4.2.22

L'IRIS DE L'APOTHICAIRE

(texte élaboré à partir d'un article publié dans le numéro 110 – Automne 1993 – de la revue « Iris & Bulbeuses) 

L'iris est-il une plante médicinale ? On n'aurait plus guère aujourd'hui l'idée de le considérer sous cet aspect, mais il fut un temps où la chimie n'avait pas la place qu'elle tient de nos jours dans notre pharmacie, où l'on avait fait le tour des propriétés de toutes les plantes à notre disposition pour essayer de se soigner avec. L'iris ne faisait pas exception ! Ornementale ou pas, cette plante entrait dans la pharmacie de nos ancêtres. 

Un de mes amis, médecin, s'est amusé à compiler les documents en sa possession à propos des vertus médicinales de l'iris. On peut, grâce à lui, se rendre compte de tout le profit que nos anciens pouvaient tirer de cette plante cultivée d'abord pour des raisons d'ordre esthétique. L'iris n'est donc pas seulement beau, il est également utile et bienfaisant. 

Voici ce qu'il nous offre en dehors du plan ornemental :
Partie utilisées : 
- Rhizome : sur une plante de plus de trois ans,enlever l'épiderme au couteau puis faire sécher la chair au soleil ou au four ;
- Feuilles 

Principes actifs : 
Glucoside : l'iridine ; 
Résine : « camphre d'iris » (C4 H8 O) ou essence (parfum de violette utilisé en parfumerie) ; 
Amidon ; 
Tanin. 

Usage interne :
 
     I – Asthme, bronchite (déjà conseillé dans cette indication au 1er siècle par Diocoride et au 16eme par Pierre André Matthioli ) action fluidifiante ; action tonique sur la musculature bronchique ; mode d'emploi : décoction : 15 à 60 grammes de racine d'iris fraîche ou séchée dans un litre d'eau bouillante : laisser bouillir deux minutes et infuser vingt minutes ; passer ; sucrer au miel. 1 à 2 cuillerées à soupe toutes les heures. 
      II – Bronchologie du vieillard Potion de Leclerc : Rhizome d'iris environ 5 g. Racine de réglisse environ 5 g. Eau bouillante 200 g Semence d'anis vert 2 g faire infuser 20 minutes, prendre 1 cuillerée à soupe toutes les heures. Pilules de Leclerc : Extrait mou d'anis …. 0,005 g Extrait mou d'aunée . … 0,005 g 5 à 8 par jour 
      III – Coqueluche : voir bronchite. 
      IV – Rhume : Poudre de rhizome d'iris séché 0,25 à 2 g selon l'âge dans un peu de miel ou de thé. 
      V – Constipation : Purgatif : 0,25 à 2 g de rhizome d'iris séché en poudre dans une cuillerée de miel le matin à jeun. Attention : peut être vomitif à trop forte dose. 
     VI - « Crise de foie » : même décoction que pour la bronchite ; 2 à 3 tasses par jour entre les repas. 
     VII – Hydropisie : feuilles fraîches : passer à la moulinette pour en extraire le suc. 15 à 60 g de suc dans une cuillère à soupe de miel par jour. 
      VIII – Rétention urinaire : même décoction que pour la bronchite : diurétique et anti-rétention. 

Usage externe 

      I – Brûlures : Feuilles d'iris au four : lorsque les feuilles sont chaudes on les applique en cataplasme sur les parties brûlées. 
     II – Plaies : Poudre de rhizome séché, directement sur les plaies ou rougeurs.
     III – Dents jaunies par le tabac : Poudre de rhizome séché en dentifrice ( en plus, améliore l'haleine). 
     IV – Cors : Feuilles fraîches , moulues, 2 à 3applications de 2 ou 3 heures. 

 Autres usages .
 
     Blanchir et parfumer le linge ; .
     En parfumerie (essence ou « camphre d'iris ») ; . 
     Parfumer et donner du « corps » aux vins et vermouths. 

Certes de nos jours on est accoutumé à user de remèdes plus élaborés et sans doute plus efficaces, mais au moment où certains sont tentés de revenir à des médecines douces et naturelles, n'est-il pas réconfortant de savoir que notre jardin d'agrément est aussi un jardin curatif ? Et pour l'amateur d'iris, quand il dédouble ses touffes, cela peut être satisfaisant (et amusant) de savoir qu'il existe une autre solution que de jeter au compost les rhizomes excédentaires !

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