3.2.06
LA LIGNE JAUNE
Quand on constate la quantité de grands iris jaunes qui sont aujourd’hui proposés, on est loin de se douter que cette couleur fut l’une des plus difficiles à obtenir, au moment où les iris sont passés de la diploïdie à la tétraploïdie. D’ailleurs, même auparavant, les iris jaunes n’étaient ni nombreux ni très réussis.
On pense que la couleur jaune a été atteinte par l’union du bicolore I. variegata et du classique I. germanica. Cela résulte de ce que les premiers jaunes présentaient sur les sépales des veines violacées que des années et des années de sélection ont réussi peu à peu à faire disparaître. Ce n’est que dans les années 20 que l’on a vu venir des iris vraiment jaunes, grâce à …Grace Sturtevant ! Cette grande dame des iris à enregistré SHEKINAH (1918), puis GOLD IMPERIAL (1924) dont on peut dire qu’ils furent les premier jaunes de valeur.
Ce n’est qu’en 1926 qu’un jaune tétraploïde valable est apparu. Il s’agit de W. R. DYKES (1926), du nom de célèbre obtenteur et exégète des iris.
Il y a tout un tas d’anecdotes curieuses qui ont marqué l’histoire des iris et celle des origines de W.R. DYKES en fait partie. On n’est pas sûr du tout du nom de ses parents. La légende veut que ceux-ci soient le jaune pâle MOONLIGHT et le brun-roux PEERLESS, mais on parle aussi d’un ancêtre nain qui serait à l’origine de la taille réduite de W.R. DYKES. Aujourd’hui on ne dirait pas de cet iris qu’il est jaune. Certes la couleur de fond, et notamment celle des pétales est d’un jaune doré, mais les sépales sont vivement veinés de violet. Quoi qu’il en soit, cette variété, ainsi que MOONLIGHT, se situent au point de départ de cette ligne jaune que de nombreux obtenteurs ont suivie. W.R. DYKES est l’ancêtre des plus intéressants iris jaunes qui ont constitué la panel de base des jaunes modernes. Ainsi en est-il de YELLOW JEWEL (K. Smith) et de GOLDEN MAJESTY (Salbach) (voir photo), mais aussi de GOLDEN TREASURE (Schreiner) et de MING YELLOW (Glutzbeck). Nous sommes alors dans les années 30.
Il faut remercier Sydney Mitchell, toujours dans les années 30, d’avoir imaginé d’obtenir du jaune par un autre chemin. Il a tenté d’améliorer la pureté de cette couleur et alliant une variété d’un ton de bronze et une variété blanche ou vice-versa. Il a essayé et après une grande quantité de semis plus ou moins intéressants il a obtenu ce qu’il cherchait : du jaune vraiment jaune. C’est le cas de CALIFORNIA GOLD (1933) et de HAPPY DAYS (38), qui est considéré comme l’aboutissement d’un long voyage. A partir de là, la ligne jaune était tracée.
Dans les années 40, le jaune devint la couleur à la mode, et trois variétés jaunes ont obtenu la Médaille de Dykes. SPUN GOLD (Gutzbeck 40) l’a eue en 44. En 48 ce fut le tour de OLA KALA (Sass 42), une variété qui a fait le tour du monde après un succès phénoménal aux Etats-Unis, puis vint en 53 celui de TRULY YOURS (Fay 49). Mais, de la même génération, il ne faut pas oublier STARSHINE (Wills 49) Cet iris connut immédiatement la gloire même s’il n’est pas ce qu’on appelle aujourd’hui un iris jaune, mais plutôt un crème, plus doré aux épaules. En fait, ce qui fit son succès fut aussi la perfection de sa forme.
Pour améliorer encore l’éclat du jaune, les hybrideurs ont eu l’idée d’ajouter au cocktail une pointe d’orange qui a eu pour résultat de colorer plus vivement les barbes et donc de mettre mieux en valeur le jaune de la fleur. Les jaunes des années 50 ont pris en compte cette avancée. Prenez, par exemple, SOLID GOLD (Kleinsorge 51) : le jaune est éclatant, grâce en particulier aux grosses barbes safran. Cependant les jaunes de l’ancienne lignée n’ont pas dit leur dernier mot et GOLDEN SUNSHINE (Schreiner 52), jaune citron, exceptionnel, en est la démonstration.
Cependant un autre événement a marqué les années 50 : l’apparition de jaunes à l’occasion de croisements destinés à obtenir des iris roses. Par dessus le marché, ces iris jaunes-là se sont révélés beaucoup plus brillants et frisés que les jaunes traditionnels. Les meilleurs exemples de cette nouvelle lignée se nomment LIMELIGHT (Hall 52), parmi les iris jaunes à barbes assortie et TECHNY CHIMES (Reckamp 55), le tout premier jaune à barbes mandarine.
On atteint les années 60 et il devient impossible de parler de tous les excellents jaunes qui apparaissent, qu’ils soient issus de la ligne traditionnelle ou de la ligne des roses. Il y en a dans toutes les teintes possible : jaune crémeux, comme SOUTHERN COMFORT (Hinckle 65), jaune tilleul comme FLUTED LIME (Noyd 66), jaune acide comme le fameux NEW MOON (Sexton 68) qui obtiendra la D.M. en 73, jaune citron comme LIME FIZZ (Schreiner 69), descendant de TRULY YOURS, jaune d’or comme SUN MIRACLE (Schreiner 67), descendant de GOLDEN SUNSHINE, jaune profond comme RAINBOW GOLD (Plough 59), très recherché par les hybrideurs, ou même vieil or comme WEST COAST (Knopf 68).
Il n’y aura plus de révolution dans les jaunes avant, peut-être, le développement des éperons, dans les années 80, mai entre temps de fort belles choses sont venues sur le marché. Mais les énumérer, même en se limitant aux meilleurs, alourdirait inutilement cette chronique destinée à expliquer l’avènement des iris jaunes. Après des débuts difficiles, dès le début des années 70, le jaune est devenu une couleur de base des iris modernes, et même sûrement, après le rose, la couleur la plus fréquente et la plus appréciée, hors du bleu ou du violet.
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