22.7.05

DE HM A AM

Le titre énigmatique de cette chronique cache quelque chose de bien simple : une vulgaire statistique concernant les récompenses attribuées cette année par les juges de l’American iris Society. Ces récompenses vont soit lancer la carrière commerciale des variétés qui les ont obtenues, soit, en ce qui concerne les Awards of Merit, donner un nouveau souffle à des iris déjà connus. Du même coup la notoriété de leurs obtenteurs va se trouver confortée.

Quatre-vingt-quatorze variétés de grands iris ont obtenu cette année une Honorable Mention. Dans la hiérarchie des récompenses, ce n’est pas la première (celle-là se nomme High Commendation – HC - ) mais elle marque en fait le début du cursus allant jusqu’à la Médaille de Dykes. Même si les bénéficiaires sont plutôt nombreux, c’est une récompense relativement rare quand on sait qu’environ 350 variétés nouvelles de grands iris barbus de nationalité américaine sont enregistrées chaque année, et que la valeur de deux années d’enregistrement est théoriquement en compétition. Il n’y a donc qu’environ 12% des compétiteurs qui sont récompensés ! Ces heureux élus émanent seulement de 39 obtenteurs, et il n’y en a que 12 qui placent trois variétés ou plus. Qui sont-ils ces « happy few » ? Essentiellement ce sont des gens ayant pignon sur rue dans le petit monde des iris. C’est à dire des obtenteurs chevronnés, enregistrant chaque année, en général, plus d’une demi-douzaine de nouveautés.

La première place revient ex aequo à Schreiner et Keppel, avec huit variétés primées pour chacun. Pour la maison Schreiner, la plus importante au monde, c’est un résultat normal, pour Keith Keppel cela confirme l’excellence de ses produits à l’heure actuelle. Il est le numéro Un des obtenteurs pour le moment. Vient ensuite un autre « éléphant », Joë Ghio. Avec sept iris, il maintient son standing. Une étoile montante, Kasperek, le magicien des « broken colors », réussit à placer six de ces variétés aux noms hélas ridicules. C’est Lauer qui vient ensuite avec cinq variétés. Lui aussi fait partie des nouveaux grands de l’hybridation tout comme Tom Johnson, une valeur en hausse, avec cinq iris lui aussi, dont le premier, celui qui a obtenu la Walther Cup, PAUL BLACK. Puis vient le tour de Niswonger, un vieux de la vieille, qui classe quatre représentants. Avec trois nominés, cinq obtenteurs tirent leur épingle du jeu. Ils se nomment Aitken, Paul Black, A & D Cadd, Ernst et Kerr. Rick Ernst reste un peu sous-estimé, vu sa production ; Aitken et Black sont égaux à eux-même, Kerr confirme son talent ; le couple Cadd fait maintenant partie du gratin des hybrideurs. A noter que Ben Hager, pourtant disparu depuis 99, continue de figurer parmi les champions (2 variétés en 2005), grâce à des cultivars recueillis par Rick Ernst et religieusement enregistrés post mortem. On a vu plusieurs fois des variétés australiennes de Barry Blyth, diffusées par Keppel, se placer dans la compétition. Ce n’est pas le cas cette année mais l’agréable surprise vient du Slovaque Anton Mego dont le SLOVAK PRINCE (2002) empoche une HM largement méritée mais tout de même surprenante autant qu’encourageante pour un obtenteur qui s’inquiète de l’étroitesse du marché des iris dans son petit pays.

Au plan de l’anecdote, remarquons que quatre « paires » de frères de semis sont distingués par les juges américains :
LACY LYNX (2001) et SQUID SQUIRT (2001), de Bob Kasperek, qui sont issus d’un croisement Nigerian Raspberry X Isn't This Something ;
BRIDAL ICING (2002) et COUNTRY DAWN (2002) de Tom Johnson qui viennent de Sunshine Song X Goldkist ;
Deux jaunes à éperons, HEARTBEAT AWAY (2000) et IN A HEARTBEAT (2001) de Vincent Christopherson, jeune obtenteur dont on reparlera, qui ont pour parents Pink Swan X Triple Whammy ;
Enfin RIPPLE EFFECT (2003) et TRADE SECRET (2003) de Keith Keppel dont l’origine est Suspicion X (Spring Shower x Twilight Blaze sib).

Quand on arrive aux Awards of Merit, on atteint l’élite des iris. Ils ne sont que 22 pris sur les productions s’étendant de 97 à 2001. A ce stade de la compétition les surprises sont rares. Celle de cette année vient de l’échec évident de la maison Schreiner qui n’obtient qu’un seul award pour MILLENIUM SUNRISE (2000), depuis la disparition de Robert Schreiner, l’ancêtre, il semble que les obtentions de cette grande maison marquent un peu le pas, concurrencées qu’elles sont par quelques grands personnages qui, en 2005, ont nom Keith Keppel (toujours lui), Rick Ernst (enfin), Paul Black (évidemment) et les Cadd (bravo). Keppel est honoré pour BROAD SHOULDERS (2001), FIERY TEMPER (2001), RIO (2001) et STORM TRACK (2001). Ernst a placé DANDY CANDY (2001) et WHISPERING SPIRITS (2001). P. Black est présent avec HONK YOUR HORN (2000) et WALKING ON AIR (2000). ITALIAN ICE (2000) et POLISH PRINCESS (99) sont les deux productions des Cadd qui ont trouvé là leur bâton de maréchal. Le non-américain de service est, une fois de plus, l’Australien Barry Blyth, avec MASTERY (2000).

La moisson de 2005 a été particulièrement riche. Elle démontre l’enthousiasme des obtenteurs, la qualité de leurs cultivars, et la vitalité du monde des iris.

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