui a joué sur la combinaison tricolore, mais, il est vrai, en trichant un petit peu car il n'y a pas vraiment de blanc dans cette fleur, ce qui ne lui enlève aucune de ses autres qualités. 'Bal Masqué', avec ses sépales richement colorés est encore plus intéressant. 'Marbre bleu', aux sépales violacés tachés de blanc, puis 'Rebecca Perret', d'un bleu plus tendre, montrent d'autres facettes du produit. 'Parisien', plus pâle, 'Effervescence' plus mauve mais avec des barbes proéminentes et vivement colorées, puis 'Ruban Bleu', le plus contrasté, terminent la série.

 Les autres hybrideurs sont-ils en reste ? Aux États-Unis, c'est sans doute le cas. En effet il n'y a pas beaucoup de variétés qui ont adopté cette disposition. Schreiner, avec 'Major League' (2006) a bien relevé le défi, avec pas mal de retard et en utilisant les mêmes parents – ou presque – mais avec beaucoup de succès. Keppel n'est pas non plus resté sans réagir et, comme il fallait s'y attendre, avec une réussite absolue. 'Gypsy Lord' (2005), aligne dans son pedigree 'Last Laugh', 'Braggadocio' et 'Romantic Evening', 'Last Laugh' représentant le couple basique (Delphi X Condottiere) par l'intermédiaire de ses ancêtres 'French Connection' puis 'Parisian Flight'. En plus d'être exactement dans le modèle, il a a engendré de nombreuses variétés qui le sont aussi. C'est Barry Blyth qui a saisi la balle au bond et obtenu toute une famille de tricolores parmi lesquels il est bien difficile de faire un choix. Citons néanmoins 'Advance to Go', 'Royal Orders' et 'Street Sensation', sans oublier 'Mindful' qui peut être qualifié de quadricolore puisque ses sépales s'entourent d'un liseré violacé très esthétique. D'autres hybrideurs se sont aussi essayés, mais avec moins de réussite (Z. Siedl, O. Riabykh, V. Kolesnikov...).

Les tricolores façon Cayeux sont des variétés qui plaisent et qui ont encore un bel avenir commercial devant elles.

 Illustrations : 


 'Ruban Bleu' ((Alizes sib, x Love Bandit) X (Condottiere x Delphi))


 'Gypsy Lord' (Last Laugh X (Braggadocio x Romantic Evening))


 'Street Sensation' (Gypsy Lord X (Hold My Hand x Decadence)) 


 'Mindful' (Downtown Man X (Gypsy Lord sib, x Rio sib))

13.2.15

AU BON VIEUX TEMPS

La « Historic Iris Préservation Society », dédiées aux variétés qualifiées de « historiques », c'est à dire, selon la terminologie américaine, enregistrées depuis plus de trente ans, publie deux fois l'an un bulletin tout en couleur rempli de remarquables photos de variétés anciennes. C'est de là, essentiellement, que viennent les illustration de ce feuilleton. Pendant quelques semaines nous passerons en revue des variétés peu ou pas du tout connues, classées par famille de coloris

Plicata :

 C'est ce modèle qui a été parmi les premiers sélectionnés, dès les années 1830. Il a évolué et les photos ci-dessous le prouvent :


'Los Angeles' (Mohr-Mitchell, 1927) 


'Firecracker' (Hall, 1943) 


'Gay Border' (DeForest, 1947) 


'Mme Chobaut' (Denis, 1916)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Made in France 

 Le travail des hybrideurs amateurs français s'est considérablement perfectionné depuis quelques années ; de nombreux « petits nouveaux » sont apparus, pleins de fougue et d'enthousiasme. Ils présentent aujourd'hui leurs obtentions et on ne peut qu'admirer ce qu'ils font. Si les plantes sont à la mesure de la qualité des fleurs (et c'est le cas pour ce que j'en ai vu personnellement), ils peuvent se mesurer aux meilleurs.

 Voici quelques photos d'obtentions récentes d'hybrideurs français qui devraient être enregistrées incessamment, ou qui viennent de l'être. Mais il y en a beaucoup d'autres !

Aujourd'hui il n'est plus nécessaire d'aller systématiquement chercher des iris au-delà des mers ; en France, comme partout en Europe d'ailleurs, il y a tout ce qui peut contenter les collectionneurs les plus exigeants. Espérons que ces jolies choses apparaîtront bientôt dans les catalogues ou sur les sites de nos pépiniéristes ayant pignon sur rue.


semis TB plicata de Stéphane Boivin 
semis TB distallata de Daniel Boris 
semis TB distallata de Roland Dejoux 


semis TB amoena inversé J. C. Jacob ('Fille de l'Eau') 
semis TB amoena de Marin Le May 
semis TB amoena de Jérôme Patard 


semis SDB unicolore ocre de Loïc Tasquier ('Pondichéri') 
semis TB bitone de Rose-Linda Vasquez ('Habit de Soirée)

TROIS COULEURS POUR UNE FLEUR

Première partie : Tout s’emmêle 

 Il y a bien longtemps qu'on parle d'iris en trois couleurs. Ce sont ceux que les Américains appellent « blend », qui veut dire « mélangé », et pour lesquels nous, Français, n'avons pas trouvé de traduction adaptée et qui figurent donc dans nos catalogues sous leur dénomination américaine. Ils font tout le charme des anciennes variétés de l'entre-deux-guerres, période pendant laquelle ils ont été introduits en abondance en Europe comme en Amérique. Ils ont été si nombreux qu'il faut un œil exercé pour faire la différence entre beaucoup d'entre eux, car les coloris sont souvent très voisins, voire même presque identiques. D'ailleurs les descriptions que l'on peut trouver dans les documents d'époque expriment bien la difficulté. Ainsi celle de 'Evolution' (Cayeux, 1929) : « teinte tout à fait nouvelle, divisions supérieures bronze cuivré chaud, les inférieures de même teinte avec grandes taches bleu rosé, gorge de pigeon au centre. » Et celle de 'Sérénité' (Cayeux, 1931) : « Divisions supérieure isabelle légèrement nuancé de lavande passant au jaune doré vers la base, les inférieures bleu pastel atténuées au pourtour. » Il faut avoir recours à la photo pour distinguer les deux fleurs. Quelque fois, cependant, les trois couleurs sont plus nettement séparées, comme c'est le cas pour 'Francheville' (Cayeux, 1927) : « Divisions supérieures chamois fauve nuancé lilas très clair, les inférieures rouge pourpré éclairé d'héliotrope. » Et pour 'Polichinelle' (Cayeux, 1929) : « Divisions supérieures isabelle bleuté, divisions inférieures bleu d'aniline bordé lavande. » Même si les descriptions ne font pas parfaitement la différence !

Dans chacun des exemples ci-dessus on est en face de fleurs où toutes les couleurs se mêlent pour donner un ensemble délicat et harmonieux, tout en douceur et en sensibilité : la classe, quoi !

On aurait pu choisir de montrer des fleurs nées aux Amériques à la même époque, et on serait parvenu au même résultat : pourraient en témoigner 'Sindjkha' (Sturtevant, 1918) ou 'Opaline' (Williamson, 1932).

 Toutes ces variétés constituent des évolutions de ce qui fut l'apparence majoritaire des iris jusqu'à l'implantation complète et définitive de la tétraploïdie, c'est à dire le modèle néglecta. On peut dire que ce modèle était presque la règle dans les années 1920/1930. Il y avait alors, pour l'essentiel, trois couleurs dominantes auxquelles on donnait tout un tas de tons dégradés du plus heureux effet, à commencer par deux tons de grenat : un coloris plaisant où rien ne s’oppose mais où tout s’harmonise, avec un côté vif, mais qui reste raisonnable. Il y avait ensuite deux tons de violet : le violet, à cette époque avait acquis une profondeur et un velouté exceptionnels. Enfin on trouvait les fleurs mauve sur pourpre, ce qui a donné des fleurs somptueuses, contrastées mais sans excès, assorties mais sans fadeur. Ces évolutions ont été une étape vers des couleurs plus tranchées et des voisinages plus violents. Elles avaient l'avantage de la discrétion mais, à être trop proches les unes des autres elles génèrent une monotonie qui finit par lasser. Aujourd'hui on joue donc les blasés et les variétés qui ressemblent à celles de l'entre-deux-guerres (il y en a encore chaque année de nouvelles) sont considérées avec un manque évident d'intérêt qui peut aller jusqu'au dédain. À l'heure actuelle on peut obtenir à peu près tout ce que l'on veut en matière de modèle ou de coloris – et cela nous vaut chaque année une avalanche de nouveautés dont le plus grand nombre ne survivra que quelques saisons – et l'on a oublié le temps où un nouveau modèle, un nouveau coloris était un événement, mais où les variétés nouvelles étaient assurées d'une longue vie, voire d'une quasi éternité. La rareté était un gage de très longue existence, la profusion est la garantie d'un oubli à brève échéance.

 Soyons tranquilles ! Les admirables iris aux couleurs fondues de Ferdinand Cayeux et de ses contemporains sont toujours là et on peut parier qu'elles feront le bonheur de nos petits-enfants comme elles font le nôtre aujourd'hui.

Illustrations : 


 'Evolution' (Ochracea Caerulea X Marsh Marigold) 


'Francheville' (pedigree non enregistré) 


'Sérénité' (Claude Aureau X Petit Vitry) 


'Polichinelle' (pedigree non enregistré)

6.2.15

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Au boulot !

 La photo illustrant ce petit écho publié la semaine dernière est signée Mike Unser. Mike Unser est un spécialiste des iris anciens et a été longtemps la cheville ouvrière de la HIPS (Historic Iris Preservation Society).

Merci à lui de m'avoir permis de réparer une absence d'identification bien injuste.

SCHIAPARELLI

(FLEUR DU MOIS)

Le plus joli livre sur les iris que je connaisse c'est « L'Iris » du photographe Jos Westrich, préfacé par Yves Grainville et commenté par Benjamin Hager. Je m'y replonge avec délice de temps en temps. D'abord pour la beauté des photos, ensuite pour la qualité des commentaires. Ben Hager était un « monsieur » des iris, qui s'exprimait avec une aisance et une précision que j'admire. Maintenant ces commentaires ont quelquefois vieilli, mais leur côté didactique reste et éclaire bien des domaines du monde des iris.

Pour la photo de 'Schiaparelli', il écrit ceci : « Les iris roses ont la plupart du temps des traits communs. En général à leurs tons délicats s'ajoutent une certaine douceur, un rien d'éthéré dans la forme. Touys ont des barbes mandarine, comme le montre cette photographie. » Il parle en connaissance de cause, Ben Hager, lui qui a eu le bonheur de voir deux de ses obtentions roses s'emparer de la Médaille de Dykes. 'Vanity' (1975) en 1982, puis 'Beverly Sills' (1979) en 1985 lui ont apporté une gloire mille fois méritée. Mais il est aussi à l'origine des iris roses possédant des barbes autres que mandarine. 'Magic' (1987), puis 'Magic Wish' (1990) ont inauguré les barbes bleues. Mais d'autres ont exhibé des barbes franchement rouges ou tendrement roses... Bref, Hager s'y connaît en matière de roses. En parlant de 'Schiaparelli' (Moldovan, 1974) il décrit une variété remarquable.

Je ne me souviens plus où j'ai vu cet iris pour la première fois. Était-ce chez Cayeux ? Ou, plutôt au Parc de la Source à Orléans ? En tout cas il m'avait beaucoup plu et j'avais à l'époque envisagé d'en faire l'acquisition ; mais cela n'a pas eu lieu... En le retrouvant au hasard de mes lectures, j'ai considéré qu'il méritait bien un coup de chapeau.

Ce bel iris rose à barbes cerise (plus que mandarine, mais on parle de mandarine pour toutes les barbes qui contiennent une dose de pigments caroténoïdes) est issu du croisement suivant : ((Fleeta x Pink Enchantment) x Waters sdlg.) X (New Arrival x One Desire). 'Fleeta' (Fay, 1956) est un blanc à barbes mandarine, héritier de divers iris roses ; 'Pink Enchantement' (Hall, 1953) est un rose vif ; on ne peut pas savoir, hélas, ce que cache le semis de Donald Waters, en revanche 'New Arrival' (Fay, 1960) est bien une fleur uniformément rose, lui-aussi enfant de 'Fleeta' ; enfin il est inutile de présenter 'One Desire' (Shoop, 1960) considéré longtemps comme le plus rose de tous les iris. Il y avait là tous les ingrédients pour obtenir une variété rose de qualité. Ce fut le cas, mais, malgré tous ses mérites, sans doute plus ou moins bien distribuée, elle n'a pas été plus loin que le niveau HM dans la course aux médailles. Cela n'a pas empêché les hybrideurs de penser à elle pour leurs croisements puisqu'elle a eu une descendance flatteuse chez au moins deux grands obtenteurs : Opal Brown, aux Etats-Unis, et Jean Cayeux, en France. Ce dernier a fait usage du croisement (Pink Taffeta x Schiaparelli) pour créer, à la première génération 'Roseplic' (1990), et, à la suivante, 'Volute' (1995) puis 'Effervescence' (1999). Quant à Opal Brown, elle a réalisé les croisements (Schiaparelli x Instant Charm) ou (Schiaparelli sib. x Instant Charm) ou bien l'inverse, ce qui lui a fourni plusieurs de ces plus beaux iris roses, comme 'Classic Edition' (1986), 'Cozy and Warm' (1982), 'Custom Made' (1981) ou 'Spring Serenade' (1992).

'Schiaparelli', qui rend hommage à la célèbre créatrice de mode de l'entre-deux-guerres Elsa Schiaparelli, est une variété méritante, qui n'a certainement pas eu la diffusion qui lui aurait permis d'être mieux connue et appréciée. En tous cas ceux qui ont entrevu ses aptitudes génétiques n'ont pas eu à le regretter !

Illustrations : 


'Schiaparelli' 


'One Desire' 


'Roseplic' 


'Classic Edition'

AU BON VIEUX TEMPS

La « Historic Iris Préservation Society », dédiées aux variétés qualifiées de « historiques », c'est à dire, selon la terminologie américaine, enregistrées depuis plus de trente ans, publie deux fois l'an un bulletin tout en couleur rempli de remarquables photos de variétés anciennes. C'est de là, essentiellement, que viennent les illustration de ce feuilleton. Pendant quelques semaines nous passerons en revue des variétés peu ou pas du tout connues, classées par famille de coloris 

Bicolore et amoena:

Ce sont des dispositions encore rares au bon vieux temps, de plus les contrastes sont moins vifs que de nos jours, et les associations plus traditionnelles. Pour s'en rendre compte on peut voir :


'Folkwang' (Goos & Koenemann, 1925) 


'Potawatomi' (Wise, 1949) 


'Mildred Presby' (Farr, 1923) 


'Elizabethg Noble' (K. Smith, 1943)