21.6.02

L’EVEIL

Le temps est passé où les enregistrements de variétés nouvelles françaises ne concernaient que les deux ténors Cayeux et Anfosso. Depuis quelques années les obtenteurs français ne se cachent plus, et même s’ils sont loin de leurs homologues américains, voire est-européens, ils n’hésitent plus à enregistrer leur production.

C’est en 1991 que le mouvement a pris corps avec la première introduction de Lawrence Ransom, le petit SDB TRESCOLS. En 1994 Jean Peyrard a enregistré OSTROGOTH. En 1996 c’est au tour de Christian Lanthelme de se lancer, et même si certains ont émis des doutes sur l’intérêt présenté par les iris qu’il a enregistré, il n’empêche que ces enregistrements ont démontré que les amateurs (ou semi-professionnels) étaient prêts à entrer dans le jeu. En 1997 c’est Igor Fédoroff qui a consenti à ce qu’une de ses variétés soit enregistrée, le joli SABLES D’ARGENT, dans les tons d’abricot et de bois de rose. C’est une petite révolution car Igor Fédoroff, comme bien des amateurs avant lui, considérait que ses obtentions étaient des affaires privées, réservées à sa propre jouissance, et, surtout, indignes de se mesurer, fut-ce sur le papier, aux produits des grands du monde des iris. Cet excès de modestie nous a sûrement privés de beaucoup de jolies choses. En ce qui concerne I. Fédoroff, je suis sûr que d’autres de ses iris des années 70 ou 80 méritaient d’être portés à la connaissance des amateurs. Je pense en particulier à AYGADE, une fleur bleue à peine lilacée, à barbes minium. A ce moment, Bernard Lecaplain, un amateur parisien, envoyait ses variétés au Critérium de l’iris d’Orléans où elles étaient régulièrement remarquées, mais n’a jamais consenti lui non plus à les enregistrer, ce que je regrette. FIDGI ou GENEVIEVE MAILLARD aurait eu leur place.

C’est en 1998 que le mouvement c’est accentué, avec les premiers enregistrements de Jean Jacques François qui ont nom JEAN LOUTZ, ANNA MARIE CHESNAIS et FRANÇOIS PLONKA. Cette année là Jean Peyrard propose un iris de Californie, VIVA MARIA, et Jean Ségui rattrape son retard en inscrivant treize variétés d’un coup, dont son célèbre DOCTOR GOLD, ainsi que LA BELLE AUDE qui est longtemps resté la meilleure vente de Iris de Thau, ou celles que je considère comme ses meilleures variétés, RUÉE VERS L’OR et VIA DOMITIA.

Mais c’est à croire que l’arrivée du 21eme siècle a fait perdre toutes leurs craintes aux hybrideurs amateurs français. L’année 2000 a été marquée par l’apparition de plusieurs nouveaux : Michelle Bersillon, avec trois iris, Georges Dalvard, avec deux, auxquels s’ajoutent six variétés de J. J. François, neuf iris de J. Peyrard et cinq de Lawrence Ransom ! Et 2001 a confirmé l’éveil des amateurs français, avec dix-huit nouveautés de G. Dalvard, Ch. Lanthelme, J.J. François, J. Peyrard, L. Ransom et encore deux « nouveaux », Gérard Madoré (qui ajoute l’originalité de donner à ses iris des noms en langue bretonne), et Nigel Service. Il n’y a plus de doute, le mouvement est bien lancé ! D’autant que dans les années à venir d’autres vont franchir le pas comme Bernard Laporte, Luc Bourdillon et quelques autres.

L’étape suivante devra être celle de la commercialisation. Car il est dommage que des variétés intéressantes, peut-être même exceptionnelles, restent à l’usage exclusif de leurs obtenteurs. L’offre de la Maison Bourdillon de mettre en culture et de commercialiser les meilleures variétés qui lui seront proposées est à ce point de vue un encouragement fort pour les amateurs. En effet un frein aux enregistrements se trouve évidemment dans la difficulté de vendre ce que l’on crée. C’est comme en littérature, le désir profond de tous ceux qui écrivent est d’être un jour publié. Le rêve des hybrideurs est sûrement de voir leurs iris présentés en couleur dans un catalogue, puis poussant à l’envi dans les jardins du monde entier.

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